L’exemple de Khodr Adnan, un prisonnier palestinien qui a obtenu de la justice israélienne après 66 jours de grève de la faim l’assurance d’être libéré, inspire nombre de ses codétenus, qui luttent avec leurs "estomacs vides".
Outre Hanaa Chalabi, en grève de la faim depuis 39 jours, une trentaine de détenus palestiniens d’Israël sont en grève de la faim, selon le Club des prisonniers palestiniens, une vingtaine, d’après la porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne, Sivan Weizman.
"Des consultations sont en cours dans les prisons de l’occupation, et bien qu’une grève de la faim soit toujours individuelle, il y aura une grande grève de la faim dans différentes prisons dans les deux mois à venir", affirme à l’AFP le président du Club des prisonniers, Qaddura Farès.
"Les prisonniers utilisent l’arme des +estomacs vides+ après le renforcement de la répression et en l’absence de canaux de dialogue avec la partie israélienne ou de négociations avec l’Autorité palestinienne pour améliorer leurs conditions", explique-t-il.
C’est Khodr Adnan qui détient le record de la plus longue grève de la faim de l’histoire du conflit. Agé de 33 ans, il a mis fin le 21 février à 66 jours de grève observée pour protester contre sa détention sans inculpation, après la décision d’Israël de le libérer le 17 avril.
Selon Qaddura Farès, l’amélioration espérée après l’échange de 1.027 prisonniers palestiniens dont 27 femmes, contre la libération en octobre du soldat israélien Gilad Shalit ne s’est pas matérialisée.
Depuis, "les conditions de détention n’ont pas changé. Au contraire, elles ont empiré", assure-t-il.
Hanaa Chalabi, arrêtée le 16 février en Cisjordanie et hospitalisée d’urgence cette semaine, faisait partie des 27 femmes relâchées dans cet échange, après plus de deux ans de détention sans jugement.
Elle entend protester contre sa détention administrative et les violences qu’elle dit avoir subies pendant son arrestation.
Dimanche, un tribunal militaire israélien a rejeté son appel contre l’ordre de détention, selon son avocat qui va se pourvoir devant la Cour suprême, plus haute instance judiciaire d’Israël. Hanaa Chalabi "va continuer sa grève de la faim", a-t-il dit à l’AFP.
Les détenus réclament principalement la fin de l’isolement carcéral et l’annulation de la détention administrative, mesure héritée du mandat britannique sur la Palestine permettant de garder en prison sans jugement des suspects pour des périodes indéfiniment renouvelables de six mois.
Mais pas seulement. Kifah Hattab, 52 ans, ex-responsable de la Défense civile, après avoir perdu son emploi de pilote à Gaza en raison de la destruction de l’aéroport par l’armée israélienne en 2002, a commencé le 1er mars une grève de la faim pour revendiquer le statut de "prisonnier de guerre".
"Mon mari réclame le statut de prisonnier de guerre. Il représente des dizaines de prisonniers militaires détenus par Israël qui les traite comme des civils", explique son épouse.
Arrêté en 2003 à Tulkarem (Cisjordanie), il purge deux peines de prison à vie pour motifs de sécurité, selon elle.
Selon le Club des prisonniers, 700 membres des services de sécurité palestiniens sont détenus par Israël, certains arrêtés alors qu’ils portaient l’uniforme.
Vingt-sept députés, dont 24 de la majorité parlementaire Hamas, sont aussi détenus par Israël, dont le chef du Parlement Aziz Dweik, arrêté en janvier et placé en détention administrative pour six mois, selon le ministère palestinien des Prisonniers.
L’un des députés Hamas, Ahmad al-Hajj Ali, arrêté en juin 2011, a cessé de s’alimenter à la mi-mars pour protester contre son emprisonnement malgré son statut d’élu.
Plus de 4.700 Palestiniens sont détenus par Israël, selon les autorités palestiniennes. Parmi eux, 320 sont en détention administrative.
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