samedi 5 novembre 2016

Liban: Saad Hariri, Premier ministre et adversaire du Hezbollah

Saad Hariri, le nouveau Premier ministre libanais, le 3 novembre 2016 à Baabda près de Beyrouth (Afp)

Saad Hariri, redevenu jeudi Premier ministre du Liban, est le fils du milliardaire et dirigeant Rafic Hariri assassiné en 2005, et un virulent opposant au puissant mouvement chiite Hezbollah.
Agé de 46 ans, Saad Hariri revient au pouvoir avec l'objectif de rétablir sa prééminence au sein de la communauté sunnite et faire contrepoids au Hezbollah, auquel il a été confronté durant toute sa carrière politique.
Né en Arabie Saoudite, où son père avait fait fortune, il était à la tête du géant de la construction Oger --aujourd'hui criblé de dettes-- quand la famille lui demande en avril 2005 de reprendre le flambeau politique.
Il accuse alors Damas d'avoir planifié le meurtre de son père, tué dans un attentat en février 2005 à Beyrouth, et demande le départ des troupes syriennes du Liban. A l'inverse, le Hezbollah manifeste son soutien à la Syrie.
Les troupes syriennes finissent par se retirer du Liban en avril après 29 ans de présence militaire, et dans la foulée, le courant hostile à la Syrie, dont M. Hariri prend la tête, gagne les législatives.
En 2008, des affrontements entre les partisans du leader sunnite et ceux du parti chiite ont failli plonger le pays dans une nouvelle guerre civile.
Le Courant du Futur, formé en 2007 et dirigé par Saad Hariri, l'emporte à nouveau aux législatives de 2009.
M. Hariri devient alors Premier ministre et forme un gouvernement d'unité nationale qui rend l'âme début 2011, à la suite de la démission des ministres chiites du Hezbollah et du parti Amal ainsi que des partisans du chef chrétien Michel Aoun.
Le bras de fer entre les deux camps porte sur le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de découvrir la vérité sur le meurtre de Rafic Hariri, les ministres démissionnaires estimant que cette cour est "à la solde d'Israël et des États-Unis".
Cinq membres du mouvement chiite sont par la suite accusés d'implication dans l'attentat.
Saad Hariri quitte le Liban en 2011, officiellement pour des raisons de sécurité, et n'y reviendra vraiment qu'en juin dernier, effectuant entre-temps de brefs retours au pays.
La révolte qui éclate en Syrie en mars 2011, et qui va se transformer en une guerre civile dévastatrice, est un autre point de désaccord entre lui et le Hezbollah.
Si le Hezbollah s'engage totalement en faveur du régime de Bashar al-Assad en y envoyant ses hommes combattre aux côtés des forces de Damas, Saad Hariri est favorable aux rebelles.
Face au Hezbollah et à l'Iran, autre allié de poids de Damas, qui critiquent Ryad pour son soutien aux rebelles, Saad Hariri se fait l'avocat inlassable de l'Arabie Saoudite, dont il possède la nationalité.
Pourtant, après la mort du roi Abdallah, dont il bénéficiait de la protection, les nouveaux dirigeants à Ryad le battent froid.
Outre ses déboires financiers en Arabie Saoudite et au Liban, où les employés de son groupe de presse ne sont pas payés depuis des mois, il fait face à une contestation de sa prééminence dans les rangs sunnites au Liban.
A Tripoli, dans le nord du pays, l'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi présente une liste concurrente aux élections municipales de juin 2016 et se pose en pourfendeur du Hezbollah et de l'Iran, face à ce qu'il considère comme la "mollesse" de Saad Hariri.
Pour reprendre la main, ce dernier provoque un coup de théâtre en octobre en annonçant son soutien à son contempteur, le général Aoun, qui a été élu lundi président de la République, ouvrant ainsi la voie à son propre retour comme Premier ministre.

(03-11-2016e)

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