mardi 17 mars 2015

Israël : Les Israéliens ont commencé à voter pour tourner ou pas la page Netanyahu

Les Israéliens ont commencé à voter pour leur nouveau parlement mardi matin lors d'élections très incertaines qui diront s'ils veulent encore de Benjamin Netanyahu comme Premier ministre ou si l'heure du changement a sonné au bout de six ans.
Depuis 05h00 GMT et jusqu'à 20h00 GMT, 5,88 millions d'électeurs israéliens sont appelés à choisir leurs 120 députés dans plus de 10.000 bureaux de vote ouverts dans les écoles, les hôpitaux ou même les prisons à travers le pays.
Des dizaines d'électeurs étaient déjà devant les portes avant même l'ouverture du bureau de l'école Ziv, dans le quartier de Beit Hakerem à Jérusalem, prenant de court les officiels qui n'étaient pas prêts à l'heure dite et provoquant des échanges d'invectives.

Netanyahu et son épouse Sara ont voté quelques minutes seulement après 07h00 dans une école de Jérusalem. "Il n'y aura pas de gouvernement d'union avec le Parti travailliste", a-t-il dit, "je formerai un gouvernement national", c'est-à-dire de droite.
Les Israéliens devraient avoir une idée précise de la formation de leur 20e Knesset dans la nuit de mardi à mercredi. Les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote sont attendus sur les télévisions immédiatement après la fermeture des bureaux à 20h00 GMT.
Pour autant, les Israéliens risquent de devoir attendre plusieurs semaines le nom de leur prochain Premier ministre: le conservateur Benjamin Netanyahu, qui, sous la pression de sondages défavorables, a donné un sévère coup de barre à droite dans les dernières heures de la campagne en enterrant l'idée d'un Etat palestinien avec lui au pouvoir, son principal adversaire Isaac Herzog, qui deviendrait le premier chef de gouvernement travailliste depuis Ehud Barak en 2001, ou peut-être un autre en fonction d'une arithmétique délicate.
Les législatives sont dans une large mesure un référendum pour ou contre Netanyahu, 65 ans, Premier ministre depuis mars 2009, et au pouvoir pendant presque une décennie en comptant le premier de ses trois mandats, de 1996 à 1999.
C'est M. Netanyahu lui-même qui a provoqué ces élections plus de deux ans avant l'échéance prévue en rompant fin 2014 la coalition gouvernementale qu'il avait forgée à grand-peine moins de deux ans auparavant, trop indisciplinée à son goût.
Netanyahu se pensait alors en position de force face à tous ses adversaires, à commencer par M. Herzog, 54 ans, avocat de formation, plusieurs fois ministre par le passé, aussi policé que Netanyahu peut être abrupt, volontiers raillé pour son absence de charisme.
Les derniers sondages accordaient cependant une avance de quatre sièges (25 ou 26 sur 120) à la liste Union sioniste que conduit M. Herzog avec la centriste Tzipi Livni sur celle du Likoud de Netanyahu.
Etant donné la dispersion des voix entre 25 listes en compétition et la complexité des alliances possibles entre les 11 d'entre elles (de droite, de gauche, du centre, ultra-orthodoxes et arabe) qui devraient avoir des élus, le vote risque de n'être que le prélude à d'intenses tractations pour la formation d'un gouvernement.
Avec le système israélien, ce n'est pas nécessairement le chef de la liste arrivée en tête qui sera appelé le premier par le président Reuven Rivlin à tenter de former un gouvernement mais celui, parmi les 120 députés élus, qui sera le plus à même de constituer une coalition.
Le futur Premier ministre est appelé à une tâche sans commune mesure avec les dimensions d'un petit Etat de huit millions d'habitants: protéger le pays contre les menaces de guerre au nord et au sud, parer les progrès du jihadisme et de l'influence iranienne, affronter l'offensive diplomatique palestinienne, faire pièce aux pressions internationales de toutes sortes, restaurer les liens avec le grand allié américain; et en même temps préserver une vitalité économique enviée, tout en combattant les disparités sociales parmi les plus grandes des pays développés.
Au cours de la campagne, Netanyahu s'est posé en garant de la sécurité d'un pays qui, officiellement, a livré huit guerres depuis sa création en 1948. Mais ses discours alarmistes, son intervention exceptionnelle devant le Congrès américain sur le nucléaire iranien n'ont pas suffi à inverser les sondages.
M. Herzog et Mme Livni ont attaqué Netanyahu de préférence sur le terrain de la cherté de la vie, du prix des logements et des inégalités.
A l'approche des élections, Netanyahu s'est démené pour ramener au bercail les déçus de son parti, le Likoud, et rallier les indécis.
Les uns comme les autres pourraient être tentés par les listes qui ratissent au centre: le Yesh Atid de Yaïr Lapid ou Koulanou, la liste de Moshé Kahlon, un ancien du Likoud à qui tout le monde ou presque prédit le rôle de faiseur de roi.
Lundi, Netanyahu a fait monter les enchères aux dépens des Palestiniens en déclarant qu'ils n'auraient pas d'Etat indépendant s'il demeurait à la tête du gouvernement.
Devant l'extrême difficulté prévisible à forger une coalition, les experts s'interrogent sur la possibilité que le président Rivlin oeuvre à un gouvernement d'union nationale entre le Likoud et le Parti travailliste pour en finir avec une instabilité politique chronique.

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