jeudi 16 mars 2017

Syrie : Le pays entre dans sa septième année de guerre par un attentat

 Un attentat suicide a provoqué mercredi la mort d'au moins 25 personnes dans un tribunal de Damas, six ans jour pour jour après le début de la guerre qui a totalement dévasté la Syrie.
Cet attentat perpétré par un kamikaze est le deuxième à frapper la capitale syrienne en cinq jours après celui qui a fait samedi 74 morts.
"Il y a au moins 25 morts et des dizaines de blessés" après l'explosion survenue à une heure d'affluence dans un bâtiment abritant le tribunal pénal et le tribunal religieux chargé des affaires matrimoniales, selon la police.
Ces décès alourdissent encore le terrible bilan de six ans de guerre, qui ont fait plus de 320 000 morts, plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés -- soit la moitié de la population d'avant-guerre -- et laissé en ruines l'infrastructure du pays.
Le sombre anniversaire coïncide avec un troisième cycle de pourparlers de paix sur la Syrie au Kazakhstan mais en l'absence des rebelles, laissant peu d'espoir pour une avancée notable dans le règlement du conflit.
"Mes plus beaux souvenirs de la révolution, c'est lorsque ma ville a été libérée de l'oppresseur Bashar al-Assad", affirme à l'AFP Abdallah al-Hussein, 32 ans, un joueur de foot de Saraqeb, une des villes d'Idleb.
L'étincelle de la guerre avait été allumée le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques après l'arrestation et la torture d'élèves soupçonnés d'avoir écrit des slogans antirégime sur les murs à Deraa (sud).
Durement réprimées, elles ont dégénéré en une rébellion armée puis en une guerre civile impliquant une myriade de forces locales, régionales et internationales.
"Quand nous avons commencé à manifester, je ne m'attendais pas à en arriver là. On pensait que ça allait se terminer en deux, trois mois, un an au plus tard", regrette Abdallah.
"Que cette guerre se termine par les armes ou pacifiquement, peu importe. Le peuple veut vivre en paix", assure-t-il.
La communauté internationale a été divisée pendant des années entre un bloc pro-régime mené par la Russie et l'Iran d'une part et un camp pro-opposition mené par les Etats-Unis, de nombreux pays européens ainsi que la Turquie et les pays du Golfe.
Mais contrairement aux attentes du deuxième bloc, le régime de Bashar a renversé la donne avec l'appui indéfectible et militaire de Moscou, entrée en action en septembre 2015.
En face, la rébellion a été minée par des dissensions internes et éclipsée par la montée de groupes jihadistes brutaux comme Daesh.
Elle se retrouve aujourd'hui extrêmement affaiblie et marginalisée, notamment après la perte en décembre du secteur est d'Alep, son plus important bastion.
Dans le même temps, l'opposition politique ne peut plus trop compter sur le soutien turc, après le rapprochement fin 2016 entre Moscou et Ankara --jusque-là rivaux, ni sur les Américains,l'administration américaine de Donald Trump se désintéressant des dernières négociations à Astana et Genève.
Malgré cela, "ll y a aujourd'hui une volonté internationale de mettre fin à la guerre et le peuple syrien veut une solution", affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Mais les petites guerres vont se poursuivre et la Syrie ne reviendra plus comme avant", dit-il. Car "ce n'est pas seulement l'infrastructure qui a été détruite mais aussi le tissu social".
Amnesty International rappelle pour sa part la nécessité de juger les criminels de guerre.
"Après six années de tourment, il n’y a aucune excuse pour laisser impunis les horribles crimes de droit international qui sont perpétrés en Syrie", affirme Samah Hadid, du bureau régional de l'ONG.
Dans un document présenté mardi au Conseil des droits de l'Homme, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a dénoncé une multitude de crimes perpétrés par les forces du gouvernement, les accusant entre autres d'avoir commis un "crime de guerre" en bombardant fin 2016 une source d'eau alimentant Damas.
Il y a deux semaines, la Commission avait dénoncé aussi l'usage par les forces syriennes dans des zones résidentielles d'armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentation.
Le rapport publié mardi dénonce également les attaques indiscriminées menées par les groupes rebelles, qui tuent des civils dont de nombreux enfants dans les zones sous contrôle du gouvernement.

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