lundi 14 mai 2012

Libye : L'OTAN accusée d'avoir minimisé les pertes civiles en Libye

Human Rights Watch estime dans un rapport publié lundi 14 mai que les frappes aériennes menées en Libye par l’OTAN l’an dernier ont coûté la vie à soixante-douze civils et accuse l’Alliance atlantique de ne pas avoir pris la mesure de l’ampleur des dommages "collatéraux" provoqués par ses bombardements.

L’organisation de défense des droits de l’homme affirme qu’elle a mené la plus sérieuse enquête à ce jour sur les raids lancés par l’OTAN contre les forces de Muammar Kadhafi, lequel sera finalement tué par les rebelles libyens le 20 octobre 2011. Son bilan, qui comprend vingt femmes et vingt-quatre enfants tués, est plus lourd que celui de cinquante-cinq tués - dont seize enfants et quatorze femmes - avancé par Amnesty International dans une étude en mars.

L’OTAN était mandatée par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant le recours à la force pour protéger les populations civiles. "Les attaques n’étaient autorisées que sur des cibles militaires et de sérieuses questions demeurent dans certains cas sur le point de savoir ce que les forces de l’Otan visaient exactement", a déclaré Fred Abrahams, conseiller de HRW, dans un communiqué.

L’OTAN estime que sa campagne de bombardements en Libye, débutée à la fin de mars 2011, a été un succès. L’Alliance a effectué environ vingt-six mille sorties, dont neuf mille six cents raids, et a détruit cinq mille neuf cents jusqu’à la fin de ses opérations, le 31 octobre. L’organisation affirme avoir mené sa campagne avec "un soin et une précision sans précédent", en respectant les conventions humanitaires internationales.

"L’OTAN a fait tout son possible pour minimiser les risques pour les civils, mais dans une campagne militaire complexe, le risque zéro n’existe pas", a déclaré la porte-parole de l’Alliance dans un communiqué. "Nous regrettons profondément tout cas de victime civile pour lequel la responsabilité de l’OTAN pourrait être engagée", a-t-elle précisé.

HRW reconnaît que l’OTAN a pris soin de minimiser les pertes civiles et ajoute que des pays comme la Russie, qui en ont évoqué de très nombreuses, ne l’ont fait que "pour marquer des points politiques". Mais Fred Abrahams, le principal rédacteur du rapport, souligne que le soin apporté par l’OTAN a été "miné par son refus d’examiner les dizaines de morts civils". L’ONG, qui s’appuie sur des enquêtes menées pendant et après le conflit sur les sites bombardés, évoque notamment l’attaque du village de Majer, 160 km à l’est de Tripoli, le 8 août 2011, qui a coûté la vie à trente-quatre civils.

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