Le ministre bahreïni de la Justice a affirmé que le pouvoir était prêt
au dialogue avec l’opposition chiite mais jugé inadmissible qu’elle
"prenne en otage la sécurité" du petit royaume du Golfe.
"La porte reste toujours ouverte au dialogue, mais ce dialogue doit être
fondé sur une franche dénonciation de la violence et sur l’acceptation
de toutes les composantes de la société", a déclaré Khaled Ben Ali
Al-Khalifa , membre de la dynastie sunnite au pouvoir, dans un entretien
avec l’AFP jeudi.
L’opposition, dirigée par les chiites, majoritaires dans le pays, anime
depuis février 2011 un mouvement de contestation pour réclamer une
monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité
parlementaire.
L’amendement de la Constitution, ratifié début mai par le roi Hamad Ben
Issa Al-Khalifa, "accorde à la Chambre élue de plus larges prérogatives
pour le contrôle de l’action du gouvernement", a expliqué le ministre.
Les élus ont désormais "le pouvoir de voter la défiance du Premier
ministre pour non-coopération", sans en référer à la Chambre haute, dont
les membres sont désignés par le pouvoir, a-t-il précisé.
Mais l’opposition juge cette réforme "insuffisante" et ses partisans
multiplient les appels au départ notamment du Premier ministre, cheikh
Khalifa Ben Salman Al-Khalifa, en poste depuis plus de 40 ans.
A la question de savoir si un tel départ est possible, le ministre de la
Justice a répondu par l’affirmative. "Après le dernier amendement, un
chef de gouvernement peut être démis si la chambre élue vote sa
défiance", a-t-il dit.
L’opposition chiite n’est cependant plus représentée à la Chambre des
députés depuis la démission de ses 18 élus fin février 2011 pour
protester contre la répression de la contestation. Elle a ensuite
boycotté des élections partielles en septembre.
"Selon la Constitution, le poste de Premier ministre n’est pas l’apanage
d’une famille ou d’une communauté", a assuré le ministre, ajoutant
toutefois que "cheikh Khalifa n’a jamais été aussi populaire que depuis
le début de la crise".
Il a jugé "inadmissible" que l’opposition "prenne en otage la sécurité"
du pays pour faire valoir ses revendications "d’autant que sur le
principe, il n’y a pas de refus de ces revendications (...) mais de la
manière" de les faire aboutir.
"Ces revendications ne doivent pas conduire à la violence, diviser la
population ou être parrainées par des chefs religieux, ce qui leur
confère une dimension confessionnelle", a-t-il expliqué.
Il a déploré "une montée de la violence" dans les villages chiites où
les forces de sécurité sont désormais "la cible de cocktails molotov,
après une fatwa appelant les manifestants à écraser" les policiers.
Le ministre se référait à l’ayatollah Issa Qassem, chef spirituel des
chiites bahreïnis, qui a déclaré le 20 janvier à l’adresse de ses
adeptes : "celui qui agresse une croyante, écrasez-le !".
Le ministre a encore rejeté "l’esprit de rancoeur qui favorise la violence".
Le ministre, chargé du suivi de l’application des recommandations de la
Commission d’enquête indépendante sur la répression sanglante en mars
2011 d’un mois de manifestations, se veut optimiste quant à "de
véritables réformes".
Le rapport de cette commission, qui avait conclu à un usage excessif de
la force dans la répression des manifestations qui s’était soldée par 35
morts (30 civils, dont cinq décédés sous la torture, et cinq
policiers), "a été d’une grande importance pour nous pour avoir révélé
la réalité" des abus en matière des droits de l’Homme, a-t-il indiqué.
Amnesty International estime pour sa part que 60 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement.
"Sur les 26 recommandations de la commission, 16 ont été appliquées et
les autres sont en cours d’exécution", a-t-il affirmé, précisant
notamment que 10 affaires de torture étaient jugées par les tribunaux et
que 150 autres étaient en instruction.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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