Les forces de l'Union africaine et du gouvernement somalien ont intensifié leurs opérations ce mercredi contre les islamistes Shebaab dans les faubourgs nord de la capitale, Mogadiscio, contraignant des centaines de familles à fuir vers le centre.
La force de l'UA, qui contrôle déjà la majeure partie de la ville, cherche à progresser à l'intérieur du corridor d'Afgoye, zone naguère rurale au nord-ouest de Mogadiscio, où vivent désormais des centaines de milliers de Somaliens chassés de chez eux.
Les troupes de l'UA ont commencé leur progression mardi et ont pris le village de Tre Disho, à 13 km de la capitale selon l'agence REUTERS.
Des soldats burundais de l'AMISOM (Mission de l'Union africaine en Somalie) progressaient mercredi à partir de Tre Disho, en direction d'Elasha et d'Afgoye, mais ils se heurtaient à la résistance des Shebaab, a déclaré le porte-parole de la force africaine, le capitaine Ndayiragije Comé.
La force de l'Union africaine en Somalie avait annoncé avoir lancé mardi un assaut sur la région stratégique d'Afgoye, située à l'ouest de Mogadiscio et sous contrôle des insurgés islamistes Shebaab que l'AMISOM combat aux côtés des autorités somaliennes de transition.
"Tôt ce matin, la mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) et l'armée nationale somalienne ont lancé une opération soigneusement planifiée pour ramener la sécurité et la stabilité sur le couloir d'Afgoye, à l'ouest de Mogadiscio," a annoncé l'AMISOM dans un communiqué.
Les soldats "font de bon progrès," a-t-elle assuré.
"Les militants d'Al-Qaïda qui restaient (...) ont vidé leurs bases dans la zone", a renchéri Mohamed Osmail, un responsable de l'armée somalienne. "L'armée a coupé une route-clée en périphérie de Deynile, que l'ennemi utilisait pour organiser des attaques et transporter des combattants pour mettre à mal la sécurité de la ville (Mogadiscio)."
Deynile, en banlieue de la capitale somalienne, ouvre sur le couloir d'Afgoye, qui abrite la communauté de déplacés la plus importante au monde. En début d'année, quelque 410 000 personnes, victimes de la sécheresse et des combats incessants, s'y trouvaient encore, selon l'ONU.
Ces derniers mois, des milliers de civils avaient fui Deynile pour la capitale, dans la perspective de cet assaut progouvernemental. De nombreux Shebaab s'étaient retirés dans la zone après avoir été chassés de Mogadiscio par l'AMISOM et l'armée somalienne en août 2011.
Cheikh Fouad Mohamed Shangole, un important chef de la rébellion shebab, a confirmé mardi les combats et appelé la population à se battre contre les forces gouvernementales.
"J'appelle toute la communauté musulmane à s'unir pour défendre sa religion et son pays contre l'ennemi," a-t-il déclaré sur la radio pro-Shebaab Andalus.
Selon des témoins, les échanges de tir d'artillerie et de mitrailleuses avaient éclaté mardi un peu avant l'aube.
"Plusieurs salves de tirs d'artillerie ont frappé la zone du km13 et les quelque familles qui étaient encore là ont commencé à fuir ce matin, la guerre semble avancer vers le couloir d'Afgoye", a raconté l'un d'eux, Muhidiin Adan à l'agence AFP.
"J'ai vu deux tanks appartenant à l'AMISOM dans les rues, près de la piste d'atterrissage de Deynile (...) Ils veulent couper les sources d'approvisionnement des Shebaab," a renchéri un autre témoin, Hassan Abdi.
Après leur retrait de la capitale l'été dernier, les insurgés ont continué à y mener des attaques de type guérilla et les forces progouvernementales tentent depuis plusieurs mois d'étendre leur contrôle sur les abords de la ville.
Les rebelles Shebaab contrôlent encore de grandes parties du centre et du sud de la Somalie. Mais ils y sont de plus en plus affaiblis, pris dans l'étau d'une offensive militaire régionale depuis l'intervention, fin 2011, des armées kényane et éthiopienne dans la région. Ils chercheraient désormais à ouvrir un nouveau front plus au nord, vers la région autoproclamée autonome du Puntland.
La Somalie est rongée par plus de 20 ans de guerre civile, sans gouvernement effectif depuis la chute du président Siad Barre en 1991.
Les actuelles autorités de transition, soutenues à bout de bras par la communauté internationale et qui ont, comme les précédentes, échoué à restaurer une autorité centrale, ont jusqu'en août pour se dissoudre et mettre en place leur succession.
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