La révolte en Syrie est entrée mardi dans son quinzième mois avec le
même lot de violences meurtrières et sans aucun signe d’une issue proche
du conflit, la communauté internationale redoutant un échec du plan de
paix de l’émissaire Kofi Annan.
La révolte populaire, lancée le 15 mars 2011 et marquée lors de ses
premiers mois par des manifestations pacifiques, s’est ensuite
militarisée face à la répression brutale menée par les troupes du régime
de Bashar al-Assad qui se targue de l’appui d’une partie de la
population.
Quinze mois plus tard, l’opposition et la rébellion formée de déserteurs
continuent de réclamer le départ du régime qui ne reconnaît pas la
contestation et se dit déterminé à en finir avec ses détracteurs
qualifiés de "terroristes", armés par l’étranger.
Mardi, le régime, qui cherchait à se donner une certaine crédibilité en
organisant des législatives le 7 mai, a annoncé un taux de participation
de 51,26% mais sans préciser les résultats par partis. La communauté
internationale a raillé ce scrutin de même que l’opposition qui l’a
boycotté.
Dans le camp opposé, le Conseil national syrien (CNS), a élu Burhan
Ghalioun à sa tête pour un nouveau mandat de trois mois lors d’une
réunion à Rome.
Burhan Ghalioun, président du CNS depuis sa fondation en octobre 2011, a été appelé à restructurer cette coalition.
Loin des développements politiques, la situation sur le terrain reste dramatique.
Quinze civils et un déserteur ont péri dans la répression et les combats
à travers le pays, où les forces gouvernementales tentent de reprendre
plusieurs régions échappant à leur contrôle et défendues par les
rebelles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
De retour d’une mission clandestine en Syrie, une équipe de Médecins
sans frontières (MSF) a accusé le régime de mettre en place un "blocus
thérapeutique pervers", en arrêtant les médecins et en s’attaquant aux
pharmacies.
"D’après les docteurs syriens, il est au moins aussi dangereux d’être
pris en train de soigner des blessés qu’avec des armes à la main", a dit
un chirurgien de MSF. "Pour moi, qu’une armée régulière pille des
pharmacies, les détruise, c’est complètement inédit. C’est un pas en
avant dans la barbarie".
En 14 mois de violences, plus de 12.000 personnes ont péri, en majorité
des civils abattus par les troupes gouvernementales, et quelque 25.000
sont toujours détenues, selon l’OSDH. Des dizaines de milliers de
Syriens se sont en outre réfugiés dans les pays voisins.
Face à la crise, la communauté internationale n’a pas été en mesure de
colmater ses divisions, Moscou et Pékin appuyant toujours leur allié
syrien.Le plan Annan, préconisant un cessez-le-feu entré en vigueur le 12
avril, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et un
dialogue politique, est resté lettre morte malgré son acceptation par
les protagonistes.
Une mission d’observation de l’ONU a pourtant été déployée pour
superviser l’application du plan. Selon le général norvégien Robert
Mood, chef des observateurs, "plus de 200 observateurs" sont désormais
sur le terrain."La confiance dans les efforts de l’émissaire international commence à
faiblir sérieusement et rapidement", a déclaré lundi soir le chef de la
diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, au nom des six
monarchies du Golfe réunies à Ryad.
Enfin, au Liban voisin, où des heurts confessionnels sur fond de
rivalités entre pro et anti-régime syrien ont fait neuf morts ces quatre
derniers jours, le calme est revenu à Tripoli, la principale ville du
Nord.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire