Le président soudanais Omar el-Béchir a averti jeudi que son pays ne se
soumettrait pas à l’ONU et l’Union africaine, compromettant davantage
l’application d’une résolution enjoignant Khartoum et Juba à cesser
leurs hostilités.
Cette première réaction de Béchir à la résolution de l’ONU du 2 mai
intervient alors que des combats ont été rapportés mercredi le long de
la frontière contestée.
"Nous appliquerons ce que nous voulons. Personne ne peut nous imposer ce
que nous ne voulons pas, ni le Conseil de sécurité de l’ONU, ni le
Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine", a déclaré
M. Béchir dans un discours à Khartoum.
La résolution, qui soutenait une initiative de l’UA, appelle le Soudan
et le Soudan du Sud à cesser leurs combat à la frontière sous peine de
sanctions.
Elle avait également exhorté les deux pays à établir une "zone
démilitarisée sécurisée" à la frontière. Et les deux voisins avaient
jusqu’au 9 mai pour éloigner leurs militaires de 10 km de la frontière.
A l’expiration du délai mercredi, le Soudan du Sud a affirmé avoir
retiré ses hommes de la frontière, mais le Soudan a jugé qu’un accord
sur la frontière était nécessaire avant tout retrait.Béchir s’exprimait devant un millier d’ouvriers du secteur de
l’industrie pétrolière pour marquer la "libération" le mois dernier de
la zone pétrolifère de Heglig, à la frontière, après sa capture pendant
dix jours par les troupes sud-soudanaises.
Juba avait démenti en avoir été chassé, affirmant s’en être retiré sous la pression internationale.
Cet épisode avait fait monter les tensions d’un cran entre les deux
voisins qu’une guerre civile a opposés entre 1983 et 2005, faisant près
de 2 millions de morts.Le Soudan du Sud s’était engagé à appliquer la résolution de l’ONU et
son voisin en avait fait de même, tout en prévenant qu’il pourrait y
avoir "quelques difficultés" dans sa mise en oeuvre.Dans son texte, l’ONU, qui avait qualifié la situation à la frontière de
"grave menace pour la paix et la sécurité internationales", avait donné
jusqu’au 4 mai aux protagonistes pour cesser leurs combats, et trois
mois pour résoudre leurs différends.
Mais mercredi, l’armée soudanaise a annoncé avoir attaqué des troupes
sudistes et des rebelles alliés à ces dernières, les repoussant hors de
deux secteurs dans l’Etat du Darfour-Sud, au Soudan, juste sur la
frontière avec l’Etat du Bahr el-Ghazal occidental, au Soudan du Sud.Le Sud avait confirmé l’incident, la première violation recensée du cessez-le-feu.L’armée sud-soudanaise avait accusé le même jour le Soudan d’avoir de
nouveau bombardé les Etats du Haut-Nil, de l’Unité et du Bahr el-Ghazal
occidental, sur son territoire.
Il n’était cependant pas possible d’obtenir une confirmation
indépendante sur ces bombardements. Quant au Soudan, il dément
régulièrement tout bombardement sur le Sud.
Dans son discours jeudi, Omar el-Béchir a indiqué que le gouvernement du Sud
avait parlé de renverser son régime. Si tel est leur but, a-t-il mis en
garde, le Soudan va aussi chercher à faire tomber le pouvoir à Juba.
"Et s’ils soutiennent les rebelles, nous soutiendrons les rebelles", a-t-il ajouté.Dans sa résolution, l’ONU demande justement aux deux parties de cesser d’appuyer les rebelles de l’autre.Elle les exhorte en outre à entamer, d’ici le 16 mai, des négociations
pour régler les problèmes en suspens depuis l’indépendance du Sud en
juillet dernier, parmi lesquels la délimitation de la frontière commune,
le partage des revenus pétroliers et le statut de zones contestées.Mais là encore, le président Béchir a averti que si les dossiers
relatifs à la sécurité n’étaient pas d’abord réglés, le Soudan "ne
négocierait sur aucun sujet".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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