vendredi 18 mars 2016

Yémen: Prémisses d'un apaisement après un an de conflit

L'arrêt des combats à la frontière avec l'Arabie Saoudite et l'annonce de la fin prochaine des opérations militaires "majeures" apparaissent comme les prémisses d'un apaisement dans le conflit au Yémen qui affecte durement les civils depuis près d'un an.
En appui au gouvernement yéménite, l'Arabie Saoudite et d'autres pays arabes sunnites ont lancé le 26 mars 2015 au Yémen une campagne militaire contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés qui s'étaient emparés de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa.
Mercredi, le porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed Assiri, a déclaré: "Nous nous trouvons aujourd'hui à la fin de la phase des combats majeurs" au Yémen. Il a ajouté que la coalition travaillerait à un plan de long terme pour stabiliser le Yémen. Ces annonces ont été saluées par Washington.
Mais pour le moment, l'aviation de la coalition arabo-sunnite sous commandement saoudien continue ses raids aériens au Yémen, en dépit de fortes critiques de l'ONU alarmée par les pertes civiles.
Les dernières frappes ont visé jeudi soir, selon un correspondant de l'AFP, les alentours de Sanaa où les Houthis, soutenus par l'Iran, tiennent de nombreuses positions.
Mais le calme prévaut tout au long des quelque 400 kilomètres de frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen depuis le 9 mars à la suite d'une médiation tribale, a affirmé à l'AFP le général Assiri.
Cette zone a connu des échanges quasi-quotidiens de tirs qui ont fait quelque 90 morts du côté saoudien, dont des civils, depuis mars 2015.
Dans un autre signe d'apaisement, les Houthis ont demandé, selon des habitants de Sanaa, aux imams de la prière hebdomadaire du vendredi de cesser de dénoncer dans leurs prêches l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, les deux piliers de la Coalition Arabe.
Pour l'analyste Mustafa Alani du Gulf Research Centre, même si les raids ne vont pas nécessairement cesser le 26 mars, premier anniversaire de l'intervention de la coalition, l'"opération est en train de prendre fin".
La coalition "ne veut pas aller au delà de cette date psychologique", estime-t-il, alors que l'ONU peine à relancer les négociations entre belligérants pour un règlement du conflit.
La Maison Blanche a salué jeudi l'intention de la Coalition de cesser les opérations majeures. "Nous saluerions et nous saluons la déclaration" du général Assiri, a-t-elle dit.
Washington apporte certes une aide logistique et des renseignements à la coalition, mais ne cesse d'exprimer son irritation face aux pertes civiles, également dénoncées par les ONG des droits de l'Homme.
Mardi une seule frappe a tué 119 personnes dont 22 enfants sur un marché dans le nord du Yémen, selon l'ONU qui comptabilise au total plus de 6.200 morts en près d'un an, pour moitié des civils, et constate une grave crise humanitaire dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
La coalition a promis une enquête interne sur les "bavures" possibles provoquant des pertes civiles, dont les résultats se font attendre.
Vendredi, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a indiqué que la coalition arabe avait entraîné la mort de "deux fois plus" de civils que l'ensemble des autres forces engagées au Yémen.
"Ils ont frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des réceptions de mariage - et des centaines de résidences privées dans des villages, des villes, y compris à Sanaa. Malgré de nombreuses démarches internationales, ces terribles incidents continuent de se produire avec une régularité inacceptable", a dénoncé le Haut-commissaire, en condamnant le carnage de mardi.
Sur un autre front, la coalition a commencé à combattre les jihadistes d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI) qui, profitant de l'absence d'une forte autorité étatique, ont renforcé leur emprise sur le sud du pays.
Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi n'arrive pas à asseoir son autorité sur cette zone reprise aux Houthis l'été 2015.
"C'est une guerre qui ne dit pas son nom mais qui est en train de se dérouler", a estimé l'analyste, en allusion à la lutte contre les jihadistes, cibles aussi des raids de la coalition.

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