lundi 7 mai 2012

Syrie: élections législatives dans un climat de violence

Les autorités syriennes organisent lundi des élections législatives malgré le contexte de violences dans le pays, dans l’espoir de donner une certaine crédibilité au régime même si l’opposition boycotte ce scrutin qu’elle qualifie de "mascarade".

Les bureaux de vote ont ouvert lundi à 07H00 (04H00 GMT) pour ces premières élections "multipartites" depuis un demi-siècle en Syrie, où le régime de Bashar al-Assad est confronté depuis mars 2011 à un mouvement de contestation réprimé dans sang.

L’opposition, qui réclame le départ pur et simple du président, a fait savoir qu’elle n’était pas dupe des tentatives du régime d’acquérir une légitimité à travers ce scrutin.

"Celui qui baigne la Syrie dans le sang, pousse à l’exode deux millions de Syriens et tire sur le peuple syrien ne possède aucune légitimité pour rédiger une Constitution, promulguer une loi électorale ou convoquer des élections", a affirmé lundi le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, dans un communiqué.

A travers le pays, 7.195 candidats sont en lice pour les 250 sièges de députés, qui devraient adopter une série de réformes promises par le chef de l’Etat, alors que la Syrie est sans Parlement depuis un an en raison du soulèvement.

Neuf partis ont été créés et homologués, dont sept ont présenté des candidats, grâce à la nouvelle Constitution adoptée par référendum en février, qui a supprimé l’article accordant au parti Baas, au pouvoir depuis 1963, le rôle dirigeant dans la société.

Les quelque 12.000 centres de vote devraient fermer à 22H00 (19H00 GMT).

Le ministre syrien de l’Information, Adnan Mahmud, a affirmé dimanche que ces législatives constituaient un "défi à la guerre terroriste" contre la Syrie.

"En participant aux législatives, les Syriens défient la campagne de terrorisme et d’agression menée par des parties internationales et régionales, impliquées dans une guerre terroriste contre le pays", a assuré le ministre dans un communiqué, qualifiant le scrutin d’opération démocratique".

Damas ne reconnaît pas l’ampleur de la révolte et assimile la rébellion à du "terrorisme" et à un "complot" financé par des parties étrangères.

Au moment où régime et opposition s’accusent mutuellement d’être derrière la multiplication des attentats à la bombe à Damas et à Alep, les autorités ont assuré avoir pris toutes les mesures nécessaires "pour empêcher tout dérapage de la sécurité qui influerait sur le processus électoral".

Au coeur de Damas, à l’entrée du bureau de vote place Sabaa Bahrat, des partisans de candidats distribuaient des bulletins de vote en appelant à élire leur favori.

"Ces élections apporteront une réponse définitive à la crise", a estimé Chahba Karim, 18 ans. "Je vote car je soutiens les réformes, mais il faut que les députés s’attaquent en priorité au chômage pour que les jeunes Syriens n’émigrent pas", a-t-elle ajouté en sortant de l’isoloir.

"Il faut que les élections soient crédibles et que les gens participent pour montrer qu’ils sont concernés par la crise, c’est ainsi que l’on trouvera une solution", a assuré Laith al-Allaj, étudiant de 22 ans.

Mais pour les opposants, les législatives sont rien moins qu’une mascarade.

Le scrutin montre "que le régime n’est pas sérieux dans sa recherche d’une solution politique à la crise" et qu’il "continue d’avoir le même comportement qu’il y a un an, ignorant (...) la révolution sur le terrain", a dénoncé Omar Idlebi, porte-parole des Comités de coordination locaux (LCC), qui animent la contestation sur le terrain.

Le scrutin se déroulera après plus de 13 mois de violences qui ont fait plus de 11.100 morts, en majorité des civils, selon l’OSDH et poussé à l’exil plus de 65.000 Syriens selon l’ONU, sans compter les dizaines de milliers de détenus.

Les violences se poursuivent en dépit du cessez-le-feu prévu par le plan Annan depuis le 12 avril, et pour lequel des observateurs ont été déployés.

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