dimanche 20 mai 2012

Syrie : Combats à Damas, nouvel appel international à l'arrêt des violences

De violents combats entre soldats et insurgés ont secoué dimanche plusieurs secteurs de Damas malgré un nouvel appel de la communauté internationale à cesser "immédiatement" les violences qui ensanglantent le pays depuis plus de 14 mois.

Signe que l’émissaire international Kofi Annan n’arrive toujours pas à faire respecter son plan de paix, le cessez-le-feu théoriquement entré en vigueur le 12 avril a été encore ignoré et une roquette s’est d’ailleurs abattue à quelques mètres des observateurs de l’ONU à Douma, une banlieue de Damas.

L’incident n’a toutefois fait aucun blessé, a rapporté une journaliste de l’AFP sur place.

Quelque 260 observateurs se trouvent actuellement en Syrie pour surveiller cette trêve continuellement violée, avec à nouveau quatre morts dimanche à travers le pays.

A Damas, des combats ont éclaté à l’aube dans le quartier de Kafar Soussé, où l’armée a dépêché d’importants renforts. D’autres accrochages ont éclaté à la périphérie sud de la capitale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et, plus près du centre-ville, des tirs ont été entendus sur la place ultra-protégée des Abbassides.

Ces combats sont survenus au lendemain d’un attentat suicide à la voiture piégée qui a frappé pour la première fois Deir Ezzor (est) faisant neuf morts et une centaines de blessés. En outre, 24 personnes ont été tuées dans la répression et les combats.

Plusieurs attentats ont secoué la Syrie depuis le début de la révolte contre le régime du président Bashar al-Assad en mars 2011, la plupart revendiqués par des groupuscules obscurs. Pouvoir et opposition se sont rejeté la responsabilité de ces attaques qui ont fait des dizaines de morts.

Ajoutant à la confusion, des hauts responsables ont démenti à la télévision d’Etat des informations faisant état de leur assassinat, après la diffusion par les chaînes satellitaires arabes Al-Jazeera et Al-Arabiya d’une vidéo d’un homme revendiquant le meurtre de six responsables proches de Assad.

Il s’agit de Assef Chawkat, beau-frère du président et chef des renseignements militaires, des ministres de l’Intérieur Mohammad al-Chaar et de la Défense Daoud Rajha, de Hicham Bakhtiar, chef de la Sécurité nationale, de Hassan Turkméni, adjoint au vice-président, et de Mohammad Saïd Bakhtian, adjoint au chef du parti Baas au pouvoir.


"Ce que diffuse la dégoûtante chaîne Al-Jazeera est totalement sans fondement. Il s’agit de mensonges et de calomnies", a réagi Mohammad al-Chaar. Hassan Turkméni, apparu à l’écran, a qualifié la nouvelle de "comble de la désinformation".

Du côté de l’opposition, Jabr al-Chufi, membre du Conseil national syrien (CNS), a exprimé des doutes, estimant que le but de la vidéo était "de semer la confusion".

Les huit pays les plus industrialisés du G8 ont appelé samedi, dans leur communiqué final à Camp David, le gouvernement syrien "et toutes les parties" à faire cesser immédiatement la violence et à appliquer le plan Annan.

"Nous sommes consternés par les pertes en vies humaines, la crise humanitaire et les violations graves et étendues des droits de l’Homme en Syrie", ont indiqué les chefs d’Etat et de gouvernement, se disant "déterminés à envisager d’autres mesures à l’ONU en fonction des besoins".

La Russie, membre du G8, continue de s’opposer à toute ingérence dans les affaires de son proche allié syrien. "Il ne peut pas y avoir de changement de régime par la force. Les Syriens doivent pouvoir régler leurs affaires eux-mêmes", a dit le conseiller du Kremlin, Mikhaïl Margelov.

A New York, le nouveau ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a évoqué avec le patron de l’ONU Ban Ki-moon "la situation extrêmement grave en Syrie et ses conséquences préoccupantes" sur les pays voisins.

Au Liban voisin justement, des combats entre sunnites anti-Assad et alaouites pro-Assad ont fait dix morts durant la semaine écoulée, poussant les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar à appeler leurs ressortissants à éviter de se rendre dans ce pays.

Après une accalmie, un dignitaire religieux sunnite, connu pour ses critiques à l’encontre de la Syrie, a été tué dimanche par l’armée lorsque son convoi ne s’est pas arrêté à un barrage militaire dans le Nord, a affirmé à l’AFP un responsable des services de sécurité.

Une autre personne qui se trouvait dans la voiture a été tuée. Cet incident a provoqué une tension dans la zone, après les combats à Tripoli.

En Jordanie, un autre voisin de la Syrie, les Nations Unies ont annoncé avoir enregistré quelque 500 réfugiés palestiniens ayant fui la Syrie depuis l’éclatement de la révolte en mars 2011.

Enfin, la Suisse a ouvert des enquêtes pour des soupçons de blanchiment d’argent visant le régime syrien et la Libye, a indiqué le procureur fédéral helvétique.

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