jeudi 31 mars 2016

Syrie : Bashar se dit prêt à tenir une présidentielle anticipée

Le dictateur syrien Bashar al-Assad s'est dit prêt à la tenue d'une élection présidentielle anticipée avant la fin de son mandat en 2021, comme le prévoit une résolution de l'ONU visant à mettre fin au conflit.
Sur le terrain, au moins 23 personnes, dont des enfants, ont été tuées jeudi dans des frappes de l'aviation syrienne sur un bastion rebelle à l'est de Damas, a indiqué une ONG syrienne, qualifiant l'attaque de "grave violation" du cessez-le-feu en vigueur depuis fin février.
"Y-a-t-il une volonté populaire pour tenir des élections présidentielles anticipées? Si oui, je n'ai pas de problème avec cela", a dit Bashar dans un entretien à l'agence de presse officielle russe Ria-Novosti diffusé jeudi.
Le mandat de Bashar s'achève théoriquement en 2021, mais la résolution 2254, qui établit une feuille de route pour une solution politique à la guerre, prévoit la tenue d'élections parlementaires et présidentielles dans les 18 mois.
Cette feuille de route comprend également des négociations entre l'opposition et le régime, dont un premier round a eu lieu du 14 au 24 mars à Genève, un cessez-le-feu, la constitution d'un organe de transition dans six mois et la rédaction d'une nouvelle Constitution.
Le sort réservé à Bashar dans les futures institutions reste cependant la principale pierre d'achoppement entre le régime et l'opposition et leurs alliés respectifs Moscou et Washington, les premiers assurant que seul le peuple syrien peut décider de son sort, les seconds appelant au départ de leur bête noire.
Dans un premier volet de l'interview diffusé mercredi par Ria-Novosti, Bashar avait appelé à la mise en place d'un gouvernement de transition rassemblant ses fidèles mais aussi l'opposition, et rejeté l'idée d'un "organe de transition aux pleins pouvoirs" défendue par l'opposition.
La Maison Blanche a dit elle exclure toute possibilité d'un gouvernement d'union qui comprendrait Bashar.
Bashar est devenu président en 2000 après la mort de son père Hafez qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans.
Il avait été réélu en 2014 pour un troisième mandat de sept ans lors d'un scrutin qualifié de farce par l'opposition et les pays occidentaux.
Les dernières élections parlementaires se sont tenues en 2012, et les prochaines sont prévues le 13 avril prochain.
Dans l'interview diffusé jeudi, Bashar a en outre indiqué que tous les citoyens syriens, dans le pays ou à l'étranger, auraient l'opportunité de voter pour la présidentielle.
Il demeure cependant difficile de dire dans quelle mesure ils pourront tous voter sachant que des millions de Syriens sont réfugiés à l'étranger et que, dans le pays, des régions entières sont entre les mains soit des organisations jihadistes comme Daesh ou le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, soit des groupes rebelles.
C'est le cas notamment de la Ghouta orientale, une région à la lisière est de Damas, qui est un fief de l'influente faction rebelle Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam).
Dans cette région, l'aviation du régime a mené jeudi des frappes sur la localité de Deir al-Assafir qui ont fait 23 morts, dont quatre enfants et quatre femmes, et des dizaines de blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Une vidéo prise par des militants et mise en ligne sur internet montre un homme tenant dans ses bras le corps d'un enfant enveloppé dans un linge blanc.
"Est-ce que ce sont des combattants? Ce sont des enfants !", lance-t-il.
Dans le nord du pays, un commandant militaire tunisien de Daesh a été tué mercredi soir par une frappe "très probablement menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis", a indique l'OSDH.
La frappe, menée près de Raqa, le principal bastion de Daesh, intervient après une série de revers pour le groupe jihadiste en Syrie, notamment la perte de la cité antique de Palmyre (centre), reprise dimanche par l'armée avec l'appui de la Russie.
La Syrie est le théâtre d'une guerre civile déclenchée en 2011 par une révolte qui a été réprimée dans le sang par le régime.
Le conflit, dans lequel sont impliqués de nombreux acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 270.000 morts et jeté sur les routes la moitié de la population.

(31-03-2016)

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