dimanche 6 mai 2012

Egypte : Deux morts et trois cents blessés dans des heurts au Caire

Au moins deux personnes ont été tuées et près de trois cents blessées vendredi au Caire dans des heurts entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et soldats, près du ministère de la Défense, faisant encore monter la tension à l’approche de la présidentielle prévue à la fin du mois. Le pouvoir militaire a annoncé un couvre-feu pour la nuit, et le parquet militaire l’arrestation de 170 personnes. Les manifestants ont échangé des jets de pierres avec les forces anti-émeutes de l’armée, qui ont aussi utilisé un canon à eau, des gaz lacrymogènes et chargé la foule à plusieurs reprises. Un journaliste de l’AFP a vu plusieurs manifestants blessés évacués sur des motos ou à bord d’ambulances, et la télévision égyptienne a également montré des militaires blessés portés par d’autres soldats.

Les affrontements se sont transformés en courses-poursuites dans de nombreuses rues du quartier d’Abbassiya, à proximité du ministère, où des tirs nourris ont été entendus. Les services de sécurité ont assuré qu’il s’agissait de tirs de semonce pour tenter de disperser la foule. Des responsables de l’hôpital universitaire Al-Zahra ont déclaré avoir reçu les corps de deux personnes. Des médecins sur place ont dit que ces deux personnes avaient été tuées par des tirs. Selon le ministère de la Santé, les affrontements ont fait un mort, un militaire. Dans un communiqué publié par l’agence officielle MENA, le ministère a également fait état de 296 blessés, dont 131 ont dû être conduits à l’hôpital. Le responsable d’un grand hôpital du quartier a fait état plus tôt de 130 blessés.

Un couvre-feu sera imposé à partir de 23 heures locales vendredi jusqu’à samedi matin dans le secteur du ministère, a déclaré le général Mukhtar al-Mulla, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dans une allocution télévisée. Les forces de l’ordre "s’opposeront de manière décisive" à toute tentative de violer ce couvre-feu, a-t-il ajouté. Le parquet militaire a annoncé de son côté que 170 personnes avaient été arrêtées pendant les affrontements. Selon la chaîne satellitaire Al Jazeera Misr, des soldats ont arrêté une équipe de la chaîne 25 janvier, affiliée aux Frères musulmans. Environ 2 000 manifestants se sont aussi réunis à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays et fief islamiste, selon un photographe de l’AFP.

Ces rassemblements étaient soutenus par plusieurs mouvements pro-démocratie ainsi que par des organisations islamistes comme les Frères musulmans, première force politique du pays. Ces derniers jours, la contestation a été largement alimentée par des partisans de Hazem Abu Ismaïl, un responsable salafiste dont la candidature a été invalidée pour la présidentielle. Mais de nombreux manifestants exprimaient vendredi la crainte plus large de voir l’armée chercher à manipuler l’élection présidentielle historique dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. Mercredi, des affrontements entre des manifestants réunis près du ministère de la Défense et des assaillants en civil avaient fait neuf morts selon les autorités, vingt selon des sources médicales.

L’Égypte a connu de nombreuses manifestations, parfois meurtrières, contre le pouvoir militaire depuis la chute de M. Moubarak en février 2011 et la prise de contrôle du pays par le CSFA. Le CSFA a promis jeudi que cette présidentielle, la première depuis le départ de Moubarak, serait "100 % transparente". Il a aussi rappelé son engagement de revenir à un pouvoir civil avant la fin juin, dès que le nouveau chef de l’État aurait été élu. Deux des principaux candidats sont des anciens de l’ère Moubarak : l’ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, et le dernier Premier ministre du régime déchu, Ahmad Chafik. Le camp islamiste est principalement représenté par un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et un dissident de la confrérie, Abdel Moneim Abul Futuh, soutenu par un large éventail politique allant des salafistes à de jeunes militants pro-démocratie.

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179 personnes en détention après les violences du Caire
Le parquet militaire égyptien a placé 179 personnes en détention préventive pour 15 jours à la suite des affrontements meurtriers entre manifestants et soldats vendredi près du ministère de la Défense au Caire, a-t-on appris samedi de source militaire. Après l’arrestation de 320 personnes, le parquet de la justice militaire "a décidé de maintenir 179 personnes, dont 13 femmes, en détention pour 15 jours en attendant les résultats de l’enquête", a indiqué cette source. Après cinq heures d’interrogatoires dans la nuit, les détenus ont été accusés d’agressions contre des soldats et officiers de l’armée, de rassemblement dans une zone militaire et d’entrave au travail des forces armées, selon la même source. Ils ont tous rejeté les accusations.
Le calme est revenu samedi dans le secteur du ministère de la Défense au Caire, où un couvre-feu nocturne a été imposé après des affrontements entre manifestants et militaires qui ont fait deux morts, dont un soldat, et près de 300 blessés. Le chef du pouvoir militaire, le maréchal Hussein TantaWi, a assisté aux obsèques du soldat, donnant une solennité particulière à la cérémonie. A la tête du Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak, le maréchal TantaWi est le chef d’État de fait du pays. Les manifestants protestaient contre le pouvoir militaire en place qu’ils accusent de chercher à influencer l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.

(05 mai 2012)

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