Le président russe Dmitri Medvedev a jugé dimanche que les propositions de Kofi Annan pour la Syrie étaient "la dernière chance" pour y éviter une "guerre civile prolongée" et assuré que la Russie, principal allié de Damas, ferait tout pour le mettre en oeuvre.
Plus tôt, le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, se sont prononcés, depuis Séoul, pour une aide "non-militaire" aux rebelles, dont des équipements de communication et du matériel médical, selon le conseiller adjoint à la sécurité nationale des Etats-Unis, Ben Rhodes.
Annan était à Moscou dimanche, en tant qu’émissiaire de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, afin d’évaluer dans quelle mesure la Russie était prête à faire pression sur Damas pour endiguer les violences. Il a rencontré à cette fin Medvedev et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
"Peut-être est-ce pour la Syrie la dernière chance pour éviter une guerre civile sanglante prolongée. Nous espérons vraiment que votre travail s’achève avec un résultat positif", a dit Medvedev lors d’une rencontre avec Annan à l’aéroport Vnukovo de Moscou, selon des images de la télévision russe.
"Nous allons vous apporter toute l’aide, à tous les niveaux et dans toutes les directions, là où la Russie en aura la possibilité", a-t-il ajouté, avant de partir pour Séoul à un sommet sur la sécurité nucléaire.
Selon une traduction en russe de ses propos, Kofi Annan a déclaré compter sur le soutien russe. "Nous comptons vraiment sur le fait que nous pourrons nous reposer sur l’aide et les bons conseils de la Russie", a-t-il dit.
De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué que la "non-ingérence" dans les affaires syriennes était primordiale.
"Le ministre (Lavrov) a relevé qu’à l’heure actuelle la communauté internationale doit consolider sa coopération avec la mission d’Annan. Cela suppose la non-ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie et le caractère inacceptable d’un soutien à l’une des parties au conflit", selon un communiqué de la diplomatie russe.
Moscou, qui insiste sur son droit à livrer des armes au régime syrien, n’avait cependant pas réagi en fin d’après-midi à l’appel de M. Obama à une aide "non-militaire" à l’opposition.
La Russie et la Chine ont bloqué deux résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression d’un mouvement de contestation depuis un an, qui a fait plus de 9.100 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Moscou, allié depuis l’époque soviétique à Damas, un important acheteur d’armements russes, a accusé les Occidentaux de placer la responsabilité du conflit sur le régime du président Bashar al-Assad, alors que les insurgés compteraient dans leur rang des extrémistes. Moscou et Pékin ont néanmoins voté mercredi une déclaration du Conseil de sécurité soutenant la médiation de Kofi Annan pour mettre fin aux violences et demandant à la Syrie d’appliquer sans tarder ses propositions de règlement.
Le plan Annan préconise la cessation de toutes formes de violence par toutes les parties sous supervision de l’ONU, la fourniture d’aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a estimé dimanche sur Twitter que ces propositions "ont une chance d’être réalisées si les autorités et l’opposition sont prêtes à coopérer" avec Annan.
"Les autorités, apparemment, sont prêtes à cela", a-t-il écrit.
La prochaine étape de la tournée de Kofi Annan le conduira à Pékin mardi et mercredi.
La Russie a semblé ces derniers jours montrer quelques signes d’impatience à l’égard du régime syrien, appelant Damas à accepter "immédiatement" la demande du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d’une trêve quotidienne, critiquant Bashar al-Assad pour les "gros retards" dans l’application des réformes et mettant en garde contre un risque d’escalade du conflit.
Mais Moscou a aussi insisté sur la part de responsabilité de l’opposition syrienne et de ses soutiens. Sergueï Prikhodko, conseiller diplomatique du Kremlin, a ainsi estimé qu’il était impossible de faire cesser le conflit "sans mettre fin au ravitaillement en armes de l’opposition depuis l’étranger".
Les efforts de Kofi Annan n’ont pas pour le moment conduit à un répit sur le terrain.
Selon des militants et une ONG, des déserteurs ont attaqué dimanche des centres de la sécurité de la région de Damas, et l’armée poursuivait ses bombardements notamment à Homs (centre) et dans la localité d’Aazaz (nord). Selon l’OSDH, 46 personnes ont encore péri samedi, dont 28 civils.
Par ailleurs, les chefs militaires de l’insurrection ont annoncé samedi unifier leurs rangs, et en début de semaine, l’opposition politique se réunit à Istanbul pour former un front uni au régime syrien.
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