Des affrontements ont fait deux morts lundi à Beyrouth au lendemain
du meurtre d’un dignitaire sunnite hostile au régime syrien, suscitant
la préoccupation de l’ONU et des Etats-Unis et les craintes d’un
débordement de la crise syrienne au Liban voisin.
Les heurts ont eu lieu avant l’aube dans le quartier de Tarik
el-Jdideh entre le mouvement du Futur, à majorité sunnite, mené par Saad
Hariri, chef de l’opposition libanaise hostile au régime de Bashar
al-Assad, et une petite formation également sunnite, le Parti du courant
arabe, pro-Assad.
Ils ont éclaté après la mort dimanche du cheikh sunnite libanais,
Ahmad Abdel Wahed, un critique du régime syrien, et d’un autre cheikh
l’accompagnant par des tirs de l’armée dans le nord du Liban, une région
déjà fragilisée par des heurts confessionnels ayant fait 10 morts ces
derniers jours.
Deux membres du Parti du courant arabe ont été tués et 18 personnes
ont été blessées, selon des sources de sécurité. Le chef de ce parti,
Chaker el-Berjawi, a accusé le groupe rival d’avoir déclenché les
heurts armés.
"Je prie pour qu’on ne revive pas une guerre civile. Malheureusement
je ne vois pas comment nous pourrions éviter l’explosion", dit Abed Ali,
dont la maison a brûlé lors des heurts dans le quartier à majorité
sunnite dans l’ouest de Beyrouth.
"J’en ai marre, j’ai vécu plusieurs années de guerre, je ne peux plus
rester une minute au Liban", s’exclame Amal Khattab, institutrice, en
référence à la guerre civile (1975-1990) et les crises à répétition des
dernières années.
La révolte populaire en Syrie qui s’est militarisée au fil des mois
face à la répression brutale menée par le régime, exacerbe les tensions
au Liban, qui a connu 30 ans d’hégémonie syrienne et reste divisé entre
des camps hostiles et partisans du régime Assad.
Le gouvernement libanais est dominé par le puissant mouvement chiite
armé du Hezbollah, un proche du pouvoir syrien, et ses alliés.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit "inquiet de la
flambée de violence au Liban" après avoir averti que la recherche d’une
solution pacifique à la crise en Syrie était à un "moment critique" et
réitéré sa crainte d’une guerre civile généralisée dans ce dernier pays.
La France a appelé "toutes les parties (libanaises) à rejeter les
provocations" et les Etats-Unis ont fait part de leur "préoccupation" en
"appelant toutes les parties à la retenue et à respecter la sécurité et
la stabilité au Liban".
"Le Liban entraîné de force dans la tourmente syrienne", titrait le quotidien francophone l’Orient Le Jour.
Lors des funérailles organisées à al-Biré (nord) pour les deux
cheikhs tués, des membres de l’opposition libanaise s’en sont violemment
pris au régime syrien ainsi qu’au Hezbollah.
"Le régime syrien ourdit un complot pour semer le chaos au Liban", a
dénoncé Khaled el-Daher, un député sunnite. "Le régime syrien veut
envoyer un message pour dire qu’il est capable de semer le chaos, et le
gouvernement lui sert de paravent (...)", a renchéri son collègue Ammar
Houry.
Un responsable du Hezbollah, Nabil Qaouk, a en revanche accusé
l’opposition d’avoir "impliqué le Liban exprès dans la crise syrienne,
en le transformant en passage et base pour les (rebelles) armés
syriens".
Une enquête militaire est en cours pour déterminer les circonstances
du meurtre des deux cheikhs. Selon les services de sécurité, l’armée a
ouvert le feu lorsque son convoi ne s’est pas arrêté à un barrage, une
version contestée par des témoins.
Vingt-et-un militaires, dont trois officiers sont détenus pour interrogatoire, selon une source judiciaire.
Dans ce contexte de violences, les Emirats arabes unis, le Qatar,
Bahreïn et el Koweït ont appelé leurs citoyens à éviter le Liban.
L’ambassade des Etats-Unis a mis en garde ses ressortissants contre la
possibilité de violences.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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