dimanche 15 mars 2015

Irak: Progression lente à Tikrit, appel à un soutien aérien de la coalition

Les forces irakiennes avançaient dimanche prudemment dans Tikrit truffée de bombes par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), un commandant réclamant un soutien aérien de la coalition internationale pour hâter la prise de cette ville stratégique du nord de l'Irak.
"La progression est lente mais constante", a indiqué à l'AFP le général Abdelwahab al-Saadi, l'un des principaux commandants de l'offensive lancée le 2 mars pour reprendre Tikrit, située à 160 km au nord de Bagdad et aux mains de l'EI depuis neuf mois.
"Nous faisons preuve de prudence pour ne pas subir de pertes inutiles", a-t-il déclaré lors d'un entretien à l'Université de Tikrit, à la limite nord de la ville, faisant allusion aux francs-tireurs positionnés par l'EI et aux milliers de bombes disséminées dans la ville par les jihadistes.
Déplorant l'aide "limitée" de l'aviation irakienne, pas toujours suffisamment précise, il a appelé à un appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis pour déloger les derniers jihadistes de Tikrit: "Les Américains ont des équipements perfectionnés. Ils sont capables de localiser exactement les cibles" et de les frapper avec précision.
Des miliciens chiites interrogés par l'AFP se sont plaints qu'un avion militaire Soukhoï avait bombardé les forces pro-gouvernementales par erreur.
D'après le général Saadi, l'absence des avions de la coalition dans le ciel de Tikrit est "politique", liée au fait que l'Iran est impliqué dans l'offensive en cours, avec la présence remarquée du général Ghassem Souleimani --, chef de la Force Qods, unité d'élite des Gardiens de la révolution iraniens--, ce qui indispose à Washington.
Même s'ils n'opèrent pour l'instant pas à Tikrit, les avions de la coalition continuent de bombarder des objectifs de l'EI en Irak mais aussi en Syrie voisine, où le groupe ultradical sunnite s'est également emparé de vastes régions.
En juin 2014, l'EI a réussi à prendre de larges pans du territoire irakien face à une armée en déroute. Avec le soutien de combattants chiites, kurdes et sunnites, l'appui aérien de la coalition et l'aide de l'Iran, les troupes irakiennes ont réussi à reprendre du terrain, notamment à Jourf al-Sakhr, au sud de Bagdad, et dans la province de Diyala (est).
L'offensive de Tikrit, qui a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils, est toutefois la plus ambitieuse à ce jour et implique des milliers de soldats, policiers, miliciens chiites et combattants tribaux sunnites.
"Nous renforçons actuellement notre contrôle aux entrées de la ville, l'EI se barricade avec des sacs de sable et creuse des tranchées", a expliqué à l'AFP un responsable militaire irakien.
Sécuriser le contrôle de cette ville, qui a compté jusqu'à 200.000 habitants, est indispensable pour les forces irakiennes avant de se tourner vers la deuxième ville du pays, plus au nord, Mossoul, le principal bastion de l'EI en Irak.
Samedi, un porte-parole des Unités de mobilisation populaire, groupe composé essentiellement de miliciens chiites, a affirmé que Tikrit tomberait "dans les trois prochains jours". Ces propos ont ensuite été tempérés, un commandant disant que la bataille pourrait durer encore deux semaines.
Plus au nord-est, dans la province de Kirkouk, les forces kurdes ont entrepris de chasser l'EI de Hawijah, le dernier bastion jihadiste à l'est du Tigre, avec l'appui aérien de la coalition.
Les autorités du Kurdistan irakien accusent l'EI d'avoir eu recours à des bombes au chlore en janvier lors d'une attaque suicide contre les peshmergas.
Le groupe jihadiste, qui a décrété un "califat" islamique sur les territoires qu'il contrôle à cheval en Irak et en Syrie, est accusé de crimes de guerre et contre l'Humanité pour ses exactions dans les régions sous son contrôle -décapitations, viols, rapts, nettoyage ethnique.
L'observateur du Vatican à l'ONU, l'archevêque Silvano Tomasi, a apporté un soutien inhabituel au recours à la force contre cette organisation estimant que les atrocités qu'elle commet justifient une intervention internationale.
En Syrie, la guerre civile est entrée dimanche dans sa cinquième année et fait plus de 215.000 morts, selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Plus de dix millions de Syriens ont dû fuir leur foyer et l'économie s'est totalement effondrée.

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