L’accord de levée de la grève de la faim massive des détenus
palestiniens d’Israël éloigne le risque de confrontation et consacre le
succès de la stratégie de mobilisation non violente commune aux
mouvements palestiniens.
Le dénouement de la crise, quelques heures avant l’anniversaire de la
"Nakba" ("catastrophe" en arabe, terme par lequel les Palestiniens
désignent la création d’Israël en 1948), propice aux affrontements,
soulage tous les protagonistes, régionaux et internationaux.
L’envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie,
Union européenne, ONU) Tony Blair a assuré avoir "exhorté les
responsables israéliens à plusieurs reprises la semaine dernière à
résoudre rapidement la crise afin d’éviter une issue tragique
susceptible de déstabiliser la situation sur le terrain".
Le mouvement islamiste Hamas et le Jihad islamique, auquel appartenaient
la plupart des grévistes de longue durée, avaient promis à Israël des
représailles en cas de décès d’un d’entre eux.
"S’il était arrivé malheur à Thaër ou Bilal (qui ont mené une grève de
la faim record de 76 jours, NDLR), par exemple, cela aurait poussé le
Jihad islamique à réagir immédiatement en tirant des roquettes de la
bande de Gaza sur Israël, ce que ne veut pas le Hamas, attaché au
maintien du calme à Gaza", a expliqué sous le couvert de l’anonymat un
responsable palestinien proche du dossier.
Le Hamas a dépêché la semaine dernière au Caire une délégation
d’ex-prisonniers pour participer aux tractations, sous la médiation des
services de renseignements égyptiens.
"Outre l’inquiétude d’Israël, certains milieux palestiniens redoutaient
que la grève ne dégénère en nouvelle Intifada, à laquelle
participeraient des dirigeants de la première et la deuxième, mais cette
fois à l’intérieur des prisons israéliennes", a indiqué à l’AFP
l’analyste politique palestinien Khalil Chahine.
Le porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mark
Regev, a présenté l’accord comme un "geste" envers le président
palestinien Mahmoud Abbas afin d’"établir la confiance entre les
parties".
Mais l’ONG Médecins pour les droits de l’Homme-Israël (PHR-Israël) a
"déploré que les autorités israéliennes aient violé pendant des années
les droits des détenus, les obligeant à risquer leur vie dans leur
lutte".
"Les détenus palestiniens ont prouvé qu’une lutte juste et non violente
peut apporter d’importants succès et éveiller la conscience mondiale", a
estimé Anat Litvin, directrice du département des prisonniers de l’ONG.
Le Centre palestinien pour les droits de l’Homme (PCHR) à Gaza a
également rendu hommage dans un communiqué à "la plus sérieuse et plus
longue grève de la faim dans les prisons israéliennes".
"L’accord n’aurait pas été obtenu sans la lutte et l’obstination des
prisonniers qui ont mis leur vie en danger, dans l’une des plus hautes
formes de résistance et de protestation pacifique", ajoute l’ONG.
Le président Abbas a évoqué, dans un discours lundi soir à l’occasion de
la "Nakba", "la résistance populaire pacifique contre l’occupation, la
colonisation et le mur, à laquelle participent des militants étrangers
et pacifistes israéliens", ainsi que le "boycottage des produits des
colonies, sur place et à l’étranger".
"Nos nouveaux héros sont Gandhi, Mandela et Martin Luther King", se
plaît à répéter le négociateur palestinien Nabil Chaath, en référence au
mot d’ordre de "résistance populaire pacifique", auquel le Hamas s’est
officiellement rallié en 2011.
Dans un rapport publié mardi, le directeur d’un des principaux instituts
de sondage palestiniens, Khalil Chikaki, rappelle qu’une "majorité de
Palestiniens s’oppose au recours à la violence comme moyen de résister à
l’occupation israélienne".
"Mais malgré le fort soutien qu’ils apportent à la résistance non
violente (61%)", relève-t-il "bien peu de Palestiniens y participent".
(15 mai 2012 - Al Oufok avec les agences de presse)
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