samedi 5 mai 2012

Egypte : plusieurs blessés dans des heurts entre manifestants et soldats au Caire

Plusieurs personnes ont été blessées vendredi dans des heurts entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et soldats près du ministère de la Défense au Caire, faisant encore monter la tension à l’approche de la présidentielle prévue à la fin du mois.

Les manifestants ont lancé des pierres sur les militaires, qui ont répliqué avec un canon à eau, des tirs de lacrymogènes et en chargeant la foule à plusieurs reprises.

Un journaliste de l’AFP a vu plusieurs manifestants blessés être évacués sur des motos ou à bord d’ambulances.

La télévision égyptienne a également montré des militaires blessés portés par d’autres soldats.
Les affrontements ont eu lieu dans le quartier d’Abbassiya, à proximité du ministère de la Défense dont les accès étaient barrés par l’armée.

D’autres manifestants se sont rassemblés, dans le calme, sur la place Tahrir dans le centre-ville, et une manifestation a également eu lieu à Alexandrie, deuxième ville du pays et fief islamiste.
L’armée avait émis dès jeudi de fermes avertissements de ne pas menacer les bâtiments et installations militaires.

Ces manifestations sont soutenues par plusieurs mouvements pro-démocratie ainsi que par des organisations islamistes comme les Frères musulmans, première force politique du pays.

Mercredi, des affrontements extrêmement violents entre des manifestants réunis à proximité du ministère de la Défense et des assaillants en civil avaient fait neuf morts selon les autorités, 20 selon des sources médicales.

L’Egypte a connu de nombreuses manifestations, parfois meurtrières, contre le pouvoir militaire depuis la chute de Moubarak en février 2011 et la prise de contrôle du pays par le Conseil suprême des forces armées (CSFA).

De nombreux manifestants venus défiler vendredi exprimaient la crainte de voir l’armée manipuler l’élection présidentielle historique dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.

"Nous ne voulons plus du CSFA, nous ne lui faisons pas confiance, il suit l’exemple de Moubarak", affirmait Mohammed Badawi, membre de la "Coalition des jeunes de la révolution", venu de la ville d’Ismaïliya, sur le canal de Suez, pour manifester dans la capitale.

Un manifestant originaire de Mansurah, dans le Delta du Nil, Ahmed Gamal, redoute de voir les élections "truquées".

"Après la révolution, nous aurions dû avoir une commission électorale intègre. A la place, nous en avons une corrompue", affirme-t-il.

Treize candidats sont en compétition, après que dix autres aient vu leur candidature invalidée.
Le CSFA a promis jeudi que cette présidentielle, la première depuis le départ de Moubarak, serait "100% honnête et transparente".

Il a aussi rappelé son engagement de revenir à un pouvoir civil avant la fin juin, dès que le nouveau chef de l’Etat aura été élu.

Le CSFA a dans le même temps fermement prévenu qu’il ne tolèrerait aucune atteinte aux bâtiments de l’armée, "qui sont un symbole de l’honneur militaire et du prestige de la nation".

Deux des principaux candidats sont des anciens de l’ère Moubarak : l’ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, et le dernier Premier ministre du régime déchu Ahmad Chafiq.
Le camp islamiste est principalement représenté par un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et un dissident de la confrérie, Abdel Moneim Abul Futuh, soutenu par un large éventail politique allant des salafistes à de jeunes militants pro-démocratie.

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