vendredi 25 mai 2012

Egypte : Fin du premier tour de la présidentielle

Le dépouillement des bulletins de vote était en cours dans la nuit de jeudi à vendredi en Égypte à l’issue du premier tour d’une élection présidentielle très disputée par douze candidats briguant la succession de Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire. Quelques heures après la clôture des bureaux de vote, les Frères musulmans, première force politique du pays, ont affirmé que leur candidat Mohammed Morsi était en tête selon les premiers résultats partiels obtenus des bureaux de vote. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a de son côté félicité l’Égypte pour l’élection présidentielle qu’elle a qualifiée d’"historique", ajoutant que Washington était prêt à collaborer avec le gouvernement installé au Caire.

"Nous nous attendons à collaborer avec le gouvernement égyptien démocratiquement élu", a déclaré Mme Clinton dans un communiqué publié par sa porte-parole. Les résultats doivent être annoncés le 27 mai. Si aucun candidat ne remporte la majorité absolue, un second tour est prévu les 16 et 17 juin. Les bureaux de vote ont fermé à 21 heures locales au lieu de 20 heures comme prévu initialement afin d’accueillir le plus grand nombre possible d’électeurs. Le dépouillement a commencé aussitôt après, en présence de représentants des candidats et sous l’oeil vigilant et parfois fasciné de policiers.
Dans un bureau de vote du quartier populaire de Sayyeda Zeinab, au Caire, le dernier chef de gouvernement de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, était nettement en tête, suivi de près par le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi.
Venaient ensuite l’islamiste modéré Abdel Moneim Abul Fotuh, l’ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa et Mohammed Morsi. Au niveau national, il est presque impossible de prédire une tendance. Les Frères musulmans ont indiqué lors d’une conférence de presse que leur candidat menait dans 236 des 13 000 bureaux de vote.

"J’ai confiance dans le fait que, comme le montrent les (premières) indications, notre candidat est en tête", a déclaré Essam al-Erian, vice-président du Parti de la justice et de la liberté, issu de la confrérie islamiste.
L’issue du vote est cruciale pour l’orientation que prendra le pays le plus peuplé du monde arabe, avec quelque 82 millions d’habitants, partagé entre la tentation islamiste et celle d’une normalisation incarnée paradoxalement par des personnalités de l’ère Moubarak. Trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, le président de la Commission électorale Farouk Soltan a estimé le taux de participation à 50 %. Cité par l’agence officielle Mena, il a également déclaré que le deuxième jour de vote s’était en général déroulé de manière "calme et organisée".

"Nous allons voter sans savoir qui va gagner", s’est réjouie Noha Hamdi, 27 ans, rencontrée dans un bureau de vote d’Héliopolis, dans la banlieue du Caire. "Je n’avais jamais voté avant, parce que le gagnant était toujours connu d’avance. Cette fois, je sens que mon vote [...] fera une différence."
Les autorités avaient donné une journée de congé aux fonctionnaires pour qu’ils puissent voter et le gouvernement avait demandé aux citoyens de remplir "leur devoir national en cette étape historique [...] afin que la voix du peuple soit entendue". Plus de 50 millions d’électeurs étaient appelés à choisir entre 12 candidats : islamistes, laïques, de gauche ou libéraux, partisans de la "révolution" ou anciens responsables du régime Moubarak. Après des décennies de scrutins joués d’avance, c’est la première fois que les Égyptiens choisissent librement leur chef d’État.

La presse égyptienne a salué le scrutin comme "libre et historique", se réjouissant que la première journée se soit déroulée dans le calme et la "joie", malgré les incertitudes pesant sur le pays. Pendant la période de transition, émaillée de violences et de protestations, l’armée au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak est devenue la cible de la colère des militants pro-démocratie qui l’accusent d’avoir continué la politique de répression de l’ancien régime. Le Conseil militaire s’est engagé à remettre le pouvoir à un nouveau président avant la fin juin. De nombreux analystes estiment toutefois que l’armée, épine dorsale du système depuis la chute de la monarchie en 1952 et qui détient un patrimoine économique considérable, restera un acteur important de la vie politique.

Les pouvoirs du futur président restent imprécis, la Constitution en vigueur sous M. Moubarak ayant été suspendue et la rédaction de la future loi fondamentale étant au point mort. Et le chef de l’État devra faire face à une situation économique préoccupante, combinant les inégalités sociales extrêmes héritées de l’ancien régime et le fort ralentissement de l’activité, notamment dans le secteur touristique, depuis la révolte de janvier/février 2011 qui a renversé Moubarak. Pendant que les Égyptiens votent, Moubarak, qui a gouverné pendant presque 30 ans, est hospitalisé près du Caire. Jugé pour la mort de manifestants durant la révolte et accusé de corruption, l’ancien raïs, âgé de 84 ans, sera fixé sur son sort le 2 juin. Le parquet a requis la peine de mort.

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