dimanche 6 novembre 2016

Yémen: Manifestation contre le médiateur de l'ONU à Sanaa

Des partisans des rebelles Houthis ont manifesté samedi dans la capitale yéménite Sanaa pour protester contre le plan de paix de l'émissaire de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, accueilli jusqu'ici avec réserves par les belligérants.
"Dégage!", ont scandé des centaines de personnes rassemblées devant l'hôtel où logeait l'émissaire Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. "Nous ne cèderons pas et ne plierons pas", ont ajouté les protestataires, qui arboraient des photos de victimes de la guerre et de la malnutrition, selon des témoins.
"La position des Nations unies est honteuse", a déploré un protestataire, Khaled Al-Washali. Plus virulent, Saleh Al-Sharaf, un chef tribal, présent à la manifestation, a demandé à M. Ould Cheikh Ahmed de "se taire et de quitter" le Yémen. "Nous ne voulons pas de vous comme médiateur car vous n'êtes pas neutre."
Le médiateur, arrivé jeudi à Sanaa pour sa deuxième visite en moins d'une semaine, cherche à mettre fin à la guerre qui ravage le Yémen depuis 19 mois et qui a provoqué une profonde crise humanitaire.
Dans un communiqué, il a indiqué qu'il devait évoquer sa feuille de route pour un règlement politique avec des membres d'Ansaruallah, l'organe politique des rebelles Houthis, et leurs alliés, des partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh.
Ils sont en guerre contre les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par une coalition militaire arabe sous commandement saoudien.
La feuille de route de l'émissaire onusien prévoit des arrangements militaires comme la remise des armes lourdes par les rebelles et leur retrait des territoires sous leur contrôle depuis 2014, dont Sanaa, et un volet politique, comme la nomination d'un nouveau vice-président et la formation d'un "gouvernement d'union nationale".
Vendredi, l'influent Ali Abdallah Saleh avait infléchi son discours en estimant dans un communiqué que les propositions du médiateur de l'ONU offrait "une bonne base" pour des négociations devant conduire à "un arrêt de l'agression et des opérations militaires conduites par l'Arabie Saoudite".
Il avait emboîté le pas aux rebelles Houthis qui avaient eux aussi estimé fin octobre que la feuille de route offrait un cadre de discussion tout en comportant "des déséquilibres de fond".
En revanche, le camp du président Hadi reste intransigeant dans son refus des propositions onusiennes et insiste notamment sur l'application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité stipulant un retrait des rebelles des territoires conquis et la restitution des armes lourdes et moyennes.
Les partisans de M. Hadi ont d'ailleurs organisé cette semaine dans le sud et le centre du pays des manifestations pour protester contre cette feuille de route.
M. Ould Cheikh Ahmed s'est cependant prévalu, lors d'une intervention lundi devant le Conseil de sécurité, d'"un large soutien international" à ses propositions.
"Il est temps pour les parties de comprendre qu'il ne peut pas y avoir de paix sans concessions ni de sécurité sans un accord", a-t-il prévenu.
Le Royaume-Uni a indiqué cette semaine avoir élaboré un projet de résolution à présenter au Conseil de sécurité de l'ONU pour exiger une nouvelle trêve au Yémen et la reprise de négociations sur la base du plan de paix proposé par les Nations unies.
Depuis l'intervention de la coalition arabe au Yémen en mars 2015, la guerre a fait près de 7.000 morts et 35.000 blessés selon l'ONU.

(05-11-2016)

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