Le Conseil national syrien (CNS) a accusé jeudi la déclaration de l’ONU visant à mettre fin aux violences d’accorder un temps supplémentaire au régime pour poursuivre ses exactions, au moment où les troupes attaquaient violemment plusieurs villes rebelles.
Dans le pays, alors que les affrontements entre soldats et déserteurs ont récemment gagné la capitale et pris de l’ampleur, l’Armée syrienne libre (ASL), qui regroupe principalement des déserteurs, a annoncé avoir créé un Conseil militaire pour Damas et sa région.
Au lendemain de l’adoption au Conseil de sécurité de l’ONU d’une déclaration visant à mettre fin aux violences qui ont fait, selon une ONG, plus de 9.000 morts en un an, le Conseil national syrien (CNS) a dénoncé ce texte, atténué notamment pour obtenir l’aval de la Russie et de la Chine, alliées de Damas.
"De telles déclarations, adoptées alors que se poursuivent les tueries, donnent l’opportunité (au président Bashar al-) Assad de poursuivre sa politique de destruction pour écraser la révolution du peuple syrien", a déploré Samir Nachar, membre du bureau exécutif du CNS.
La déclaration —une prise de position qui a moins de poids qu’une résolution— "exhorte" le président syrien Bashar al-Assad et l’opposition syrienne à "oeuvrer de bonne foi" avec Kofi Annan, émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, et à "appliquer intégralement et immédiatement" son plan de sortie de crise.
Affirmant qu’"aucun compromis n’est possible avec le régime", Nachar a jugé que le président syrien "doit partir pour ouvrir la porte à des solutions politiques".
Sur le terrain, les troupes gouvernementales menaient des attaques contre des villes rebelles, notamment Sermin dans la province d’Idleb (nord-ouest), où au moins un civil, un adolescent de 17 ans, a été tué, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
"Nous avons répondu aux tirs des blindés avec tout ce que nous avions à disposition mais cela n’a servi à rien. Nous combattons désormais au corps à corps" et "rue par rue", a affirmé à l’AFP Abu Adel, un commandant rebelle dans cette ville.
Les chars de l’armée bloquent la route vers Benniche, la grande ville voisine, empêchant l’évacuation des blessés et bloquant la fuite des civils, a rapporté Abu Salem, lui aussi engagé dans les combats à Sermin.
Au total, seize personnes ont péri jeudi en Syrie, dont 12 soldats de l’armée régulière, selon l’OSDH.
La région de Damas, où ont eu lieu ces derniers jours des affrontements entre des soldats et des déserteurs de l’Armée syrienne libre (ASL), est désormais dotée d’un Conseil militaire rebelle.
Le colonel Khaled Mohamed al-Hamud, qui avait annoncé sa défection dans une vidéo mise en ligne sur YouTube, a proclamé jeudi de la même façon "la création du Conseil militaire de Damas et de sa région qui sera chargé des opérations de l’Armée syrienne libre dans cette région".
Il a appelé "les nobles officiers qui sont encore dans l’armée de Bashar (al-Assad) à rejoindre les rangs de l’Armée libre".
Selon Ahmad al-Khatib, porte-parole du Conseil de la révolution dans la région de Damas (qui regroupe des militants pro-démocratie), la priorité pour l’ASL est de recruter des militaires de formation, qui désertent généralement avec leurs armes, tandis que des civils ne pourront rejoindre les rangs de la rébellion qu’à la condition d’avoir un stock d’armes suffisants.
Des opposants et des pays arabes, notamment du Golfe, ont appelé à livrer des armes à la rébellion, qui dit manquer de moyens militaires face aux chars et à l’artillerie des 300.000 soldats, des milices et du million d’agents des renseignements syriens.
Après l’adoption mercredi soir de la déclaration de l’ONU, la secrétaire d’état américaine Hillary Clinton a prévenu le président Assad que la pression s’accentuerait sur son régime s’il n’appliquait pas les propositions de Annan.
Se disant "encouragé par l’appui solidaire" du Conseil, Annan a également exhorté Damas à adopter son plan, qui prévoit notamment un dialogue politique et la fin des combats.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit "encouragé par le message clair et uni" du Conseil.
L’ambassadeur français à l’ONU Gérard Araud a salué "un premier pas dans la bonne direction", précisant toutefois que Paris cherchait toujours à obtenir une résolution du Conseil pour mettre fin aux violences qui ont fait plus de 9.000 morts en un an, selon une ONG syrienne.
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