En Mauritanie, où l'esclavage est officiellement interdit depuis 31 ans
et criminalisé depuis cinq ans, cette pratique «existe bien» et le nier
«nuirait à son éradication», a affirmé à Nouakchott l'opposant Messaoud
Ould Boulkheir, également chef du Parlement.
«L'esclavage existe bien en
Mauritanie, nous devons le reconnaître et éviter de le nier parce que
cela nuirait à son éradication qui doit être l'oeuvre de tous», a
déclaré Messaoud Ould Boulkheir, lors d'une conférence de presse. Il
s'exprimait dans le cadre d'une activité de la Convention pour
l'alternance démocratique (CAP) créée par trois partis d'opposition la
semaine dernière.
Messaoud Ould Boulkheir, qui a condamné l'autodafé de livres
du rite malékite début mai à Nouakchott par des dirigeants d'une ONG
anti-esclavagiste «parce qu'ils justifient l'esclavage», a estimé que la
lutte contre ce phénomène doit être menée «pacifiquement par toutes les
couches sociales». «Tous les citoyens sont concernés par cette lutte,
parce que tous, Maures, Peuls, Soninkés ou Wolofs, ont pratiqué»
l'esclavage, «et ont le devoir de l'extirper si nous voulons un
développement harmonieux et paisible de notre pays», a-t-il averti.
«Il
faut éviter de créer des haines dans les coeurs qui souffrent déjà de ce
mal social», a-t-il conseillé, accusant «certains d'utiliser
l'esclavage pour saper l'unité du pays, sur la base de calculs très bas,
purement pour des raisons politiques». Messaoud Ould Boulkheir, par
ailleurs, président de l'Assemblée nationale mauritanienne, est l'un des
membres fondateurs du mouvement Elhor, qui avait porté le flambeau de
la lutte contre l'esclavage au début des années 1980 et fut, pour cela,
plusieurs fois écroué et jugé. L'esclavage est interdit depuis 1981 en
Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables de cette
pratique sont passibles de dix ans de prison ferme.
(23 mai 2012 - L'Expression,Algérie)
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