Les autorités et l’opposition syriennes se sont mutuellement accusées
samedi d’être derrière la multiplication d’attentats à la bombe à Damas
et à Alep, à la veille d’élections législatives censées donner une
légitimité au régime mais qualifiées de "mascarade" par la rébellion.
Trois personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche par
une explosion et des tirs dans la région de Damas, selon une ONG, au
moment où les autorités syriennes ont annoncé avoir achevé "les derniers
préparatifs" des élections qu’elles présentent comme cruciales pour
bâtir "la nouvelle Syrie".
Les forces du régime continuaient de bombarder les régions rebelles,
comme la province de Homs (centre), où elles ont pilonné dimanche le
village d’Arida, "blessant plusieurs personnes et détruisant des
maisons", a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
A Deir Ezzor (est), les soldats syriens, appuyés par des transports
de troupes et de blindés, ont procédé à des perquisitions et
arrestations dans la ville d’Al-Qurié.
Pour l’opposition, le régime "viole" les clauses du plan de paix de
l’émissaire international Kofi Annan et se trouve derrière les
explosions meurtrières à la bombe, qui se sont multipliées ces dernières
semaines.
"C’est le régime qui provoque ces explosions mystérieuses. Nous
proposons une commission d’enquête internationale", a déclaré à l’AFP
Omar Idelbi, porte-parole des Comités de coordination locaux en Syrie
(LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain.
"Les révolutionnaires n’ont pas intérêt à ces explosions",
affirme-t-il. Mais pour les autorités ce sont "les terroristes" liés à
l’oppposition qui multiplient les attaques pour créer une instabilité
avant le scrutin.
Samedi, des attaques à la bombe avaient secoué notamment Damas et
Alep, faisant au moins cinq morts dans cette deuxième ville de Syrie,
selon l’OSDH.
Entre-temps, les autorités syriennes organisent lundi des
législatives, premier scrutin "multipartite", depuis l’abolition par
référendum en février de l’article 8 de la Constitution sur la primauté
du parti Baas.
Plus de 14 millions de Syriens sont appelés aux urnes pour désigner
les 250 députés de la nouvelle législature parmi 7.000 candidats,
affirme le ministère syrien de l’Intérieur.
Ces législatives, initialement prévues en septembre, avaient été
reportées en raison du processus de réformes annoncées par le président
Assad dans la foulée de la contestation inédite à laquelle il est
confronté depuis mars 2011.
Le scrutin se déroulera après plus de 13 mois de violences qui ont
fait plus de 11 100 morts, en majorité des civils, selon l’OSDH et
provoqué l’exode de plus de 65 000 Syriens hors de leur pays selon
l’ONU, sans compter les dizaines de milliers de détenus.
"En participant à ces élections, les Syriens défient la campagne de
terrorisme et d’agression menée contre la Syrie par des parties
internationales et régionales qui mènent une guerre contre notre pays", a
déclaré dans un communiqué le ministre de l’Information Adnan Mahmud."Il s’agit des premières élections qui se dérouleront sur la base de
la nouvelle Constitution adoptée par le peuple syrien sur la base du
multipartisme politique", a-t-il dit.
Selon la LCC, les législatives montrent au contraire "que le régime
n’est pas sérieux dans sa recherche d’une solution politique à la crise.
Il continue d’avoir le même comportement il y a un an, ignorant les
faits imposés par la Révolution sur le terrain", a dénoncé Omar Idelbi.D’après son organisation, 1122 enfants ont été tués par le "régime
criminel", soit une victime toutes les huit heures, depuis le début de
la répression.
Toutes ces violences répétées interviennent en dépit du cessez-le-feu
entré en vigueur le 12 avril en application du plan de Kofi Annan, et
pour lequel des observateurs ont été déployés.
Enfin, l’Arabie saoudite, très critique du régime, a demandé dimanche
à ses ressortissants d’éviter de se rendre en Syrie et à ceux qui s’y
trouvaient de quitter le pays."En raison de la détérioration des conditions de sécurité en Syrie,
le ministère des Affaires étrangères réitère son conseil aux Saoudiens
de ne pas s’y rendre", a indiqué un communiqué.
Pour sa part, en ce jour de fête des martyrs, le président Bashar
al-Assad a déposé une gerbe de fleurs sur le monument au mont Kassioun
surplombant Damas.
(06 mai 2012 - Avec les agences de presse)
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