Un responsable de la milice chiite des Houthis, au pouvoir à Sanaa, a
été tué par balle mercredi dans une rue de la capitale yéménite, a
indiqué une source de sécurité.
Abdel Karim al-Khiwani, membre du "Comité révolutionnaire" et connu pour
être proche du chef de la milice Abdel Malek al-Houthi, a été
"assassiné par deux hommes armés circulant à moto" dans le centre de
Sanaa, a ajouté cette source.
Les assaillants l'ont blessé mortellement non loin de son domicile, a
dit la même source sans fournir la moindre indication sur les motifs,
les auteurs ou les commanditaires de l'assassinat.
Ce style d'attaque à moto fait penser au mode opératoire d'Al-Qaïda,
l'ennemi numéro un de la milice chiite qui a fait de la lutte contre le
réseau extrémiste sunnite l'un des prétextes de sa prise du pouvoir.
Abdel Karim al-Khiwani, un responsable de l'information de la milice
chiite, était journaliste de formation qui s'était vu attribuer en 2008
le prix spécial d'Amnesty International pour les journalistes en danger.
Il était alors harcelé, intimidé et emprisonné pour ses écrits dans un
journal en ligne qu'il éditait, du temps de l'ex-président Ali Abdallah
Saleh qu'il critiquait régulièrement.
Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé un assassinat
"méprisable" et a demandé aux autorités yéménites de mener
"immédiatement" une enquête "impartiale".
De son côté, Reporters sans frontières s'est dit "profondément choquée"
par cet assassinat, et appelé, dans un communiqué, les autorités
yéménites à "mener une enquête indépendante et à prendre les mesures
nécessaires pour protéger les journalistes dans le pays".
La chaîne de télévision des Houthis, Al-Massira, a confirmé le décès
d'Abdel Karim al-Khiwani, présenté comme "un révolutionnaire et un grand
militant" de la milice chiite d'Ansaruallah qui s'est emparée du
pouvoir à Sanaa début février.
Le responsable assassiné avait représenté sa milice à la conférence du
dialogue national qui, en janvier 2014, avait jeté les bases d'une
nouvelle Constitution et retenu le principe de transformer le Yémen en
un Etat fédéral avec six régions, un projet sur lequel les Houthis
étaient réservés.
La situation s'est tendue à Sanaa où les Houthis, qui peinent à asseoir
leur autorité sur la capitale, sont engagés dans des règlements de
compte, notamment avec les commandants des forces armées, divisés entre
partisans et adversaires de la milice chiite.
Mardi, des miliciens chiites armés ont attaqué la résidence à Sanaa d'un
commandant de l'armée, le général Mohamed Rajah Laboudha, tuant l'un de
ses gardes du corps et arrêtant deux autres.
Cette attaque est intervenue en représailles "à des tirs essuyés
dimanche par un convoi du commandant en chef militaire des Houthis, Abou
Ali al-Hakam", selon une source de sécurité.
La milice chiite a limogé lundi le commandant des forces de l'armée de
l'air, le général Rached al-Jound, et l'un de ses adjoints, le général
Abdellatif al-Zouhairi, et nommé des officiers parmi ses partisans pour
leur succéder.
Les Houthis ont, en revanche, levé lundi l'assignation à résidence,
imposée il y a près de deux mois, au Premier ministre Khaled Bahah et à
des membres de son gouvernement, poussés à la démission en janvier.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait lui aussi été obligé de
démissionner, s'est installé à Aden (sud) après avoir réussi le 21
février à fuir Sanaa où il avait également été assigné à résidence par
les Houthis.
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