Le président mauritanien a accepté qu’Abdallah Al Senoussi, ancien chef des services de renseignement de Muammar Kadhafi, soit remis à la Libye, a déclaré mardi le vice-Premier ministre libyen Moustafa Abu Chagur.
Ce dernier s’est rendu à Nouakchott pour demander au président Mohamed Ould Abdel Aziz l’extradition de Senoussi, afin qu’il soit jugé dans son pays.
"J’ai rencontré le président mauritanien et celui-ci a accepté d’extrader Senoussi vers la Libye", écrit Chagur sur Twitter. La nouvelle a été confirmée par une autre source gouvernementale libyenne.
"La délégation libyenne a vu Senoussi en prison et a confirmé son identité. Le criminel est dans une prison mauritanienne et sera bientôt dans une prison libyenne", a ajouté Chagur.
De source proche des services de sécurité mauritaniens, on confirme qu’un accord est proche, tout en reconnaissant de fortes pressions de la part de la France qui réclame aussi l’ancien responsable libyen pour le juger.
"L’accord est pratiquement bouclé mais il faut être prudent. Les Français font pression, soulignant que leur mandat d’arrêt a été le premier lancé et qu’ils ont aidé à l’arrestation", a-t-on ajouté.
Ancien homme-lige du "Guide" déchu, Abdallah al Senoussi est accusé d’avoir joué un rôle central dans la répression et la torture sous l’ère Kadhafi. Il a été arrêté vendredi soir à l’aéroport de Nouakchott en provenance de la ville marocaine de Casablanca.
Beau-frère de Muammar Kadhafi, Senoussi est aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui le recherche pour crimes contre l’humanité en raison de son action pendant la guerre civile de l’an dernier.
La France, où il a été condamné par contumace à la prison à vie pour l’attentat du 19 septembre 1989 contre un DC-10 d’UTA au-dessus du désert du Ténéré (Niger), a également déposé une demande d’extradition. L’attentat avait fait 170 morts, dont 54 Français.
Les Etats-Unis ont été en contact avec les autorités mauritaniennes et ont demandé à rencontrer Senoussi en Mauritanie avant tout transfert à l’étranger, a-t-on appris de source diplomatique.
D’après les forces de sécurité mauritaniennes, Senoussi, qui a été durant des années l’un des hommes les plus honnis du régime libyen, est détenu à l’école de police de Nouakchott, derrière de hauts murs qui bouchent la vue.
Selon des sources proches du dossier, il aurait passé dimanche une visite médicale.
La Mauritanie n’est pas signataire du statut de Rome, qui a créé la CPI, mais cette dernière estime que ce pays est censé coopérer avec elle conformément à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.
Des associations de défense des droits de l’homme doutent que Senoussi puisse bénéficier d’un procès équitable en Libye et veulent qu’il soit traduit en justice à La Haye, où siège la CPI.
A Tripoli, le vice-ministre de la Justice Khalifa Faraj Achur a assuré à REUTERS que la Libye était en mesure de garantir un procès juste.
"La sécurité est bonne, les tribunaux fonctionnent bien dans presque tous les secteurs du pays", a-t-il dit, ajoutant qu’il était trop tôt pour déterminer les chefs d’inculpation.
Dimanche, Interpol a émis une "notice rouge" à l’encontre de Senoussi, à la demande du nouveau régime libyen, pour divers fraudes, dont le détournement de fonds publics et l’abus de pouvoirs pour un bénéfice personnel.
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