Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu se retrouve sous pression
à 36 heures des élections en Israël. Il a tenté dimanche de séduire le
centre dans une offensive qui doit culminer avec un rassemblement de la
droite en soirée. Le parti Likoud du Premier ministre et ses alliés, peu
habitués des démonstrations de force dans la rue, appellent à une
ultime mobilisation au centre de Tel-Aviv, une semaine après le
rassemblement de dizaines de milliers d'Israéliens contre Netanyahu sur
cette même place.
En baisse dans les sondages, en froid avec le grand allié américain
après son récent discours au Congrès et face à un appel de la rue au
"changement" après plus de six ans de gouvernement Netanyahu, le Premier
ministre sortant y fera sa première apparition lors d'un rassemblement
public, tout juste 24 heures avant la fin officielle de la campagne. Son
discours sera sa dernière chance de galvaniser ses troupes, aux côtés
de ses alliés, dont Naftali Bennett, chef du Foyer juif, parti
nationaliste religieux partisan de la colonisation.
Car le scrutin s'annonce serré et se jouera, si l'on en croit les
sondages, au centre. L'opposition menée par l'Union sioniste du
travailliste Isaac Herzog devance de trois à quatre sièges le Likoud,
mais cet avantage ne suffit pas à garantir à Herzog le poste de Premier
ministre. Dans le système israélien, ce n'est pas forcément le chef de
la liste arrivée en tête qui est appelé à former le gouvernement, mais
celui, parmi les 120 députés élus, qui sera le plus à même de constituer
une coalition. Étant donnée la dispersion annoncée des voix, le
prochain Premier ministre pourrait ne pas être connu avant plusieurs
semaines.
Alors que les deux grands partis sont au coude à coude, c'est Moshé
Kahlon, un transfuge du Likoud, qui a fondé son parti de centre droit
Koulanou et mise tout sur les questions sociales dans un État où les
inégalités sont parmi les plus grandes des pays développés, qui fait
désormais figure de faiseur de roi. Crédité de 8 à 10 mandats, il est
l'objet de toutes les attentions, car, pour plus de 55 % des électeurs,
l'élection se jouera sur les questions sociales et économiques.
"Je ne pourrais pas constituer un gouvernement sans lui", a assuré
Benjamin Netanyahu, qui brigue un troisième mandat consécutif. "Quel que
soit le nombre d'élus de son parti, il obtiendra le poste de ministre
des Finances", a-t-il martelé à la radio militaire. L'enjeu est tel
qu'il a fait la même proposition à la radio publique alors qu'il s'était
refusé depuis des mois à accorder la moindre interview aux médias,
qu'il juge hostiles.
"Dès qu'il baisse dans les sondages, il augmente les mensonges. Encore
une fois, il panique et promet les Finances à Kahlon, mais plus personne
ne le croit", a aussitôt rétorqué sur Facebook Isaac Herzog. Ce qui ne
l'a pas empêché lui aussi de voir en M. Kahlon "un partenaire important"
s'il forme le prochain gouvernement". Moshé Kahlon, ancien ministre de
Netanyahu qui exige le portefeuille des Finances après une campagne
centrée sur la crise du logement et la cherté de la vie, préfère, lui,
maintenir le suspense sur ses intentions.
En cas d'égalité entre les deux grandes formations, Benjamin Netanyahu
s'est déjà dit hostile à un gouvernement d'union nationale. "D'entrée de
jeu, un tel cabinet ne pourrait pas fonctionner tant les divergences
sont profondes", a-t-il dit. Il a de nouveau implicitement présenté
l'Union sioniste comme le "parti de l'étranger", alors qu'il vient
lui-même de défier l'administration de Barack Obama en dénonçant à la
tribune du Congrès un accord nucléaire en cours de négociation avec
l'Iran.
"Des gouvernements étrangers soutiennent des associations de gauche à
coups de dizaines de millions de dollars, car ils savent que Bougi
(Herzog) et Tzipi (Livni, numéro deux de l'Union sioniste) céderaient
s'ils arrivaient au pouvoir à tous les ultimatums de la communauté
internationale", a-t-il accusé en prévenant que toute concession aux
Palestiniens ne serait "pas pertinente". Le quotidien gratuit Israël
Hayom, fervent soutien de Netanyahu, titrait, lui, sur une "Enquête du
Sénat américain sur le financement par l'administration (Obama, NDLR)
d'une campagne anti-Netanyahu".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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