vendredi 11 mai 2012

Algérie : Le FLN remporte les législatives, les islamistes en 3ème position

Le Front de libération nationale (FLN) a remporté 220 des 462 sièges de l’Assemblée algérienne, déjouant les pronostics qui faisaient des islamistes modérés les favoris du premier scrutin de l’après-"printemps arabe", selon les résultats officiels des législatives de jeudi.

La classe dirigeante avait pourtant promis des réformes et du sang neuf après les soulèvements populaires de l’an dernier au Maghreb.

Derrière le FLN, qui passe de 34 à 47% des sièges, arrive le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, avec 68 sièges. Viennent ensuite les islamistes modérés et liés au pouvoir de l’Alliance de l’Algérie verte, qui en obtiennent 48.

"Les élections ont renforcé l’attachement du peuple algérien aux valeurs de paix et de stabilité", s’est félicité le ministre de l’Intérieur, après avoir annoncé les résultats. Daho Ould Kablia a ajouté que le peuple était en droit de choisir les mêmes partis que dans l’assemblée sortante.

Le Front des forces socialistes (FFS), plus vieille formation de l’opposition qui boycottait les élections depuis plus de dix ans, est quatrième avec 21 sièges, un de plus que le Parti des travailleurs.

Le président Abdelaziz Bouteflika, président honoraire du FLN, avait promis en avril 2011 la tenue de ces élections législatives, deux mois après un premier mouvement de contestation étouffé par les forces de l’ordre. Le chef de l’Etat avait également promis d’amender la Constitution afin de "renforcer la démocratie représentative".

Ses promesses ont laissé les Algériens sceptiques, comme en témoigne les 42,36% de participation. Pour beaucoup, le pouvoir reste entre les mains d’une élite non élue qui s’appuie sur l’armée, mais la résignation semble de mise dans un pays toujours hanté par la guerre civile qui a fait dans les 200.000 morts dans les années 1990 et au début des années 2000.

"Il n’y a pas de changement", a conclu le politologue Abed Charef, déplorant la "force de l’inertie".
"Le prochain Premier ministre doit être Abdelaziz Belkhadem, le grand vainqueur des élections législatives, mais peu de changements, si jamais il y en a, sont à attendre en Algérie", renchérit Farid Alilat, éditorialiste des Dernières nouvelles d’Algérie, évoquant le chef de file du FLN, qui a déjà dirigé le gouvernement.

L’opposant et militant des droits de l’homme Yacine Zaïd dénonce quant à lui une "mascarade".

"Les autorités n’ont jamais hésité à faire ce qu’elles voulaient, à donner les chiffres qu’elles avaient en tête", ajoute-t-il.

Les observateurs de l’Union européenne se sont toutefois dits satisfaits du déroulement du scrutin. "Les citoyens ont dans l’ensemble été en mesure d’exercer leur droit de vote", a estimé José Ignacio Salafranca, chef de la mission.

L’attention va désormais se tourner vers la course à la succession d’Abdelaziz Bouteflika. Agé de 75 ans et en mauvaise santé, le chef de l’Etat ne briguera vraisemblablement pas de nouveau mandat au terme de celui qui s’achèvera en 2014.

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