vendredi 18 mai 2012

Somalie: des pêcheurs dénoncent les frappes aériennes contre les pirates

Des pêcheurs somaliens ont demandé vendredi la fin des frappes aériennes internationales contre des villages côtiers de leur pays, dont ils disent faire les frais, quelques jours après un raid de l'Union européenne (UE) contre une base de pirates.

Un hélicoptère de la force européenne Atalante, parti de l'un des neuf navires de guerre déployés par les pays de l'UE dans l'Océan Indien, a frappé mardi la côte somalienne, une première qui démontre la volonté de la communauté internationale de lutter plus énergiquement contre la piraterie dans la zone.

Mais des pêcheurs de cette région pauvre affirment qu'à cette occasion leurs bateaux aussi ont été détruits. Ils craignent de faire les frais d'autres opérations anti-piraterie.
"Les pirates ne sont pas facilement identifiables, parce qu'ils se mélangent avec les pêcheurs -- les bateaux sont les mêmes et les gens se ressemblent, sauf quand ils sont armés", estime Mohamed Hassan, pêcheur de la région de Harardhere, fief de pirates somaliens.
"Les pêcheurs sont aussi victimes -- certains bateaux détruits par les forces internationales appartiennent aux pêcheurs," poursuit-il, inquiet que des pêcheurs puissent mourir dans les raids.

L'UE a décidé en mars de durcir l'opération Atalante, lancée en 2008, en donnant son feu vert à "des mesures plus énergiques", avec la possibilité de "neutraliser" les dépôts des pirates, à savoir leurs bateaux et leurs réserves, notamment de carburants, sur le littoral.

Mais pour un autre pêcheur somalien, Kahin Abdurahman, plutôt que de mener des raids aériens, les forces étrangères devraient envoyer des troupes au sol, capables de faire la distinction entre les pirates et la population.
"Les forces internationales devraient arrêter de faire voler des hélicoptères et de tirer des missiles depuis le ciel," a-t-il lancé.
Mardi, l'UE a affirmé que son raid a "visé des bateaux de pirates sur une plage" dans la région de Galmudug, au centre de la Somalie, et qu'il n'a fait aucune victime à terre.

"S'ils continuent à attaquer des villages côtiers somaliens, alors il y aura de terribles conséquences," a mis en garde Abdi Yare, un chef pirate à Hobyo, autre base pirate sur la côte somalienne. "Les soi-disant forces anti-piraterie se sont aventurées dans un aspect très dangereux de leur mission."

Outre la protection des navires marchands, Atalante a permis depuis 2008 l'arrestation de 117 pirates présumés et le démantèlement de 27 groupes de pirates en 2011. Le nombre d'attaques réussies par les pirates a diminué mais quelque huit navires et 235 marins seraient toujours otages, selon Atalante.
D'autres pays que les membres de l'UE ont déployé leur marine dans l'Océan Indien pour protéger leurs propres flottes marchandes, contraintes, sur leurs routes, à emprunter le Golfe d'Aden et, plus au large, des eaux de l'Océan Indien infestées de pirates. C'est notamment le cas de la Chine et de la Russie.
L'Otan est elle aussi présente dans l'Océan Indien, avec l'opération Ocean Shield (bouclier océanique) de lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique, qui n'a cependant pas le pouvoir de viser les intérêts des pirates sur la côte.

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