Les condamnations se sont multipliées samedi au lendemain du massacre
à Houla, où les observateurs de l’ONU ont compté une centaine de morts
dont plus de 32 enfants, le secrétaire général des Nations unies
accusant Damas de violer le droit international et ses engagements.
Le Koweït a annoncé dimanche avoir l’intention, en sa qualité de
président actuel de la Ligue arabe, de convoquer une réunion d’urgence
de l’organisation, afin d’examiner la situation et de prendre les
mesures destinées à "mettre fin à l’oppression du peuple syrien".
Le ministère koweïtien des Affaires étrangères indique avoir demandé à
la communauté internationale, dans des contacts aux niveaux régional et
international, d’assumer ses responsabilités face à la situation en
Syrie. Les Emirats arabes unis avaient annoncé samedi avoir demandé une
réunion d’urgence à la Ligue arabe.
Paris, Londres et Berlin ont également dénoncé cette tuerie, sans
toutefois relever l’appel lancé par l’Armée syrienne libre (ASL),
composée en majorité de déserteurs, à mener des "raids aériens" contre
le régime de Bashar al-Assad.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a condamné samedi
l’"atrocité" du massacre et déclaré que Washington travaillerait avec
ses alliés pour accroître la pression sur le président Bashar al-Assad
et ses "affidés", affirmant que leur "gouvernement par le meurtre et la
peur devait se terminer".
L’opposition a accusé le pouvoir d’avoir commis ce massacre qui
aurait fait, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH),
114 morts, dont 32 enfants.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et l’émissaire Kofi Annan
ont condamné "dans les termes les plus forts la mort, confirmée par les
observateurs de l’ONU, de dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants" à
Houla, dans le centre de la Syrie, a indiqué Martin Nesirky,
porte-parole de Ban Ki-Moon. "Ce crime révoltant et terrible, dans lequel la
force a été utilisée de manière aveugle et disproportionnée, est une
violation flagrante du droit international et des engagements pris par
le gouvernement syrien de cesser son recours aux armes lourdes dans les
villes et la violence quelle qu’elle soit", ont encore estimé MM. Ban et
Annan, ajoutant que "les auteurs de ces crimes doivent être jugés".
Mme Clinton a également affirmé que "ceux qui ont perpétré cette atrocité doivent être identifiés et doivent en rendre compte".
A Damas, le général Robert Mood, chef des observateurs, a également
condamné "la tragédie brutale" et affirmé que les observateurs avaient
compté plus de 92 morts, dont 32 enfants de moins de 10 ans, ajoutant
que des équipes poursuivaient le décompte sur place.
L’agence officielle SANA a accusé des "groupes terroristes armés"
d’avoir "incendié et fait exploser vendredi soir des maisons (...) afin
de faire croire que les forces armées syriennes bombardaient la région".
Selon l’OSDH, les bombardements ont débuté vendredi midi à la
périphérie de Houla et se sont poursuivis jusqu’à samedi à l’aube. Le
général Mood n’a pas désigné de responsables mais a souligné que "les
observateurs ont confirmé (...) l’usage d’artillerie tirée depuis des
chars".
L’ASL est essentiellement composée de militaires qui désertent avec
leurs armes légères, tandis que les chars de l’armée sont toujours
déployés dans les villes en violation du plan Annan censé mettre fin aux
violences.
Mettant en garde contre une "guerre civile", le général Mood a appelé
le gouvernement "à ne plus utiliser d’arme lourde" et à "cesser de
recourir à la violence", exhortant également "l’opposition à s’abstenir
d’utiliser la violence" afin de parvenir à une "solution politique".
Auparavant, le général Mustafa al-Cheikh, chef du Conseil militaire
de l’ASL, avait appelé "de façon urgente les pays amis de la Syrie à
former une alliance militaire, hors du Conseil de sécurité de l’ONU,
pour mener des raids aériens ciblés contre les gangs d’Assad".
A l’approche de la visite de Kofi Annan en Syrie prévue en début de
semaine, les condamnations du massacre de Houla se sont multipliées.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s’est dite
"consternée" par le massacre, qualifié d’"acte odieux commis par le
régime" de Damas. Berlin s’est dit "horrifié et bouleversé", tandis que
Paris a condamné les "atrocités" infligées aux Syriens.
"Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris le Groupe
des pays amis du peuple syrien", a annoncé le ministre français des
Affaires étrangères, Laurent Fabius. Son homologue britannique, William
Hague, a souhaité "une réponse internationale forte" et annoncé son
intention de demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de
l’ONU "dans les prochains jours".
De son côté, le Conseil de coopération du Golfe a "dénoncé le
massacre commis à Houla par les forces régulières syriennes", appelant
la "communauté internationale à assumer ses responsabilités pour mette
fin à l’effusion de sang en Syrie".
Les Emirats arabes unis ont pour leur part demandé une réunion
urgente de la Ligue arabe alors qu’à Koweït, plusieurs centaines de
manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de Syrie pour
réclamer d’armer l’ASL.
Ailleurs en Syrie, les violences ont fait samedi 20 morts, dont cinq
soldats, selon l’OSDH, qui a fait état de nombreuses manifestations
dénonçant le massacre de Houla.
Selon l’OSDH, plus de 12 600 personnes ont péri depuis le début de la
révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les forces
gouvernementales.
Par ailleurs, le sort de 13 pèlerins chiites libanais enlevés le 22
mai en Syrie était incertain alors que Beyrouth avait annoncé vendredi
qu’ils avaient été libérés et qu’ils étaient en Turquie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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