jeudi 1 mars 2012

Syrie: l'armée reprend le quartier de Baba Amr. Le CNS crée un "bureau militaire"

L’armée syrienne a pris jeudi le contrôle du quartier symbole de Baba Amr, bastion de la rebellion à Homs (centre), après deux jours de combats et des semaines de bombardements.
Incapable de faire tomber le régime de Bashar al-Assad par les manifestations après presque un an d’une révolte au départ essentiellement pacifique, le CNS a finalement annoncé la création d’un "bureau militaire", reconnaissant "l’importance de contrôler la résistance armée".
A Homs, "l’armée syrienne contrôle la totalité de Baba Amr, les dernières poches de résistance sont toutes tombées", a affirmé en début d’après-midi une source au sein des services de sécurité à Damas, ajoutant que les opérations allaient se poursuivre dans les quartiers de Hamadiyé et Khaldiyé.
Le chef de l’Armée syrienne libre (ASL), le colonel Riad Assaad, a évoqué un retrait "tactique" de ses combattants à Baba Amr "par souci pour les vies des civils restants" dans ce quartier assiégé et bombardé depuis près d’un mois, et sur lequel il neigeait jeudi.
"Notre retrait n’est pas une défaite mais une grande victoire et nous promettons aux révolutionnaires de Syrie de bien nous préparer pour frapper à nouveau ce régime occupant afin de le faire disparaître", ont annoncé plusieurs brigades rebelles locales dans un communiqué dénonçant "le terrible silence arabe, islamique et international".
Le Conseil national syrien (CNS) a appelé la communauté internationale à "intervenir immédiatement pour prévenir un éventuel massacre" après la prise de Baba Amr.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une vaste opération de perquisitions et d’arrestations était en cours dans le quartier.
Les autorités ont assuré que les soldats avaient commencé à distribuer de la nourriture et à évacuer les blessés à Baba Amr, et qu’ils étaient à la recherche des journalistes français bloqués, dont Edith Bouvier, blessée.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé à Damas que ses équipes se rendraient vendredi à Baba Amr avec celles du Croissant rouge arabe syrien (CRAS) "pour convoyer une aide humanitaire et évacuer les blessés".
A Genève, le CICR a aussi affirmé avoir reçu "des indications positives" de Damas sur son initiative de trêve humanitaire.
Selon l’OSDH, les violences ont fait au moins 38 morts jeudi. A Homs, 17 civils ont été tués dans les combats aux abord de Baba Amr, et quatre autres par des tireurs embusqués dans d’autres quartiers. En outre, deux civils ont été tués dans les provinces de Hama (centre) et de Damas. Et huit soldats et sept déserteurs ont été tués dans des combats près du Golan.
A Qusseir, petite ville régulièrement bombardée au sud-ouest de Homs et où tout commençait à manquer (nourriture, carburant, médicaments...), le chef local de la révolte s’est montré pessimiste : "Nous attendons. Nous pensons que l’armée d’Assad viendra ici après en avoir fini avec Homs".
Les combattants rebelles, essentiellement des déserteurs équipés d’armes légères et moyennes, peinent face à l’artillerie lourde des forces régulières.
Mais le Conseil national syrien (CNS) a annoncé jeudi qu’il allait organiser des livraisons d’armes à la rébellion à travers un nouveau bureau militaire.
"On va déterminer nos demandes, nos besoins en armes, et on verra dans quel pays les chercher. Il s’agit de défendre les civils et pas de lancer la guerre", a déclaré à Paris le président du CNS, Burhan Ghalioun. L’armement de l’opposition, une idée à laquelle Washington est réticent de crainte qu’Al-Qaïda ne profite des violences, reçoit de plus en plus d’appuis.
Le Qatar a plusieurs fois plaidé en ce sens et le Premier ministre, Hamed ben Jassem al-Thani, a affirmé jeudi que son pays était prêt à étudier "toutes les options" pour sauver le peuple syrien.
Face aux violences qui ont fait plus de 7.500 morts depuis mars 2011, selon l’ONU et des militants, et à une crise humanitaire aiguë, le Conseil des droits de l’Homme a adopté une résolution appelant Damas à autoriser un "accès sans entrave" à l’aide humanitaire.
Les autorités syriennes se sont dites prêtes à discuter d’une visite de la responsable des opérations humanitaires de l’ONU, Valerie Amos, qui n’avait pas pu se rendre à Damas ces derniers jours. La Russie a recommandé "avec insistance" à Damas de recevoir Mme Amos en signe de "bonne volonté".
L’incertitude régnait toujours sur la situation de Mme Bouvier et de son compatriote photographe William Daniels, probablement encore à Homs.
Edith Bouvier a été grièvement blessée le 22 février lors d’un bombardement qui a coûté la vie à deux confrères étrangers. Selon Ghalioun, elle se trouvait mercredi "dans un endroit protégé".
Le nouvel émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, est par ailleurs attendu le 7 mars au siège de la Ligue au Caire puis à Damas mais à une date qui n’est pas encore connue, a indiqué jeudi le chef de l’organisation panarabe, Nabil al-Arabi.

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