Des manifestants égyptiens ont mis le feu lundi soir au siège de
campagne d’Ahmed Chafik, dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak en
lice pour le second tour de l’élection présidentielle, rapporte une
chaîne de télévision.
Al Hayat a diffusé des images du local en feu, précisant qu’il
s’agissait du siège de campagne de Chafik, dans le quartier de Dokki, au
Caire.
On ne signale aucun blessé.
L’agence officielle de presse MENA a confirmé qu’un groupe de
protestataires avait fait irruption à son QG électoral avant de le
saccager et d’y mettre le feu.
Plusieurs milliers de manifestants sont par ailleurs descendus dans
les rues de plusieurs villes égyptiennes pour protester contre les
résultats du premier tour de l’élection présidentielle, publiés un peu
plus tôt dans la journée.
Ancien commandant en chef de l’armée de l’air égyptienne et dernier
Premier ministre d’Hosni Moubarak, renversé en février 2011, Ahmed
Chafik s’est classé en deuxième position du premier tour de la
présidentielle. Il sera opposé à Mohamed Morsi, candidat des Frères
musulmans, au second tour, les 16 et 17 juin.
Au Caire, des troubles ont également éclaté place Tahrir, berceau de
la contestation du régime d’Hosni Moubarak, quand des manifestants ont
été attaqués par des inconnus. Des affrontements à coups de pierres ont
eu lieu, qui n’étaient pas sans rappeler certaines scènes de la
révolution égyptienne.
Le mouvement du 6 avril, à l’avant-garde de la contestation contre le
régime de Moubarak, a annoncé sur sa page Facebook que des manifestants
avaient été agressés par des "casseurs" inconnus.
L’un des candidats malheureux à la présidentielle, Khaled Ali, qui se
voulait le défenseur des plus défavorisés, a rejoint les manifestants,
dont le nombre a augmenté dans la soirée.
"Révolutionnaires ! Libres ! Nous terminerons la manifestation !",
ont scandé quelque 2.000 manifestants, qui défilaient dans le centre du
Caire.
Mahmud Momen, étudiant de 19 ans, s’est senti trahi par les
résultats du premier tour. Il a voté pour l’islamiste modéré Abdel
Moneim Abul Fotuh. "Ni les Frères ni les Feloul", a-t-il dit, désignant
par ce dernier terme péjoratif les vestiges de l’ancien régime dont
Ahmed Chafik est le porte-flambeau. "Nous voulons quelqu’un qui
représente la place", a-t-il ajouté en brandissant une pancarte avec la
photo d’Ahmed Chafik barrée d’une croix noire.
Omar, un autre manifestant de 19 ans, estime pour sa part que le vote a été manipulé, s’attirant la colère d’un passant.
Des manifestations similaires ont éclaté à Alexandrie, Port-Saïd, Ismaïlia et Suez, à l’est du Caire.
Près de 2.000 personnes ont défilé dans les rues d’Alexandrie,
arrachant sur leur passage les affiches de campagne d’Ahmed Chafik et de
Mohammed Morsi.
Considéré comme le candidat de l’armée, Chafik est une figure honnie
pour les jeunes révolutionnaires du "printemps arabe" égyptien.
Mais dans une Egypte éprouvée par la multiplication des violences
politiques et interreligieuses, des agressions, vols à main armée et
autres règlements de compte, sa campagne centrée sur la restauration de
la stabilité et son credo sécuritaire ont trouvé un écho parmi
l’électorat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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