Les dirigeants des six monarchies du Golfe tenaient lundi un sommet
consultatif à Ryad pour examiner un projet d’union politique qui
pourrait regrouper dans un premier temps l’Arabie saoudite et Bahreïn.
Les participants vont discuter d’une étude sur "un passage de la phase
de coopération à une phase d’union" entre les membres du Conseil de
coopération du Golfe (CCG), qui réunit également les Emirats arabes
unis, Oman, le Koweït et le Qatar, a déclaré le secrétaire général du
groupe, Abdellatif Zayani.
L’idée d’une union, lancée en décembre par le roi Abdallah d’Arabie
saoudite, intervient dans un contexte de crispation des relations avec
l’Iran, accusé par ses voisins arabes d’ingérence dans leurs affaires
internes.
"L’option de l’union est une urgence" dans la conjoncture actuelle, a
déclaré dimanche le Premier ministre de Bahreïn, le prince Khalifa Ben
Salman Al-Khalifa, dont le pays fait face depuis plus d’un à un
mouvement de contestation populaire animé par l’opposition chiite.
Il a ajouté que les pays du CCG devraient "renforcer leur coordination
dans les domaines sécuritaire et militaire en se dotant d’une structure
unifiée pour assure leur défense".
La ministre d’Etat bahreïnie aux Affaires de l’Information, Samira
Rajab, avait indiqué à l’AFP que l’idée d’union avait "été proposée par
l’Arabie saoudite et (que) Bahreïn l’avait soutenue", laissant entendre
que le projet devrait démarrer avec ces deux pays.
Les spéculations vont bon train sur les détails du projet : le quotidien
arabe Al-Hayat, citant un responsable du CCG, a prédit "une déclaration
d’intentions sur une union entre l’Arabie saoudite, Bahreïn et le
Qatar", à laquelle se joindraient ensuite les autres membres du CCG.
Le groupe n’a cependant toujours pas réussi, 31 ans après sa création, à instaurer une intégration économique entre ses membres.
Il peine à réaliser une union douanière, entrée en vigueur
symboliquement en 2003 et dont la concrétisation est désormais renvoyée à
2015, alors qu’un projet d’une monnaie unique, annoncé initialement
pour 2010, semble en panne.
Politiquement, les monarchies du CCG se présentent en rangs dispersés :
seuls Bahreïn et le Koweït ont des parlements élus, et les partis
politiques sont bannis dans les six pays.
L’idée d’une union saoudo-bahreïnie a suscité des remous à Bahreïn où le
chef du Wefaq, le principal groupe de l’opposition chiite, cheikh Ali
Salman, a exigé que le projet soit préalablement soumis par référendum à
la population, majoritairement chiite.
Le Forum des associations civiles du Golfe, un groupe libéral, a
également réclamé un référendum et appelé Ryad et Manama à "reconsidérer
cette initiative (...) inappropriée".
En Iran, la majorité des membres du Parlement ont "condamné" le projet.
"Les dirigeants saoudiens et bahreïnis doivent savoir que cela va
renforcer l’unité du peuple bahreïni face aux forces d’occupation
(saoudiennes, ndlr) et la crise de Bahreïn va être transférée en Arabie
saoudite et pousser la région vers l’insécurité", ont averti les élus
iraniens dans une lettre.
La tension entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite s’est
aggravée après le déploiement en 2011 de forces saoudiennes à Bahreïn
pour défendre la dynastie sunnite face à un mouvement de révolte de la
majorité chiite de ce pays, accusée d’être soutenus par l’Iran.
Cette crise s’est accentuée avec la répression du soulèvement en Syrie,
dont le régime est un allié de Téhéran, l’influence grandissante de
l’Iran en Irak après le retrait américain et la résurgence d’un conflit
territorial entre la République islamique et les Emirats sur trois îles
du Golfe.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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