jeudi 24 mai 2012

Bahreïn: Le pouvoir est prêt au dialogue avec l'opposition

Le ministre bahreïni de la Justice a affirmé que le pouvoir était prêt au dialogue avec l’opposition chiite mais jugé inadmissible qu’elle "prenne en otage la sécurité" du petit royaume du Golfe.

"La porte reste toujours ouverte au dialogue, mais ce dialogue doit être fondé sur une franche dénonciation de la violence et sur l’acceptation de toutes les composantes de la société", a déclaré Khaled Ben Ali Al-Khalifa , membre de la dynastie sunnite au pouvoir, dans un entretien avec l’AFP jeudi.

L’opposition, dirigée par les chiites, majoritaires dans le pays, anime depuis février 2011 un mouvement de contestation pour réclamer une monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
L’amendement de la Constitution, ratifié début mai par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, "accorde à la Chambre élue de plus larges prérogatives pour le contrôle de l’action du gouvernement", a expliqué le ministre.

Les élus ont désormais "le pouvoir de voter la défiance du Premier ministre pour non-coopération", sans en référer à la Chambre haute, dont les membres sont désignés par le pouvoir, a-t-il précisé.
Mais l’opposition juge cette réforme "insuffisante" et ses partisans multiplient les appels au départ notamment du Premier ministre, cheikh Khalifa Ben Salman Al-Khalifa, en poste depuis plus de 40 ans.
A la question de savoir si un tel départ est possible, le ministre de la Justice a répondu par l’affirmative. "Après le dernier amendement, un chef de gouvernement peut être démis si la chambre élue vote sa défiance", a-t-il dit.

L’opposition chiite n’est cependant plus représentée à la Chambre des députés depuis la démission de ses 18 élus fin février 2011 pour protester contre la répression de la contestation. Elle a ensuite boycotté des élections partielles en septembre.
"Selon la Constitution, le poste de Premier ministre n’est pas l’apanage d’une famille ou d’une communauté", a assuré le ministre, ajoutant toutefois que "cheikh Khalifa n’a jamais été aussi populaire que depuis le début de la crise".

Il a jugé "inadmissible" que l’opposition "prenne en otage la sécurité" du pays pour faire valoir ses revendications "d’autant que sur le principe, il n’y a pas de refus de ces revendications (...) mais de la manière" de les faire aboutir.

"Ces revendications ne doivent pas conduire à la violence, diviser la population ou être parrainées par des chefs religieux, ce qui leur confère une dimension confessionnelle", a-t-il expliqué.

Il a déploré "une montée de la violence" dans les villages chiites où les forces de sécurité sont désormais "la cible de cocktails molotov, après une fatwa appelant les manifestants à écraser" les policiers.
Le ministre se référait à l’ayatollah Issa Qassem, chef spirituel des chiites bahreïnis, qui a déclaré le 20 janvier à l’adresse de ses adeptes : "celui qui agresse une croyante, écrasez-le !".
Le ministre a encore rejeté "l’esprit de rancoeur qui favorise la violence".

Le ministre, chargé du suivi de l’application des recommandations de la Commission d’enquête indépendante sur la répression sanglante en mars 2011 d’un mois de manifestations, se veut optimiste quant à "de véritables réformes".

Le rapport de cette commission, qui avait conclu à un usage excessif de la force dans la répression des manifestations qui s’était soldée par 35 morts (30 civils, dont cinq décédés sous la torture, et cinq policiers), "a été d’une grande importance pour nous pour avoir révélé la réalité" des abus en matière des droits de l’Homme, a-t-il indiqué.

Amnesty International estime pour sa part que 60 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement.
"Sur les 26 recommandations de la commission, 16 ont été appliquées et les autres sont en cours d’exécution", a-t-il affirmé, précisant notamment que 10 affaires de torture étaient jugées par les tribunaux et que 150 autres étaient en instruction.

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