Les condamnations internationales se multipliaient samedi au
lendemain d’un massacre commis selon l’opposition par le régime syrien à
Houla, où les observateurs de l’ONU ont compté 92 morts, dont plus de
32 enfants, leur chef dénonçant une "tragédie brutale".
Paris, Londres et Berlin ont dénoncé cette tuerie, sans toutefois
relever l’appel lancé par l’Armée syrienne libre (ASL), composée en
majorité de déserteurs, à mener des "raids aériens" contre les forces du
président Bashar al-Assad.
De son côté, le chef des observateurs, le général Robert Mood, a
condamné "dans les termes les plus forts la tragédie brutale" dans la
localité de Houla (centre), affirmant que les observateurs s’étaient
rendus sur place le matin et avaient compté plus de 92 morts, dont 32
enfants de moins de 10 ans.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les
bombardements ont débuté vendredi midi à la périphérie de Houla, en
particulier sur les villages de Taldo au sud et Tibé à l’ouest, et ils
se sont poursuivis jusqu’à samedi à l’aube.
Mais l’agence officielle syrienne SANA a accusé des "groupes
terroristes armés" d’avoir "incendié et fait exploser vendredi soir des
maisons à Taldo afin de faire croire que les forces armées syriennes
bombardaient la région".
"Ces groupes ont également incendié l’hôpital public du village
ainsi qu’un siège des forces de l’ordre et les récoltes agricole des
paysans", selon SANA.
Le général Mood n’a pas désigné de responsables mais a souligné que
"les observateurs ont confirmé (...) l’usage d’artillerie tirée depuis
des chars".
L’ASL est essentiellement composée de militaires dissidents qui
désertent avec leurs armes légères, tandis que les chars et les blindés
des troupes régulières sont toujours déployés dans les villes en
violation du plan de l’émissaire international Kofi Annan.
"Quels qu’ils soient, ceux qui ont commencé, ceux qui ont répliqué et
ceux qui ont perpétré cet acte déplorable de violence doivent être
tenus pour responsables", a lancé le général Mood lors d’une conférence
de presse à Damas, mettant en garde contre une "guerre civile".
Il a appelé le gouvernement syrien "à ne plus utiliser d’arme lourde"
et à "cesser de recourir à la violence sous toutes ses formes",
exhortant également l’opposition à s’abstenir d’utiliser la violence"
afin de parvenir à une "solution politique".
De son côté, l’ASL a estimé n’être plus tenue par son engagement au
plan Annan, un mois et demi après avoir accepté un cessez-le-feu prévu
par ce plan, techniquement entré en vigueur le 12 avril mais constamment
ignoré depuis.
"Nous annonçons qu’à moins que le Conseil de sécurité de l’ONU ne
prenne des décisions d’urgence pour protéger les civils, le plan Annan
ira en enfer", a affirmé l’ASL dans un communiqué.
Auparavant, le général Mustafa al-Cheikh, chef du Conseil militaire
de l’ASL, basé en Turquie avait appelé "de façon urgente les pays amis
de la Syrie à former une alliance militaire, hors du Conseil de sécurité
de l’ONU, pour mener des raids aériens ciblés contre les gangs d’Assad
et les symboles de son régime".
A l’approche de la visite de Kofi Annan en Syrie prévue en début de
semaine, les condamnations du massacre de Houla se sont multipliées.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle,
s’est dit "horrifié et bouleversé", tandis que Paris a condamné les
"massacres" et les "atrocités" infligées au peuple syrien.
"Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris le Groupe
des pays amis du peuple syrien", a annoncé le ministre français des
Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Son homologue britannique, William Hague, a souhaité "une réponse
internationale forte" et annoncé son intention de demander une réunion
d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU "dans les prochains jours".
Une rencontre réclamée peu auparavant par le Conseil national syrien (CNS).
A travers la Syrie, les violences se sont poursuivies samedi, faisant
18 morts dont cinq soldats, selon l’OSDH, qui a fait état de
bombardements à la mitrailleuse lourde sur la ville rebelle de Homs
(centre), ainsi que de nombreuses manifestations dénonçant le massacre
de Houla.
Selon l’OSDH, plus de 12.600 personnes ont péri en Syrie depuis le
début de la révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les
forces gouvernementales.
Par ailleurs, une source diplomatique turque a affirmé à l’AFP sous
le couvert de l’anonymat que les pèlerins chiites libanais enlevés le 22
mai en Syrie ne se trouvaient pas en Turquie, alors que les autorités
libanaises avaient annoncé leur libération vendredi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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