Les "Arabes de 48" ont semblé répondre massivement mardi aux appels à
aller voter aux législatives pour en finir avec six années de pouvoir
Netanyahu, lequel a brandi jusqu'au bout le "danger" du vote arabe.
"C'est un jour historique pour les Arabes", qui représentent plus d'un
Israélien sur cinq, a lancé Ayman Odeh, numéro un de la liste commune
formée par les partis arabes, devant son domicile dans la ville mixte de
Haïfa.
"Aujourd'hui, dit-il, nous répondons au racisme et à ceux qui veulent
exclure les Arabes" après les déclarations anti-Arabes de plusieurs
ténors de la droite, dit celui qui présente des candidats arabes mais
aussi juifs sur sa liste formée d'islamistes, de communistes et de
nationalistes arabes.
Ehab Hamam, ingénieur arabe en informatique de 37 ans, a tenu à
transformer la parole en acte. Dans une file d'attente, derrière une
cinquantaine d'électeurs et devant beaucoup d'autres encore, il dit
vouloir déposer son bulletin "pour dire à la droite et à Netanyahu qu'on
est là".
Plus que faire acte de présence, promet M. Odeh, "nous influencerons les
décisions quand nous aurons nos 15 députés, personne ne pourra compter
sans la troisième force" du prochain Parlement. "Demain, Netanyahu et la
droite se retrouveront dans l'opposition", martèle cet avocat assuré
d'emporter mardi son premier mandat de député.
En position inconfortable dans un scrutin qu'il a lui-même provoqué en
dissolvant sa coalition gouvernementale, M. Netanyahu a répondu en
postant une vidéo alarmiste sur sa page Facebook le jour même du vote,
bien que la campagne ait officiellement pris fin lundi soir: "Le pouvoir
de la droite est en danger. Les électeurs arabes se rendent en masse
vers les bureaux de vote", dit-il, assis devant une carte du
Moyen-Orient, qui vit selon lui sous la double menace jihadiste et
iranienne.
"Les associations de gauche les amènent par bus entiers", poursuit-il.
"nous n'avons que vous: allez voter, amenez vos amis, votre famille,
votez Likoud pour combler l'écart avec les travaillistes", en tête des
sondages avec leurs alliés centristes.
A Haïfa, après six années de gouvernement Netanyahu, à l'instar de
Gideon Leber, un retraité ashkénaze, beaucoup votent "pour le
changement". Et cet Israélien de 73 ans l'assure, il n'a "jamais vu une
queue aussi longue devant un bureau de vote".
Dans la ville mixte de Chafa Amar, sur les monts de Galilée, Ahmed
Hamdi, un militant de la liste arabe assure que la participation a déjà
atteint 27%. "Et traditionnellement, c'est plus tard dans la journée que
les électeurs affluent", dit-il.
Selon les sondeurs, l'union historique des partis arabes pourraient
faire grimper de 10 points la participation des Arabes, traditionnels
grands abstentionnistes. "Aujourd'hui, on va changer les règles du jeu",
s'enthousiasme-t-il.
Yoram Barak, psychiatre à Tel-Aviv, hésite encore entre le Meretz, "le
seul parti vraiment socialiste", et la liste arabe commune. "Parce qu'il
n'y a qu'en s'unissant avec l'autre --nos voisins et nos partenaires
arabes-- que nous pourrons amorcer un véritable changement social en
Israël".
Pour Jihad Ghanim, un Arabe de 65 ans qui vote à Jérusalem, "il n'y a
pas d'autre choix: en tant qu'Arabe ayant la nationalité israélienne, je
vais voter pour la liste arabe commune" de M. Odeh.
"Mon choix repose sur la question qui me tient le plus à coeur: la
question palestinienne", dit-il. "J'espère que les Arabes pourront faire
partie d'un bloc anti-Netanyahu".
M. Odeh assure que rien n'est joué de ce point de vue pour le moment.
Depuis que les sondages leur promettent la troisième place, les "Arabes
de 48", descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création
d'Israël en 1948, laissent planer le suspense: soutiendront-ils ou pas
une coalition gouvernementale emmenée par le travailliste Isaac Herzog?
Interrogé par l'AFP, M. Odeh a répondu, sibyllin: "Après les élections,
nous écouterons ce qu'Herzog a à proposer et alors seulement nous
déciderons".
(17-03-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire