Des divisions sont apparues au sein de la principale coalition de
l’opposition syrienne, son chef Burhan Ghalioun se disant prêt jeudi à
démissionner dès qu’un successeur aura été nommé, à la suite de
critiques liées à sa réélection.
Sur le terrain pendant ce temps, l’armée syrienne concentrait ses
bombardements sur la ville de Rastan, un bastion important des forces
rebelles, qualifiées la veille par le président Bashar al-Assad de
"bande de criminels".
"Je n’accepterai pas d’être le candidat de la division, je ne suis pas
attaché à un poste, j’annonce donc que je me retirerai dès que le choix
se portera sur un nouveau candidat, soit par consensus soit à travers de
nouvelles élections", a indiqué Burhan Ghalioun, reconduit mardi à la tête
du Conseil national syrien (CNS).
Quelques heures plus tôt les Comités locaux de coordination (LCC), qui
animent la contestation sur le terrain, ont menacé de se retirer du CNS,
dénonçant un "monopole" du pouvoir au sein de cette instance.
Les détracteurs du CNS lui reprochent essentiellement la grande
influence des Frères musulmans en son sein et son manque de coordination
avec les militants sur le terrain.
Des militants avaient d’ailleurs critiqué la réélection de M. Ghalioun,
estimant qu’elle avait été imposée par les Frères musulmans.
Partisan d’une gauche nationaliste arabe, adoubé par la confrérie,
Ghalioun avait émergé comme la personnalité capable de rassembler au
sein d’un conseil composé de multiples tendances (islamistes,
nationalistes, libéraux).
Bien que contesté, il a été reconduit à plusieurs reprises faute de
consensus en faveur d’un autre opposant, malgré les règles du CNS, qui
imposent une présidence tournante tous les trois mois.
Face à l’oppsoiton divisée, le régime tient bon malgré plus de 14 mois
de révolte, fort notamment du soutien de la Russie, dont le Premier
ministre Dmitri Medvedev a mis en garde les Occidentaux contre des
interventions militaires "hâtives" qui peuvent amener des extrémistes au
pouvoir, des conflits régionaux voire une guerre nucléaire.
Dans la province de Homs (centre), Rastan a été violemment bombardée à
l’aube par l’armée, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH).
La ville a reçu jusque "trois obus par minute", a affirmé à l’AFP Rami
Abdel Rahman, président de l’ONG basée en Grande-Bretagne.
Rami Abdel Rahman a appelé les observateurs de l’ONU déployés dans le
pays pour surveiller la trêve violée quotidiennement à se "diriger
immédiatement vers la ville de Rastan que le régime cherche à détruire
graduellement".
Encerclée par l’armée, Rastan abrite, selon des militants, un grand
nombre de hauts gradés rebelles qui la défendent farouchement.
Cette ville échappe depuis plusieurs mois au contrôle des troupes
gouvernementales qui ont tenté à plusieurs reprises, en vain, de la
reprendre. Le 14 mai, 23 soldats avaient été tués lors d’une tentative
d’assaut.
Ailleurs, les troupes gouvernementales se sont déployées dans plusieurs
quartiers de la ville de Deraa (sud) pour tenter "de mettre fin à la
grève générale". Des tirs nourris ont été entendus, selon l’OSDH.
Mercredi, au moins 44 personnes, en majorité des civils, ont été tuées
dans les violences notamment dans les provinces de Deraa et Idleb
(nord-ouest), ainsi qu’à Homs, selon l’OSDH.
Le président Bashar al-Assad a affirmé à une chaîne de télévision russe
que les législatives du 7 mai, marquées par un boycott de l’opposition,
avaient montré que les Syriens soutenaient son régime face à
l’opposition et aux "terroristes".
Il a en outre accusé l’opposition de recevoir "des armes et de l’argent"
de différents pays étrangers, déplorant que les pays occidentaux ne
parlent que de la "violence de la part du gouvernement, jamais un mot
sur les terroristes".
Le Washington Post, citant des responsables américains et étrangers, a
rapporté mercredi que les Etats-Unis aidaient à coordonner l’arrivée
d’armes en Syrie à destination des rebelles, sans toutefois leur fournir
ce matériel.
En 14 mois, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité
des civils, selon l’OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont
en outre réfugiés dans les pays voisins.
Les violences ont fait tache d’huile au Liban où des affrontements entre
pro et anti-Assad ont lieu quasi quotidiennement depuis samedi dans la
grande ville du nord, Tripoli faisant 10 morts.
Jeudi, une personne a été tuée et sept autres blessées dans les combats
entre habitants du quartier de Bab al-Tebbaneh, majoritairement sunnite
et hostile au régime syrien, et le quartier voisin de Jabal Mohsen, à
majorité alaouite pro-régime, a indiqué un responsable des services de
sécurité à l’AFP.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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