L’armée syrienne concentrait jeudi ses bombardements sur la ville de
Rastan, un bastion important de l’armée rebelle, qualifiée la veille
par le président Bachar al-Assad de "bande de criminels".
Face à un régime qui, fort notamment du soutien de son allié russe,
tient bon malgré plus de 14 mois de révolte, l’opposition montrait par
ailleurs de nouveaux signes de division.
Les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation
sur le terrain en Syrie, ont en effet menacé de se retirer du Conseil
national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, en raison
du "monopole" de pouvoir au sein de cette instance.
Dans la province de Homs (centre), Rastan a été violemment bombardée à
l’aube par l’armée qui veut la "détruire graduellement", selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
La ville a été bombardée à un rythme de "trois obus par minute", a
affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahman, président de l’ONG basée en
Grande-Bretagne.
Rami Abdel Rahman a appelé les observateurs de l’ONU déployés dans le
pays pour surveiller la trêve violée chaque jour à se "diriger
immédiatement vers la ville de Rastan que le régime cherche à détruire
graduellement".
Encerclée par l’armée, Rastan abrite, selon des militants, un grand
nombre de hauts gradés rebelles qui la défendent farouchement.
Cette ville échappe depuis plusieurs mois au contrôle des troupes
gouvernementales qui ont tenté à plusieurs reprises, en vain, de la
reprendre. Le 14 mai, 23 soldats avaient été tués lors d’une tentative
d’assaut.
Les troupes syriennes avaient mené mercredi des opérations meurtrières
dans plusieurs régions du pays, notamment dans les provinces de Deraa
(sud) et Idleb (nord-ouest), ainsi qu’à Homs, tuant au moins 44
personnes, en majorité des civils, selon l’OSDH.
Sur le plan politique, les LCC ont demandé, dans un communiqué, au CNS
de remédier à certaines "erreurs" sous peine de quoi ils pourraient
suspendre, voire retirer, leur adhésion à cette instance.
Cette menace intervient deux jours après la décision de maintenir à la
tête du CNS Burhan Ghalioun, bien que contesté par certains au sein du
Conseil et malgré les règles de fonctionnement qui imposent une
présidence tournante tous les trois mois.
Parmi ces "erreurs" figurent, selon les militants, "l’absence totale
d’harmonie entre la vision du CNS et celle du mouvement
révolutionnaire", "la marginalisation de la plupart des représentants"
des LCC au sein du Conseil et la "monopolisation des décisions par des
membres influents du bureau exécutif".
Le CNS est critiqué notamment pour ne pas assez coordonner son action
avec les militants sur le terrain et pour la grande influence des Frères
musulmans en son sein.
Sommé par de nombreux pays occidentaux de quitter le pouvoir mais
bénéficiant du soutien indéfectible de Moscou, le président Assad a lui
affirmé à une chaîne de télévision russe que les législatives du 7 mai,
marquées par un boycott de l’opposition, avaient montré que les Syriens
soutenaient son régime face à l’opposition et aux "terroristes".
Il a en outre accusé l’opposition de recevoir "des armes et de l’argent"
de différents pays étrangers, déplorant que les pays occidentaux ne
parlaient que de la "violence de la part du gouvernement, jamais un mot
sur les terroristes".
Le quotidien Washington Post, citant des responsables américains et
étrangers, a rapporté mercredi que les Etats-Unis aidaient à coordonner
l’arrivée d’armes en Syrie à destination des rebelles, sans toutefois
leur fournir ce matériel.
En 14 mois, plus de 12 000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité
des civils, selon l’OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont
en outre réfugiés dans les pays voisins.
Les violences ont fait tache d’huile au Liban où des affrontements entre
pro et anti-Assad ont lieu quasi quotidiennement depuis samedi dans la
grande ville du nord, Tripoli.
Une personne a été tuée et sept autres blessées jeudi dans des combats
"à la roquette et à la mitrailleuse" entre des habitants du quartier de
Bab al-Tebbaneh, majoritairement sunnite et hostile au régime syrien, et
le quartier voisin de Jabal Mohsen, à majorité alaouite pro-régime,
selon un responsable des services de sécurité à l’AFP.
Le mort de jeudi porte à 10 le nombre de personnes tuées depuis samedi dans ces combats.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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