jeudi 24 mai 2012

Mauritanie : "L'esclavage existe bien"

En Mauritanie, où l'esclavage est officiellement interdit depuis 31 ans et criminalisé depuis cinq ans, cette pratique «existe bien» et le nier «nuirait à son éradication», a affirmé à Nouakchott l'opposant Messaoud Ould Boulkheir, également chef du Parlement.

 «L'esclavage existe bien en Mauritanie, nous devons le reconnaître et éviter de le nier parce que cela nuirait à son éradication qui doit être l'oeuvre de tous», a déclaré Messaoud Ould Boulkheir, lors d'une conférence de presse. Il s'exprimait dans le cadre d'une activité de la Convention pour l'alternance démocratique (CAP) créée par trois partis d'opposition la semaine dernière.

Messaoud Ould Boulkheir, qui a condamné l'autodafé de livres du rite malékite début mai à Nouakchott par des dirigeants d'une ONG anti-esclavagiste «parce qu'ils justifient l'esclavage», a estimé que la lutte contre ce phénomène doit être menée «pacifiquement par toutes les couches sociales». «Tous les citoyens sont concernés par cette lutte, parce que tous, Maures, Peuls, Soninkés ou Wolofs, ont pratiqué» l'esclavage, «et ont le devoir de l'extirper si nous voulons un développement harmonieux et paisible de notre pays», a-t-il averti.

«Il faut éviter de créer des haines dans les coeurs qui souffrent déjà de ce mal social», a-t-il conseillé, accusant «certains d'utiliser l'esclavage pour saper l'unité du pays, sur la base de calculs très bas, purement pour des raisons politiques». Messaoud Ould Boulkheir, par ailleurs, président de l'Assemblée nationale mauritanienne, est l'un des membres fondateurs du mouvement Elhor, qui avait porté le flambeau de la lutte contre l'esclavage au début des années 1980 et fut, pour cela, plusieurs fois écroué et jugé. L'esclavage est interdit depuis 1981 en Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables de cette pratique sont passibles de dix ans de prison ferme.

(23 mai  2012 - L'Expression,Algérie)

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