vendredi 30 mars 2012

Un Nouveau musée pour l’Institut du Monde Arabe

Depuis plus d’un mois, d’immenses affiches mêlant mots en français et mots en arabe annoncent, dans le métro et sur les bus, l’ouverture du nouveau musée de l’Institut du monde arabe. Un évènement, car il ne s’agit pas seulement d’un simple relooking mais bien d’un nouveau projet. "L’ancien musée, ouvert en 1987, était dédié uniquement aux arts islamiques. Au fil des ans, nous avons constaté qu’il était délaissé au profit des expositions temporaires de l’IMA. Nous avons donc décidé de le fermer pour lui donner une nouvelle orientation : proposer une approche du monde arabe dans sa globalité, dans sa pluralité", explique Éric Delpont, directeur des collections.

Un choix logique puisqu’il s’inscrit parfaitement dans la vocation de l’Institut du monde arabe : faire découvrir cette région du monde encore méconnue du public. Une décision nécessaire aussi car le Louvre ouvre prochainement un département consacré aux arts islamiques et l’ancien musée n’aurait pas fait le poids face à lui.

Le musée, inauguré fin février à l’occasion des 25 ans de l’IMA, a créé la surprise, mais pas forcément pour les bonnes raisons : des objets exposés sans cartel d’explication, une signalétique quasi inexistante, un choix d’écriture étrange (petite typo couleur ocre sur fond blanc ?!)... "Nous avons en effet accumulé un certain retard : des objets sont arrivés la veille de l’inauguration, d’autres ne sont pas encore là, il a fallu refaire certains cartels... Mais il était impossible de décaler la date d’inauguration. Les semaines qui ont suivi, nous avons fait notre maximum pour remédier à la situation", justifie Éric Delpont. Des ratés qui n’ont pas - hélas ! - été expliqués au public dans les premiers temps.

Mais pourquoi un tel retard sur le calendrier ? Les collections permanentes de l’IMA n’ayant jamais été bien fournies, des dépôts importants d’oeuvres d’art ont été consentis par les musées des pays arabes (Syrie, Jordanie, Tunisie...), les institutions françaises (Louvre, Quai-Branly, BNF), des collectionneurs privés ainsi que les églises et couvents de Syrie et du Liban. L’instabilité actuelle de certains pays n’a pas aidé à la mise en place du parcours, et des promesses de prêt comme celles du Yémen n’ont pas pu être concrétisées.
Le musée se déploie dorénavant sur quatre niveaux au coeur même de l’institut. Et la scénographie, où le blanc domine, est signée Roberto Ostinelli. Pour se démarquer des autres musées, l’approche chronologique classique a été abandonnée au profit d’un parcours-promenade, ordonné par thèmes (la culture, la religion, la société, l’anthropologie...) et mêlant passé et présent avec des créations contemporaines. Ses points forts ? La sobriété, l’aspect épuré, de grandes vitrines qui mettent parfaitement en valeur les objets, et des installations vidéo et sonores. Son point faible ? Le propos trop elliptique. On a très souvent l’impression d’être perdu face à une accumulation d’objets, certes magnifiques, mais dont on saisit mal l’ancrage dans l’histoire de cette région. Il aurait fallu une première partie historique, chronologique, pour poser des bases afin de mieux comprendre ensuite les thèmes abordés. Pas sûr que le visiteur ressorte en ayant bien saisi la complexité du monde arabe.


Institut du monde arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard,
place Mohammed V, Paris (5e).
Du mardi au vendredi de 10h à 18 h,
les samedis et dimanches jusqu’à 19 h.
Tél : 01.40.51.38.38

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