La Russie a jugé mercredi "prématurée" toute nouvelle action de l’ONU
contre la Syrie et a condamné le renvoi "contreproductif" des
ambassadeurs syriens dans un nouveau bras de fer avec l’Occident après
le massacre de Houla. "Nous estimons que l’examen au Conseil de sécurité
de l’ONU de toute nouvelle mesure pour influer sur la situation est
prématurée", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi
Gatilov à l’agence russe INTERFAX.
Le diplomate a estimé que "la déclaration à la presse du président du
Conseil de sécurité de l’ONU concernant les évènements tragiques à
Houla" avait été "un signal assez fort pour la partie syrienne et
représente une réaction suffisante du Conseil de sécurité de l’ONU". Les
Occidentaux ont durci mardi leur position à l’égard du régime de Bashar
el-Assad, Européens et Américains annonçant l’expulsion des
représentants diplomatiques syriens dans leurs capitales en représailles
au massacre de Houla qui a fait 108 morts.
Guennadi Gatilov commentait les appels du chef de la diplomatie
allemande Guido Westerwelle à convoquer une nouvelle réunion du conseil
de sécurité de l’ONU. Des diplomates russes ont par ailleurs critiqué la
déclaration du président français François Hollande, qui a envisagé
mardi soir une intervention armée sous mandat de l’ONU en Syrie. Le
président français doit rencontrer vendredi son homologue russe Vladimir
Poutine qui effectuera une visite en France.
"Nous avons toujours dit que nous sommes contre toute intervention
extérieure dans le conflit syrien parce que cela ne fera qu’aggraver la
situation pour la Syrie et la région et aura des conséquences
imprévisibles", a souligné Guennadi Gatilov. Un autre vice-ministre des
Affaires étrangères, Andreï Denissov, a estimé que la déclaration de
François Hollande avait été dictée par des "émotions". "Parler d’une
intervention extérieure, c’est plutôt la manifestation d’émotions
politiques que d’évaluations, d’une analyse ou d’une approche pondérée",
a souligné le diplomate cité par les agences russes.
"Il faut se poser la question - et après ?", a-t-il poursuivi. "Si on
revient aux épisodes tragiques qui ont déclenché les nouvelles émotions
autour de la crise syrienne (...) il faut faire preuve de bon sens
avant de désigner des coupables et de les stigmatiser", a poursuivi le
diplomate. Moscou a par ailleurs condamné le renvoi "contreproductif"
des ambassadeurs syriens des capitales occidentales. "Les canaux
importants d’échange d’opinions et d’influence sur le gouvernement
syrien pour l’encourager à mettre en oeuvre le plan Annan sont désormais
fermés", a estimé le porte-parole de la diplomatie Alexandre
Loukachevitch.
"On ne veut pas entendre Damas et (...) dans la situation actuelle
cela ne sert pas la cause" du règlement pacifique de la crise, a
poursuivi le porte-parole. La Russie a été très critiquée ces derniers
mois pour avoir fait obstruction, au Conseil de sécurité de l’ONU, à des
résolutions occidentales blâmant le régime de Damas. Moscou a aussi
continué de livrer des armes à son allié de longue date en dépit des
craintes qu’elles soient utilisées dans la répression contre la
population civile. Le Conseil national syrien, principale coalition de
l’opposition, a estimé mercredi que la position de la Russie
encourageait le régime syrien à commettre des "crimes sauvages".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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