samedi 5 novembre 2016

Maroc : Leïla Slimani appelle les Marocains à se rebeller contre la répression de l'homosexualité

Pour Leïla Slimani, il faut « imaginer une femme qui ne soit à personne, qui ne soit ni une mère, ni une sœur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière ».
La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, nouveau prix Goncourt avec Chanson douce (Gallimard), a appelé les Marocains à se rebeller contre « une législation moyenâgeuse » qui les maintient « sous une chape de plomb ». Cette déclaration, faite le vendredi 4 novembre, survient après l'arrestation de deux jeunes filles mineures, surprises en train de s'embrasser à Marrakech, et qui seront jugées pour homosexualité.
« L'humiliation du citoyen, et le fait de le maintenir sous une chape de plomb, favorise un système politique qui est celui de l'hogra, l'humiliation, et l'abus de pouvoir », s'est insurgée la romancière, interrogée par la radio France Inter. « Je pense qu'il est temps que les citoyens prennent ça en main, se rebellent contre ça. »

« Cela n'a aucun rapport avec la religion »
« La législation au Maroc est complètement moyenâgeuse, complètement déconnectée de la réalité », a poursuivi la romancière. « Il y a des normes qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, qui interdisent l'homosexualité, qui pénalisent l'adultère. Et il y a des pratiques qui sont complètement à l'inverse de ces normes », a fait valoir la lauréate. « Il ne faut pas être hypocrite, on sait très bien que les Marocains ont une vie sexuelle hors du mariage, et c'est très bien qu'il existe des homosexuels », a-t-elle dit. « On maintient cette dichotomie, on maintient ce fossé parce que ça arrange le système, ça arrange certains. »
Au Maroc, l'homosexualité est punissable de six mois à trois ans de prison. « Cela n'a aucun rapport avec la religion », estime la romancière. « Beaucoup d'imams, beaucoup de théologiens extrêmement éclairés vous expliqueront que ça n'a aucun rapport. La question, c'est la question des droits de l'homme, des droits sexuels, de la dignité et, en particulier, la dignité du corps de la femme. » Pour Leïla Slimani, il faut « imaginer une femme qui ne soit à personne, qui ne soit ni une mère, ni une sœur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière ».
Tiraillé entre conservatisme religieux et ouverture sur l'Occident, le Maroc, un pays de 35 millions d'habitants, a connu plusieurs controverses liées aux mœurs ces dernières années.

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