dimanche 27 mai 2012

Syrie : condamnations internationales au lendemain du massacre de Houla

Les condamnations internationales se multipliaient samedi au lendemain d’un massacre commis selon l’opposition par le régime syrien à Houla, où les observateurs de l’ONU ont compté 92 morts, dont plus de 32 enfants, leur chef dénonçant une "tragédie brutale".

Paris, Londres et Berlin ont dénoncé cette tuerie, sans toutefois relever l’appel lancé par l’Armée syrienne libre (ASL), composée en majorité de déserteurs, à mener des "raids aériens" contre les forces du président Bashar al-Assad.

De son côté, le chef des observateurs, le général Robert Mood, a condamné "dans les termes les plus forts la tragédie brutale" dans la localité de Houla (centre), affirmant que les observateurs s’étaient rendus sur place le matin et avaient compté plus de 92 morts, dont 32 enfants de moins de 10 ans.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les bombardements ont débuté vendredi midi à la périphérie de Houla, en particulier sur les villages de Taldo au sud et Tibé à l’ouest, et ils se sont poursuivis jusqu’à samedi à l’aube.

Mais l’agence officielle syrienne SANA a accusé des "groupes terroristes armés" d’avoir "incendié et fait exploser vendredi soir des maisons à Taldo afin de faire croire que les forces armées syriennes bombardaient la région".

"Ces groupes ont également incendié l’hôpital public du village ainsi qu’un siège des forces de l’ordre et les récoltes agricole des paysans", selon SANA.

Le général Mood n’a pas désigné de responsables mais a souligné que "les observateurs ont confirmé (...) l’usage d’artillerie tirée depuis des chars".

L’ASL est essentiellement composée de militaires dissidents qui désertent avec leurs armes légères, tandis que les chars et les blindés des troupes régulières sont toujours déployés dans les villes en violation du plan de l’émissaire international Kofi Annan.

"Quels qu’ils soient, ceux qui ont commencé, ceux qui ont répliqué et ceux qui ont perpétré cet acte déplorable de violence doivent être tenus pour responsables", a lancé le général Mood lors d’une conférence de presse à Damas, mettant en garde contre une "guerre civile".

Il a appelé le gouvernement syrien "à ne plus utiliser d’arme lourde" et à "cesser de recourir à la violence sous toutes ses formes", exhortant également l’opposition à s’abstenir d’utiliser la violence" afin de parvenir à une "solution politique".

De son côté, l’ASL a estimé n’être plus tenue par son engagement au plan Annan, un mois et demi après avoir accepté un cessez-le-feu prévu par ce plan, techniquement entré en vigueur le 12 avril mais constamment ignoré depuis.

"Nous annonçons qu’à moins que le Conseil de sécurité de l’ONU ne prenne des décisions d’urgence pour protéger les civils, le plan Annan ira en enfer", a affirmé l’ASL dans un communiqué.

Auparavant, le général Mustafa al-Cheikh, chef du Conseil militaire de l’ASL, basé en Turquie avait appelé "de façon urgente les pays amis de la Syrie à former une alliance militaire, hors du Conseil de sécurité de l’ONU, pour mener des raids aériens ciblés contre les gangs d’Assad et les symboles de son régime".
A l’approche de la visite de Kofi Annan en Syrie prévue en début de semaine, les condamnations du massacre de Houla se sont multipliées.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s’est dit "horrifié et bouleversé", tandis que Paris a condamné les "massacres" et les "atrocités" infligées au peuple syrien.

"Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris le Groupe des pays amis du peuple syrien", a annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Son homologue britannique, William Hague, a souhaité "une réponse internationale forte" et annoncé son intention de demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU "dans les prochains jours".
Une rencontre réclamée peu auparavant par le Conseil national syrien (CNS).

A travers la Syrie, les violences se sont poursuivies samedi, faisant 18 morts dont cinq soldats, selon l’OSDH, qui a fait état de bombardements à la mitrailleuse lourde sur la ville rebelle de Homs (centre), ainsi que de nombreuses manifestations dénonçant le massacre de Houla.

Selon l’OSDH, plus de 12.600 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales.

Par ailleurs, une source diplomatique turque a affirmé à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que les pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai en Syrie ne se trouvaient pas en Turquie, alors que les autorités libanaises avaient annoncé leur libération vendredi.

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