Un tribunal stambouliote a accepté lundi de juger quatre ex-dirigeants
de l’armée israélienne accusés d’implication dans la mort de neuf Turcs
tués en 2010 par des commandos israéliens pendant l’assaut de leur
navire d’aide humanitaire, a rapporté l’agence de presse Anatolie.
La cour a jugé recevable un acte d’accusation présenté la semaine
dernière par un procureur qui réclame la prison à vie pour l’ex-chef
d’état-major de l’armée israélienne, Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la
marine et de l’aviation, Eliezer Alfred Marom et Avishai Levi, et
l’ex-chef des services secrets Amos Yadlin, selon Anatolie.
Cette décision implique l’ouverture d’un procès, dont la date de la
première audience doit être fixée par le tribunal dans les prochaines
semaines. Selon toute vraisemblance, ce procès restera symbolique,
Israël excluant que ses militaires soient jugés, a fortiori de les
extrader.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a
qualifié de "très grave" le fait que la justice turque ait entamé une
telle procédure.
"Nous allons faire en sorte que nos concitoyens soient protégés le mieux
possible d’un point de vue légal", a déclaré Danny Ayalon à la télévision,
espérant qu’"une pression diplomatique étrangère forcera la Turquie à
revenir sur son action".
La décision d’Ankara "pourrait avoir des implications lourdes de
conséquences pour l’Otan et les forces américaines en Afghanistan,
l’Irak et ailleurs", a-t-il déploré.
Selon le site israélien d’informations Ynet, le général Gabi Ashkenazi a
de son côté affirmé lundi soir qu’Israël et la Turquie avaient
"mutuellement intérêt à préserver la stabilité au Proche-Orient". "Je
suis convaincu que le bon sens finira par l’emporter", a-t-il ajouté.
"J’ai toujours été aux côtés des soldats qui ont assumé leur devoir
(...) Si le prix que j’ai à payer pour cela est de ne pas visiter la
Turquie, eh bien je le paierai", a encore dit le général.
Les poursuites portent sur l’assaut donné le 31 mai 2010 dans les eaux
internationales par des commandos israéliens au Mavi Marmara, navire
amiral d’une flottille d’aide humanitaire qui tentait de rallier Gaza,
sous blocus israélien.
L’acte d’accusation s’appuie sur les témoignages de près de 600
personnes, dont 490 passagers de la flottille, qui comptait six bateaux,
et des proches des victimes.
Selon ce document de 144 pages, les soldats israéliens ont fait un usage
largement disproportionné de la force contre les militants favorables à
la cause palestienne.
"On ne peut parler de légitime défense lorsqu’on utilise des armes
perfectionnées et on mitraille des gens qui brandissaient des
fourchettes, des cuillères ou des hampes de drapeau", souligne-t-il.
En septembre dernier, le rapport Palmer de l’ONU avait jugé "excessive"
et déraisonnable cette intervention militaire, mais avait considéré
comme étant légal le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Cette affaire avait provoqué une grave crise diplomatique entre la
Turquie et Israël, autrefois alliés. Ankara a abaissé le niveau de sa
représentation diplomatique dans l’Etat hébreu, suspendu la coopération
militaire et expulsé l’ambassadeur d’Israël.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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