L’opposition syrienne a réclamé samedi une réunion d’urgence du
Conseil de sécurité de l’ONU après les bombardements des forces
gouvernementales qui ont fait plus de 90 morts, dont 24 enfants, dans la
région de Houla (centre).
Alors que la trêve qu’il avait négociée il y a un mois et demi est
quotidiennement violée, l’émissaire international Kofi Annan devrait se
rendre en Syrie en début de semaine prochaine, selon des diplomates.
Plus de 90 civils, dont 25 enfants, ont été tués depuis vendredi dans
des bombardements de l’armée près de Houla, dans la province de Homs, a
déclaré le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH),
Rami Abdel Rahman, dont le bilan précédent s’élevait à 50 morts.
Les bombardements ont débuté vendredi midi à la périphérie de Houla,
en particulier sur les villages de Taldo au sud et Tibé à l’ouest, et
ils se sont poursuivis jusqu’à l’aube, a-t-il précisé. Samedi, de
nombreux habitants de Tibé et Taldo fuyaient vers le centre de Houla par
crainte de nouveaux bombardements, tandis que des vidéos amateur mises
en ligne sur YouTube montraient des images terribles de cadavres
d’enfants gisant par terre.
L’OSDH a dénoncé l’inaction de la communauté internationale et de la
Ligue arabe, les qualifiant de "complices du régime syrien dans le
massacre de Houla". Vendredi soir, Rami Abdel Rahmane s’était interrogé
sur le rôle des observateurs des Nations unies déployés depuis avril
pour surveiller un cessez-le-feu largement ignoré. "On parle depuis midi
de bombardements et aucun des observateurs basés à Homs n’a bougé",
avait-il déclaré.
Le Conseil national syrien (CNS) a pressé dans un communiqué le
Conseil de sécurité de l’ONU de convoquer une réunion d’urgence "pour
examiner la situation à Houla et pour déterminer les responsabilités des
Nations unies face à de tels massacres". Selon l’OSDH, plus de 100
personnes ont été tuées par les forces du régime depuis vendredi,
journée qui a connu de très importantes manifestations contre le régime
dans l’ensemble du pays et en particulier à Alep (nord), deuxième ville
du pays.
Restée longtemps à l’écart de la contestation, Alep a connu vendredi
des rassemblements de dizaines de milliers de personnes, du jamais vu
depuis le début de la révolte contre le président Bashar al-Assad en
mars 2011, selon Rami Abdel Rahman. Face à cette situation, des blindés
de l’armée sont entrés pour la première fois dans les rues d’Alep, selon
l’OSDH.
A la frontière avec la Turquie, des hélicoptères des forces
gouvernementales ont mené pour la premières fois des raids sur les zones
rebelles kurdes, a indiqué OSDH, faisant état d’une vingtaine de
blessés parmi les habitants.
Vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait prévenu
que les opposants au régime contrôlaient désormais des parties
"importantes" de certaines villes de Syrie, où le risque d’un conflit à
grande échelle s’accroît.
Les forces gouvernementales syriennes sont toujours responsables de
violations "massives" des droits de l’Homme, les opposants intensifient
leurs opérations et "des groupes terroristes établis" sont soupçonnés
d’être impliqués dans plusieurs attaques, a détaillé M. Ban dans un
rapport qui doit être débattu devant le Conseil de sécurité la semaine
prochaine.
Ban Ki-Moon a aussi souligné l’accroissement du nombre d’attentats à la
bombe à Damas, Alep, Hama (nord) ou Idleb (nord-ouest), redoutant la
présence d’une "troisième force" terroriste qui pourrait faire obstacle à
un éventuel accord entre le régime et l’opposition.
La présence des observateurs de l’ONU a eu un "effet apaisant" selon
le rapport, qui reconnaît cependant que "le niveau de violence reste
élevé".
Selon l’OSDH, plus de 12.600 personnes ont péri en Syrie depuis le
début de la révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les
forces gouvernementales.
**
La France demande l’application immédiate du plan Annan en Syrie
Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a
demandé samedi l’application immédiate du plan de paix de Kofi Annan en
Syrie et dénoncé le "régime assassin" du président Bashar al Assad après
l’attaque de la ville de Houla.
Cette attaque a fait plus de 90 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, proche de l’opposition.
"Avec ces nouveaux crimes, ce régime assassin enfonce encore davantage
la Syrie dans l’horreur et menace la stabilité régionale", déclare
Laurent Fabius dans un communiqué.
"Les observateurs de l’Onu doivent pouvoir achever leur déploiement pour
mener leur mission et le plan de sortie de l’envoyé spécial conjoint
des Nations unies et de la Ligue arabe, doit être mis en oeuvre sans
délai. Je m’en entretiendrai demain (dimanche) avec Mr. Kofi Annan",
ajoute-t-il. "Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris
le Groupe des pays amis du peuple syrien."
(26 mai 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire