mercredi 2 mai 2012

Égypte : la campagne présidentielle endeuillée

Douze personnes ont été tuées et des dizaines blessées après une attaque mercredi contre un rassemblement hostile au pouvoir militaire près du ministère de la Défense au Caire, a-t-on appris de sources médicales et des services de sécurité. Des assaillants non identifiés ont attaqué à l’aube les protestataires, rassemblés depuis plusieurs jours pour réclamer le départ de l’armée du pouvoir. De violents affrontements ont éclaté, les deux côtés faisant usage de cocktails Molotov et de pierres, selon la source de sécurité.
Parmi les protestataires figurent des partisans du leader salafiste Hazem Abu Ismaïl, qui campaient dans le secteur depuis samedi après l’exclusion par la commission électorale de ce candidat à la course présidentielle prévue les 23 et 24 mai. Dimanche avant l’aube, une personne avait été tuée et 119 blessées dans des affrontements ayant opposé des partisans d’Hazem Abu Ismaïl à des habitants du quartier de Abbassiya, non loin du ministère de la Défense.
Les violences lors des manifestations en Égypte sont fréquemment attribuées à des hommes de main commandités notamment par l’armée arrivée au pouvoir après la chute sous la pression de la rue du régime de Hosni Moubarak en février 2011. Hazem Abu Ismaïl fait partie de dix candidats sur 23 à avoir été éliminés en raison d’irrégularités dans leurs dossiers. Sa mère a obtenu, selon les autorités, la nationalité américaine, ce qui contrevient à la loi électorale qui stipule que le candidat, ses parents et son épouse doivent être uniquement égyptiens. La plupart de ses partisans crient "au complot" et refusent son exclusion.
La campagne pour l’élection présidentielle s’est officiellement ouverte lundi, dans un climat dominé par la concurrence entre candidats islamistes et libéraux laïques. Elle s’arrêtera le 21 mai pour 48 heures de "silence politique" avant le premier tour les 23 et 24 mai. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin. L’armée a promis de rendre le pouvoir fin juin au nouveau président, à l’issue de ce scrutin d’une ouverture inédite en Égypte, après des décennies d’élections-plébiscites largement boudées par les électeurs faute d’enjeu réel.

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Deux candidats suspendent leur campagne
Le candidat des Frères musulmans à la présidentielle, Mohammed Morsi, et l’islamiste Abdel Moneim Abul Futuh ont décidé de suspendre leur campagne pour la présidentielle en raison des violences qui ont fait douze morts mercredi, selon un nouveau bilan.
Mohammed Morsi a affirmé à des journalistes qu’il suspendait sa campagne "pour 48 heures en signe de solidarité avec les manifestants" et qu’il tenait "le Conseil suprême des forces armées (au pouvoir) pour responsable". Abdel Moneim Abul Foutuh, un islamiste réputé modéré exclu des Frères musulmans, a de son côté annulé ses activités de campagne pour la journée de mercredi, a indiqué une responsable de sa campagne. Le premier tour de cette présidentielle, la première depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, est prévu les 23 et 24 mai.

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