lundi 14 mai 2012

Golfe : Les monarchies du Golfe réfléchissent à une union politique

Les dirigeants des six monarchies du Golfe tenaient lundi un sommet consultatif à Ryad pour examiner un projet d’union politique qui pourrait regrouper dans un premier temps l’Arabie saoudite et Bahreïn.
Les participants vont discuter d’une étude sur "un passage de la phase de coopération à une phase d’union" entre les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui réunit également les Emirats arabes unis, Oman, le Koweït et le Qatar, a déclaré le secrétaire général du groupe, Abdellatif Zayani.
L’idée d’une union, lancée en décembre par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, intervient dans un contexte de crispation des relations avec l’Iran, accusé par ses voisins arabes d’ingérence dans leurs affaires internes.
"L’option de l’union est une urgence" dans la conjoncture actuelle, a déclaré dimanche le Premier ministre de Bahreïn, le prince Khalifa Ben Salman Al-Khalifa, dont le pays fait face depuis plus d’un à un mouvement de contestation populaire animé par l’opposition chiite.
Il a ajouté que les pays du CCG devraient "renforcer leur coordination dans les domaines sécuritaire et militaire en se dotant d’une structure unifiée pour assure leur défense".
La ministre d’Etat bahreïnie aux Affaires de l’Information, Samira Rajab, avait indiqué à l’AFP que l’idée d’union avait "été proposée par l’Arabie saoudite et (que) Bahreïn l’avait soutenue", laissant entendre que le projet devrait démarrer avec ces deux pays.
Les spéculations vont bon train sur les détails du projet : le quotidien arabe Al-Hayat, citant un responsable du CCG, a prédit "une déclaration d’intentions sur une union entre l’Arabie saoudite, Bahreïn et le Qatar", à laquelle se joindraient ensuite les autres membres du CCG.
Le groupe n’a cependant toujours pas réussi, 31 ans après sa création, à instaurer une intégration économique entre ses membres.
Il peine à réaliser une union douanière, entrée en vigueur symboliquement en 2003 et dont la concrétisation est désormais renvoyée à 2015, alors qu’un projet d’une monnaie unique, annoncé initialement pour 2010, semble en panne.
Politiquement, les monarchies du CCG se présentent en rangs dispersés : seuls Bahreïn et le Koweït ont des parlements élus, et les partis politiques sont bannis dans les six pays.
L’idée d’une union saoudo-bahreïnie a suscité des remous à Bahreïn où le chef du Wefaq, le principal groupe de l’opposition chiite, cheikh Ali Salman, a exigé que le projet soit préalablement soumis par référendum à la population, majoritairement chiite.
Le Forum des associations civiles du Golfe, un groupe libéral, a également réclamé un référendum et appelé Ryad et Manama à "reconsidérer cette initiative (...) inappropriée".
En Iran, la majorité des membres du Parlement ont "condamné" le projet. "Les dirigeants saoudiens et bahreïnis doivent savoir que cela va renforcer l’unité du peuple bahreïni face aux forces d’occupation (saoudiennes, ndlr) et la crise de Bahreïn va être transférée en Arabie saoudite et pousser la région vers l’insécurité", ont averti les élus iraniens dans une lettre.
La tension entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite s’est aggravée après le déploiement en 2011 de forces saoudiennes à Bahreïn pour défendre la dynastie sunnite face à un mouvement de révolte de la majorité chiite de ce pays, accusée d’être soutenus par l’Iran.
Cette crise s’est accentuée avec la répression du soulèvement en Syrie, dont le régime est un allié de Téhéran, l’influence grandissante de l’Iran en Irak après le retrait américain et la résurgence d’un conflit territorial entre la République islamique et les Emirats sur trois îles du Golfe.

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