Le Front de libération nationale (FLN) a remporté 220 des 462 sièges
de l’Assemblée algérienne, déjouant les pronostics qui faisaient des
islamistes modérés les favoris du premier scrutin de l’après-"printemps
arabe", selon les résultats officiels des législatives de jeudi.
La classe dirigeante avait pourtant promis des réformes et du sang
neuf après les soulèvements populaires de l’an dernier au Maghreb.
Derrière le FLN, qui passe de 34 à 47% des sièges, arrive le
Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed
Ouyahia, avec 68 sièges. Viennent ensuite les islamistes modérés et liés
au pouvoir de l’Alliance de l’Algérie verte, qui en obtiennent 48.
"Les élections ont renforcé l’attachement du peuple algérien aux
valeurs de paix et de stabilité", s’est félicité le ministre de
l’Intérieur, après avoir annoncé les résultats. Daho Ould Kablia a
ajouté que le peuple était en droit de choisir les mêmes partis que dans
l’assemblée sortante.
Le Front des forces socialistes (FFS), plus vieille formation de
l’opposition qui boycottait les élections depuis plus de dix ans, est
quatrième avec 21 sièges, un de plus que le Parti des travailleurs.
Le président Abdelaziz Bouteflika, président honoraire du FLN, avait
promis en avril 2011 la tenue de ces élections législatives, deux mois
après un premier mouvement de contestation étouffé par les forces de
l’ordre. Le chef de l’Etat avait également promis d’amender la
Constitution afin de "renforcer la démocratie représentative".
Ses promesses ont laissé les Algériens sceptiques, comme en témoigne
les 42,36% de participation. Pour beaucoup, le pouvoir reste entre les
mains d’une élite non élue qui s’appuie sur l’armée, mais la résignation
semble de mise dans un pays toujours hanté par la guerre civile qui a
fait dans les 200.000 morts dans les années 1990 et au début des années
2000.
"Il n’y a pas de changement", a conclu le politologue Abed Charef, déplorant la "force de l’inertie".
"Le prochain Premier ministre doit être Abdelaziz Belkhadem, le grand
vainqueur des élections législatives, mais peu de changements, si
jamais il y en a, sont à attendre en Algérie", renchérit Farid Alilat,
éditorialiste des Dernières nouvelles d’Algérie, évoquant le chef de
file du FLN, qui a déjà dirigé le gouvernement.
L’opposant et militant des droits de l’homme Yacine Zaïd dénonce quant à lui une "mascarade".
"Les autorités n’ont jamais hésité à faire ce qu’elles voulaient, à donner les chiffres qu’elles avaient en tête", ajoute-t-il.
Les observateurs de l’Union européenne se sont toutefois dits
satisfaits du déroulement du scrutin. "Les citoyens ont dans l’ensemble
été en mesure d’exercer leur droit de vote", a estimé José Ignacio
Salafranca, chef de la mission.
L’attention va désormais se tourner vers la course à la succession
d’Abdelaziz Bouteflika. Agé de 75 ans et en mauvaise santé, le chef de
l’Etat ne briguera vraisemblablement pas de nouveau mandat au terme de
celui qui s’achèvera en 2014.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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