La Cour suprême d’Israël a rejeté lundi l’appel de deux détenus
palestiniens en grève de la faim depuis 69 jours contre leur maintien en
détention administrative, selon des sources concordantes.
Les appels de Thaër Halahla, 34 ans, et Bilal Diab, 27 ans, en grève de
la faim depuis le 29 février, ont été rejetés, a annoncé à l’AFP leur
avocat Jamil al-Khaldi.
Me Khaldi a déploré l’attitude de la justice israélienne face à la
détention administrative, estimant que "les services de renseignements
avaient le dernier mot". Il a ajouté que ses clients, soupçonnés
d’appartenance au Jihad islamique, "poursuivraient leur combat jusqu’au
bout".
"De toute évidence, une grève de la faim ne peut pas être un critère à
elle seule en ce qui concerne la période de détention administrative", a
affirmé la Cour dans son arrêt.
Le juge Elyakim Rubinstein a néanmoins attiré l’attention des autorités
militaires sur une clause permettant la libération conditionnelle d’un
détenu si "son état de santé serait aggravé par son maintien en
détention au point de mettre ses jours en danger", considérant la
question digne d’être examinée en l’espèce "sur la base médicale
appropriée".
"La détention administrative ne satisfait aucun juge, mais elle est
nécessaire lorsque le dossier repose sur des renseignements
confidentiels dont la divulgation mettrait en danger les sources et les
moyens dont ils ont été obtenus", souligne-t-il, en référence au réseau
d’informateurs des services de sécurité israéliens, considérés comme des
"collaborateurs" par les Palestiniens.
Le juge Rubinstein propose par conséquent, pour "respecter les droits
des détenus sans nuire à la sécurité", que le dossier puisse être
examiné par un "juriste agréé par les détenus, qui recevrait
l’accréditation de sécurité nécessaire" pour y avoir accès.
Un tribunal militaire israélien avait rejeté le 23 avril la demande de
libération des deux suspects, qui ont comparu le 3 mai devant la Cour
suprême.
Le Jihad islamique a condamné dans un communiqué une décision qui
revient à "exécuter les deux prisonniers après l’échec des tentatives
pour briser leur volonté et arrêter leur bataille héroïque" et met en
garde "le gouvernement de l’occupation contre les conséquences" de leur
mort éventuelle.
L’ONG Médecins pour les droits de l’Homme-Israël (PHR-Israël) a dénoncé
"la décision de la Cour suprême qui équivaut à une peine de mort". "Leur
vie est en danger et leurs familles n’ont toujours pas le droit de les
voir", selon une porte-parole, Amani Daïf.
Au moins un tiers des quelque 4.700 détenus palestiniens d’Israël (dont
plus de 310 en détention administrative) sont actuellement en grève de
la faim, selon l’administration pénitentiaire israélienne et des sources
officielles palestiniennes.
Ce mouvement collectif a été lancé 17 avril, date de la Journée des prisonniers palestiniens.
Les détenus réclament l’abolition de l’isolement carcéral et de la
détention administrative, une disposition controversée héritée du mandat
britannique sur la Palestine qui permet l’incarcération sans
inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables
indéfiniment.
***
Israël : vers des législatives anticipées le 4 septembre
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, devait tenter lundi
d’obtenir de la Knesset (Parlement) le vote d’une proposition de loi
dissolvant la Chambre et fixant la date du 4 septembre pour les
prochaines élections législatives anticipées. La Commission
ministérielle des lois a approuvé le projet de loi prévoyant la
dissolution de la 18e Knesset et la proposition "d’avancer la date des
élections de la 19e Knesset au mardi 4 septembre 2012". Toutefois, ce
texte, qui doit être examiné dans la journée à la Knesset, risque de se
heurter à l’opposition du parti ultranationaliste Israel Beiteinou,
ainsi que des centristes du Kadima (centre droit) et du petit parti de
l’Indépendance.
Lundi matin, Benyamin Netanyahou a confirmé devant le conseil des
ministres hebdomadaire qu’il avait l’intention d’organiser les élections
le 4 septembre. Ces trois formations souhaitent retarder la dissolution
de la Knesset jusqu’au vote par les députés d’une nouvelle loi
controversée obligeant les juifs ultraorthodoxes à effectuer leur
service militaire. Dimanche soir, Benyamin Netanyahou a annoncé qu’il
convoquait des élections législatives anticipées, mais sans préciser de
jour. Il a cependant laissé entendre que le scrutin aurait lieu début
septembre.
"Je ne veux pas qu’il y ait un an et demi d’instabilité politique
accompagnée de chantages et de populisme. Mieux vaut une campagne
électorale courte de quatre mois pour assurer la stabilité politique", a
déclaré Benyamin Netanyahou devant une convention de son parti Likoud
(droite) à Tel-Aviv. La législature s’achève normalement en octobre
2013. "Il faut un Likoud grand et fort. Nous allons former un
gouvernement aussi large que possible pour assurer l’avenir d’Israël", a
promis le Premier ministre de droite, qui est donné grandissime favori
pour conduire le prochain gouvernement.
Près de la moitié (48 %) des Israéliens plébiscitent Benyamin Netanyahou
comme le meilleur candidat à sa succession, selon un récent sondage
publié par le quotidien Haaretz. Son principal rival, la chef du Parti
travailliste Shelly Yachimovich, est loin derrière (15 %). D’après une
enquête du journal Maariv, publié vendredi, le Likoud devrait aussi
l’emporter haut la main. Il obtiendrait 31 sièges (sur 120) contre 27
actuellement. Les travaillistes sont crédités de 18 sièges, Israel
Beiteinou de 12 et Kadima de 11. Yesh Atid, une nouvelle formation du
journaliste vedette Yaïr Lapid, obtiendrait 11 sièges.
***
Benyamin Netanyahou félicite François Hollande
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a félicité lundi le
président français élu François Hollande, assurant que les relations
entre les deux pays resteraient "amicales". "Je veux féliciter François
Hollande qui a été élu président de la France. Les relations entre la
France et Israël ont toujours été amicales et le resteront. J’attends de
pouvoir le rencontrer afin de poursuivre cette importante relation
bilatérale et internationale", a-t-il dit dans un communiqué.
Benyamin Netanyahou avait rencontré en février à Jérusalem l’ex-Premier
ministre socialiste français Laurent Fabius, envoyé par François
Hollande pour rencontrer les dirigeants politiques de la région durant
sa campagne électorale. Ce dernier a affirmé que s’il était élu, un
voyage en Israël ferait "partie de ses projets", dans un entretien au
site tribunejuive.info publié le 2 mai. "Je prendrai des initiatives
pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité
entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance
internationale de l’État palestinien", écrit-il dans ses engagements de
campagne.
(07 mai 2012 - Avec les agences de presse)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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