La nouvelle Assemblée nationale algérienne a connu samedi une
première session mouvementée avec le boycott d’élus islamistes
mécontents du scrutin du 10 mai, puis de l’opposition à l’élection de
son président.
Larbi Ould Khelifa, membre du parti présidentiel vainqueur, le Front
de Libération nationale (FLN), était seul en lice et a été élu à main
levée.
Considéré comme consensuel, cet homme de 74 ans et doyen des élus a
logiquement obtenu le soutien du FLN (208 sièges) mais aussi celui du
Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed
Ouyahia pour son mandat de cinq ans.
Membre du gouvernement dans les années 80, plusieurs fois ambassadeur
et président du Haut conseil de la langue arabe, Larbi Ould Khelifa,
originaire de Bejaïa (250 km à l’est d’Alger), est désormais le 3e
personnage de l’Etat, après le chef de l’Etat et le président du Conseil
de la Nation (Sénat).
La séance des 462 élus a été perturbée par les 49 islamistes de
l’Alliance de l’Algérie Verte (AVV) qui ont quitté l’hémicycle à la fin
de l’installation de l’ensemble des députés, brandissant des pancartes
rouges proclamant "Non à la fraude".
"Nous avons décidé de nous retirer de la première séance de
l’Assemblée nationale et de protester officiellement contre les
résultats du scrutin", ont-ils précisé dans un communiqué.
L’AVV, regroupant le Mouvement pour la société et la paix (MSP),
Ennahda (Renaissance) et le Mouvement El Islah (Réforme), avait annoncé
sa victoire avant même les résultats et avait même préparé un
gouvernement.
Les islamistes, qui espéraient profiter de la poussée du courant dans les pays du Printemps arabe, n’ont obtenu que 61 sièges.
Pour eux, la nouvelle Assemblée représente un "retour à l’ère du
parti unique" du Front de libération nationale (FLN, Présidentiel).
Un gouvernement attendu début juin
Ils ont été suivis par les 28 députés du "Front politique pour la
sauvegarde de la démocratie", dont quatre partis islamistes, lancé après
la proclamation des résultats pour dénoncer la fraude. Huit des partis
membres n’ont remporté aucun siège.
Le mouvement, qui se défend de vouloir "mettre en place un parlement
parallèle", est un cadre de réflexion pour 16 chefs de parti. "Le
boycottage de l’Assemblée reste une position de principe", a déclaré à
l’AFP Lakhdar Benkhelaf, un islamiste du Front pour la justice et le
développement (FJD).
"Ce qui s’est passé le 10 mai est une violation caractérisée des
garanties de transparence des élections promises par le président
Abdelaziz Bouteflika", a-t-il dit.
Au moment de l’élection de Larbi Ould Khelifa, les 24 députés du Parti
des Travailleurs (PT, extrême gauche) de Louisa Hanoune ont à leur tour
quitté l’hémicycle, arguant qu’ils n’étaient "pas concernés" par cette
élection.
Pour le Front des Forces socialistes (FFS), le plus vieux parti
d’opposition du Kabyle Hocine Aït Ahmed, Belkacem Amarouche a également
refusé de "cautionner" cette élection "avant l’adoption d’un règlement
intérieur".
Pour la première fois, 147 femmes contre 30 précédemment siègent
désormais à l’Assemblée en vertu des réformes lancées par le président
Bouteflika pour contrer un Printemps arabe en Algérie, alors que le pays
avait connu des émeutes et des manifestations l’an dernier.
Par ailleurs, six ministres, démis par Abdelaziz Bouteflika car leurs
mandats étaient devenus incompatibles, siégeaient samedi comme simples
députés.
Leurs portefeuilles ont été confiés à six autres personnes en
attendant le futur gouvernement, attendu pour la première quinzaine de
juin, selon des sources parlementaires.
(26 mai 2012)
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