vendredi 25 mai 2012

Syrie : le CNS reconnaît son échec

Burhan Ghalioun, président démissionnaire du Conseil national syrien, juge l’organe trop "divisé" entre islamistes et laïques. 

Le président démissionnaire du Conseil national syrien (CNS), Burhan Ghalioun, a reconnu jeudi que la principale coalition de l’opposition n’avait "pas réussi à être à la hauteur des sacrifices du peuple syrien" et expliqué avoir quitté ses fonctions notamment en raison des "divisions" entre islamistes et laïques. "On n’a pas réussi à être à la hauteur des sacrifices du peuple syrien. C’est sûr, on n’a pas répondu assez rapidement et assez aux besoins de la révolution", a déclaré Burhan Ghalioun dont la démission à la tête du CNS a été acceptée dans la nuit de mercredi à jeudi par les instances dirigeantes de la coalition.

Burhan Ghalioun estime que la "lenteur" du CNS à réagir est due à son fonctionnement selon "la règle du consensus" et non sur la base de l’élection qu’il prône. "La formule actuelle est une formule de coalition de quelques partis ou formations politiques qui monopolisent la décision et ne donnent aucune chance aux membres de participer réellement à la décision, c’est ça qui a causé beaucoup d’inertie", a-t-il argué. "On a été lents, la révolution bouge à 100 km/h et nous nous bougeons à 100 m/h, peut-être parce qu’on était bloqués par cette règle du consensus", a-t-il poursuivi reprenant à son compte une partie des critiques émises par les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain.

Universitaire basé en France, tenant d’une gauche nationaliste arabe, Burhan Ghalioun avait émergé en octobre comme la personnalité capable de rassembler au sein d’un conseil composé du multiples tendances (islamistes, nationalistes, libéraux, indépendants). Il avait été adoubé par les Frères musulmans. Il a été reconduit à deux reprises à la présidence de cet organe, la dernière fois le 15 mai. Mais depuis des mois il est critiqué pour avoir laissé les Frères musulmans prendre une trop grande influence au sein du Conseil et pour son manque de coordination avec les militants sur le terrain.

Conscient de ne plus faire "l’unanimité", Burhan Ghalioun a expliqué avoir écrit dans sa lettre de démission qu’il n’acceptait pas "d’être le candidat de la division". "J’ai présenté ma démission justement pour dire que cette voie de la division entre islamistes et laïques ne marche pas et je pense que c’est le régime syrien qui a gagné, puisqu’il a dès le début essayé de jouer cette division", a-t-il dit. "Certains parmi les laïques et même parmi des gens qui étaient proches de moi ont malheureusement joué ce jeu et aujourd’hui ils sont une menace de couper les rangs de la révolution entre deux ailes qui, au lieu de coopérer, risquent de s’affronter avant même de gagner", a-t-il dit.

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