Six semaines après avoir ravi la direction du parti centriste Kadima,
Shaul Mofaz a rallié à la surprise générale dans la nuit de lundi à
mardi la coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin
Netanyahu qui, du coup, a renoncé à des élections anticipées.
Mofaz et Netanyahu ont secrètement négocié un accord en vue d’un
gouvernement d’union nationale, selon des sources officielles, alors que
la Knesset avait déjà voté lundi soir un projet de loi de dissolution
de la Chambre en première lecture qu’elle s’apprêtait à voter en
deuxième et troisième lectures.
En vertu de cet accord, Netanyahu a renoncé à des élections
législatives anticipées et Shaul Mofaz doit devenir vice-Premier ministre
et ministre sans portefeuille du nouveau cabinet en gestation.
Benjamin Netanyahu et Mofaz sont notamment convenus qu’un nouveau texte
plus égalitaire remplacera d’ici l’été la Loi Tal qui permet aux juifs
religieux orthodoxes d’être exemptés du service militaire. Shaul Mofaz, un
ancien général, militait pour un changement de cette loi à laquelle sont
opposés les partis laïques.
Des membres du Kadima vont disposer de postes importants, notamment à
la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense et
à celle des Affaires économiques.
L’accord prévoit une relance du processus de paix avec les
Palestiniens et assure le vote du budget de l’Etat pour le prochain
exercice fiscal.
L’accord d’union nationale doit être déposé mardi sur le bureau de la
Knesset pour approbation et permettra à Netanyahu de s’appuyer sur
une étonnante assise de 94 députés à la Knesset, pour un total de 120.
La législature s’achève normalement en octobre 2013, et Shaul Mofaz
s’est engagé à demeurer au sein de la coalition jusqu’à cette échéance.
Les autres détails de cet accord doivent encore être finalisés, mais
il est possible que Mofaz fasse sa prestation de serment dès jeudi
lors d’une séance extraordinaire de la Knesset, selon la radio.
Ce coup de théâtre a pris l’opposition de gauche par surprise. La
nouvelle dirigeante travailliste Shelly Yachimovich a fustigé "un pacte
de lâches" —"le plus ridicule zigzag de l’histoire politique
israélienne", a-t-elle estimé— tandis que sa collègue du parti Meretz
Zehava Galona dénonçait "une basse manoeuvre politique".
Lundi matin, Netanyahu s’était réservé l’effet de surprise en
confirmant durant la séance hebdomadaire du conseil des ministres qu’il
souhaitait organiser des élections anticipées le 4 septembre.
La veille au soir, Netanyahu avait cependant commencé à révéler
discrètement son jeu en indiquant qu’il souhaitait former à l’issue des
élections "un gouvernement aussi large que possible pour assurer
l’avenir d’Israël". Il avait prétexté d’un début d’instabilité politique
pour convoquer des élections anticipées, soulignant qu’il était
préférable d’organiser "une campagne électorale courte de quatre mois
pour assurer la stabilité politique" d’Israël.
Près de la moitié (48%) des Israéliens plébiscitaient Benjamin Netanyahu
comme le meilleur candidat à sa succession, tandis que son parti, le
Likoud, était crédité de 31 sièges de députés.
Le Kadima, première formation d’Israël avec 28 députés, est en
revanche en chute libre. Les sondages ne lui prévoyaient au mieux qu’une
douzaine de mandats. Autant dire que Shaul Mofaz, 63 ans, apparaît comme
un "sauveur" aux yeux de ses camarades de parti.
Ce transfuge du Likoud est un ancien chef d’état-major et ex-patron
de la Défense. A la faveur d’élections primaires entièrement axées sur
son image sécuritaire, il a évincé fin mars Tzipi Livni à la tête du
Kadima.
Ses sympathisants mettent en avant sa riche expérience militaire et
portent notamment à son crédit l’écrasement de la seconde Intifada
palestinienne (2000-2005). Ils font valoir que ses qualités pourront
être mises à profit alors que Netanyahu reproche à l’Iran de faire
planer "une menace existentielle" sur Israël en poursuivant son
programme nucléaire à des fins militaires, ce que Téhéran dément.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire