lundi 21 mai 2012

Egypte : l’armée appelle la population à accepter le résultat de la présidentielle

Le Conseil militaire au pouvoir en Egypte a appelé lundi la population à accepter les résultats de la première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, dont le premier tour commence mercredi.

Dans un communiqué, le Conseil suprême des forces armées a souligné "l’importance d’accepter les résultats de l’élection qui reflèteront le choix du peuple égyptien libre".

Près de 50 millions d’électeurs sont appelés à choisir le successeur de Moubarak mercredi et jeudi. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin.

La campagne pour la présidentielle, qui s’est déroulée dans un climat d’ouverture démocratique autrefois inimaginable, s’est officiellement achevée lundi.

Conformément aux règles, la douzaine de candidats ne peut plus apparaître à la télévision, parler à la presse ou mener une quelconque activité publique qui pourrait influencer les 50 millions électeurs potentiels avant le premier tour.

Les principaux candidats sont l’ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, le dernier Premier ministre de Moubarak Ahmad Chafiq, l’islamiste indépendant Abdel Moneim Abul Futuh et le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi.

Le Conseil militaire affirme que le scrutin est la preuve que "le processus démocratique fait ses premiers pas et nous devons tous participer à assurer son succès".

La junte, présidée par le maréchal Hussein Tantawi, pendant 20 ans ministre de la Défense de Hosni Moubarak, a affirmé qu’il était "extrêmement important" que les Egyptiens prennent part au scrutin, porteur de "l’espoir que le pays parviendra au progrès, à la prospérité et la stabilité".

Le président du Parlement, Saad al-Katatni, membre de la puissante confrérie des Frères musulmans, a affirmé que "l’Egypte était le théâtre d’une expérience démocratique sans précédent", selon l’agence officielle MENA.

Saad al-Katatni s’exprimait lors d’une rencontre avec l’ancien président américain Jimmy Carter, arrivé en Egypte à la tête d’une délégation du Centre Carter pour observer le déroulement de l’élection.

"Les Egyptiens accepteront le résultat des élections quel qu’il soit, tant qu’elles sont transparentes et représentent la volonté du peuple", a affirmé Katatni.

Selon les premiers résultats du vote des expatriés qui ont voté il y a quelques jours, Morsi est arrivé en tête grâce au soutien massif de la communauté égyptienne en Arabie saoudite. Il devance Abul Futuh et le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi, arrivé troisième.

Les candidats ont parcouru le pays en tous sens ces dernières semaines, multipliant les meetings, les débats publics et les conférences de presse.

Morsi a lancé un avertissement contre toute tentative de "falsifier la volonté du peuple" comme du temps du régime de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en février 2011 par une révolte populaire.

L’armée avait promis un scrutin "100% honnête" et assuré ne soutenir aucun candidat en particulier.
Les Frères musulmans, grands vainqueurs des premières législatives post-Moubarak, espèrent pouvoir accéder désormais au pouvoir exécutif. Leur campagne a toutefois été marquée par de nombreux faux pas et revirements qui ont brouillé leur image auprès d’une partie de l’opinion.

Abul Futuh, exclu des Frères musulmans en 2011, leur fait une rude concurrence en ayant le soutien d’une partie de la confrérie, des fondamentalistes salafistes mais aussi de jeunes laïques.

Amr. Moussa et Ahmad Chafiq font campagne sur le thème du retour à la stabilité et à la croissance économique. Des promesses qui trouvent écho auprès de nombreux Egyptiens après une période de transition marquée par la crise et une insécurité accrue.

La mouvance des "jeunes de la révolution", à la pointe du combat pour la démocratie, n’a pas de candidat propre et est divisée sur le choix de celui qui pourra porter ses idées à la magistrature suprême.

L’armée a promis de remettre le pouvoir aux civils avant fin juin, une fois le nouveau président élu. Mais de nombreux analystes s’attendent à ce qu’elle continue de maintenir ses privilèges et de jouer un rôle, même de manière plus discrète.

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