lundi 16 mars 2015

Israël : Netanyahu, sous pression, tente de séduire le centre

Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu se retrouve sous pression à 36 heures des élections en Israël. Il a tenté dimanche de séduire le centre dans une offensive qui doit culminer avec un rassemblement de la droite en soirée. Le parti Likoud du Premier ministre et ses alliés, peu habitués des démonstrations de force dans la rue, appellent à une ultime mobilisation au centre de Tel-Aviv, une semaine après le rassemblement de dizaines de milliers d'Israéliens contre Netanyahu sur cette même place.
En baisse dans les sondages, en froid avec le grand allié américain après son récent discours au Congrès et face à un appel de la rue au "changement" après plus de six ans de gouvernement Netanyahu, le Premier ministre sortant y fera sa première apparition lors d'un rassemblement public, tout juste 24 heures avant la fin officielle de la campagne. Son discours sera sa dernière chance de galvaniser ses troupes, aux côtés de ses alliés, dont Naftali Bennett, chef du Foyer juif, parti nationaliste religieux partisan de la colonisation.
Car le scrutin s'annonce serré et se jouera, si l'on en croit les sondages, au centre. L'opposition menée par l'Union sioniste du travailliste Isaac Herzog devance de trois à quatre sièges le Likoud, mais cet avantage ne suffit pas à garantir à Herzog le poste de Premier ministre. Dans le système israélien, ce n'est pas forcément le chef de la liste arrivée en tête qui est appelé à former le gouvernement, mais celui, parmi les 120 députés élus, qui sera le plus à même de constituer une coalition. Étant donnée la dispersion annoncée des voix, le prochain Premier ministre pourrait ne pas être connu avant plusieurs semaines.
Alors que les deux grands partis sont au coude à coude, c'est Moshé Kahlon, un transfuge du Likoud, qui a fondé son parti de centre droit Koulanou et mise tout sur les questions sociales dans un État où les inégalités sont parmi les plus grandes des pays développés, qui fait désormais figure de faiseur de roi. Crédité de 8 à 10 mandats, il est l'objet de toutes les attentions, car, pour plus de 55 % des électeurs, l'élection se jouera sur les questions sociales et économiques.
"Je ne pourrais pas constituer un gouvernement sans lui", a assuré Benjamin Netanyahu, qui brigue un troisième mandat consécutif. "Quel que soit le nombre d'élus de son parti, il obtiendra le poste de ministre des Finances", a-t-il martelé à la radio militaire. L'enjeu est tel qu'il a fait la même proposition à la radio publique alors qu'il s'était refusé depuis des mois à accorder la moindre interview aux médias, qu'il juge hostiles.
"Dès qu'il baisse dans les sondages, il augmente les mensonges. Encore une fois, il panique et promet les Finances à Kahlon, mais plus personne ne le croit", a aussitôt rétorqué sur Facebook Isaac Herzog. Ce qui ne l'a pas empêché lui aussi de voir en M. Kahlon "un partenaire important" s'il forme le prochain gouvernement". Moshé Kahlon, ancien ministre de Netanyahu qui exige le portefeuille des Finances après une campagne centrée sur la crise du logement et la cherté de la vie, préfère, lui, maintenir le suspense sur ses intentions.
En cas d'égalité entre les deux grandes formations, Benjamin Netanyahu s'est déjà dit hostile à un gouvernement d'union nationale. "D'entrée de jeu, un tel cabinet ne pourrait pas fonctionner tant les divergences sont profondes", a-t-il dit. Il a de nouveau implicitement présenté l'Union sioniste comme le "parti de l'étranger", alors qu'il vient lui-même de défier l'administration de Barack Obama en dénonçant à la tribune du Congrès un accord nucléaire en cours de négociation avec l'Iran.
"Des gouvernements étrangers soutiennent des associations de gauche à coups de dizaines de millions de dollars, car ils savent que Bougi (Herzog) et Tzipi (Livni, numéro deux de l'Union sioniste) céderaient s'ils arrivaient au pouvoir à tous les ultimatums de la communauté internationale", a-t-il accusé en prévenant que toute concession aux Palestiniens ne serait "pas pertinente". Le quotidien gratuit Israël Hayom, fervent soutien de Netanyahu, titrait, lui, sur une "Enquête du Sénat américain sur le financement par l'administration (Obama, NDLR) d'une campagne anti-Netanyahu".

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