mardi 29 mai 2012

Egypte : Des manifestants incendient le QG de Chafik

Des manifestants égyptiens ont mis le feu lundi soir au siège de campagne d’Ahmed Chafik, dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak en lice pour le second tour de l’élection présidentielle, rapporte une chaîne de télévision.

Al Hayat a diffusé des images du local en feu, précisant qu’il s’agissait du siège de campagne de Chafik, dans le quartier de Dokki, au Caire.

On ne signale aucun blessé.

L’agence officielle de presse MENA a confirmé qu’un groupe de protestataires avait fait irruption à son QG électoral avant de le saccager et d’y mettre le feu.

Plusieurs milliers de manifestants sont par ailleurs descendus dans les rues de plusieurs villes égyptiennes pour protester contre les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, publiés un peu plus tôt dans la journée.

Ancien commandant en chef de l’armée de l’air égyptienne et dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak, renversé en février 2011, Ahmed Chafik s’est classé en deuxième position du premier tour de la présidentielle. Il sera opposé à Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, au second tour, les 16 et 17 juin.

Au Caire, des troubles ont également éclaté place Tahrir, berceau de la contestation du régime d’Hosni Moubarak, quand des manifestants ont été attaqués par des inconnus. Des affrontements à coups de pierres ont eu lieu, qui n’étaient pas sans rappeler certaines scènes de la révolution égyptienne.

Le mouvement du 6 avril, à l’avant-garde de la contestation contre le régime de Moubarak, a annoncé sur sa page Facebook que des manifestants avaient été agressés par des "casseurs" inconnus.

L’un des candidats malheureux à la présidentielle, Khaled Ali, qui se voulait le défenseur des plus défavorisés, a rejoint les manifestants, dont le nombre a augmenté dans la soirée.

"Révolutionnaires ! Libres ! Nous terminerons la manifestation !", ont scandé quelque 2.000 manifestants, qui défilaient dans le centre du Caire.

Mahmud Momen, étudiant de 19 ans, s’est senti trahi par les résultats du premier tour. Il a voté pour l’islamiste modéré Abdel Moneim Abul Fotuh. "Ni les Frères ni les Feloul", a-t-il dit, désignant par ce dernier terme péjoratif les vestiges de l’ancien régime dont Ahmed Chafik est le porte-flambeau. "Nous voulons quelqu’un qui représente la place", a-t-il ajouté en brandissant une pancarte avec la photo d’Ahmed Chafik barrée d’une croix noire.

Omar, un autre manifestant de 19 ans, estime pour sa part que le vote a été manipulé, s’attirant la colère d’un passant.

Des manifestations similaires ont éclaté à Alexandrie, Port-Saïd, Ismaïlia et Suez, à l’est du Caire.
Près de 2.000 personnes ont défilé dans les rues d’Alexandrie, arrachant sur leur passage les affiches de campagne d’Ahmed Chafik et de Mohammed Morsi.

Considéré comme le candidat de l’armée, Chafik est une figure honnie pour les jeunes révolutionnaires du "printemps arabe" égyptien.

Mais dans une Egypte éprouvée par la multiplication des violences politiques et interreligieuses, des agressions, vols à main armée et autres règlements de compte, sa campagne centrée sur la restauration de la stabilité et son credo sécuritaire ont trouvé un écho parmi l’électorat.

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