Des milliers de fidèles se pressaient lundi, pour le second jour consécutif, dans la cathédrale Saint-Marc du Caire et à ses abords, patientant longuement avant de s'incliner devant la dépouille placée sur un trône et portant une tiare.
L'attente était toutefois mieux organisée que la veille, où trois personnes ont péri étouffées sous la pression de la foule, selon des sources ecclésiastiques.
"Les gens veulent absolument voir le pape une dernière fois, même un court instant. C'est très émouvant", affirme l'évêque Kirollos, lui-même venu de Nag Hammadi, en Haute-Egypte.
Du pouvoir militaire au puissant mouvement des Frères Musulmans en passant par l'institution sunnite d'Al-Azhar, toute l'Egypte politique et religieuse a rendu hommage à Chenouda III emporté samedi par la maladie à 88 ans, après avoir dirigé la plus importante église chrétienne du Moyen-Orient depuis 1971.
Le pape Benoît XVI a rendu hommage à un "grand pasteur", et de nombreux nombreux pays étrangers ont adressé leurs condoléances à la communauté copte.
La cérémonie de funérailles est prévue dans la cathédrale Saint-Marc, siège de l'église copte. Elle sera suivie d'une inhumation au monastère de Saint Bichoï, une centaine de kilomètres au nord-ouest du Caire, où le corps sera transporté en avion militaire.
Les spéculations ont déjà commencé sur la succession, à laquelle pourraient briguer cinq ou six évêques, selon la presse et des commentateurs.
Les enjeux politiques et confessionnels entourant cette fonction, de même que le processus long et complexe de désignation, pourraient rendre ce choix difficile.
Les Coptes représentent 6 à 10% des quelque 82 millions d'Egyptiens. Leur faible représentation politique a contribué à renforcer leur patriarche comme figure de proue de cette communauté face au pouvoir et aux autres forces du pays.
"La fonction du pape est devenue politique, en plus de sa nature religieuse. C'est pourquoi nous pourrions assister à un énorme conflit au sein de la direction de l'église lors du processus de sélection", estime dans le quotidien anglophone Daily News Egypt l'intellectuel copte Gamal Asaad.
Très conservateur sur le plan théologique, Chenouda III fut proche du président Hosni Moubarak, poussé à la démission en février 2011 par une révolte populaire.
Sa succession s'ouvre dans un climat politique incertain, le pays où les islamistes ont largement dominé les premières législatives post-Moubarak, étant dirigé par un conseil militaire en attendant une présidentielle en mai-juin.
Chenouda III fait partie "d'une génération qui disparaît alors que nous assistons à des changements radicaux dans la vie politique et la structure sociale du pays, ce qui renforce l'incertitude", estime le cinéaste copte, Daoud Abdel Sayed.
"L'église copte est une institution très conservatrice, elle a besoin comme comme toutes les institutions de la société égyptienne d'être secouée vivement", ajoute-t-il.
"Chenouda incarnait la sécurité et la sagesse au sein de notre hiérarchie, et il était respecté par les officiels. Nous prions Dieu pour qu'il nous donne quelqu'un avec les mêmes qualités", estime quant à lui l'évêque Kirollos.
Le choix du prochain patriarche pourrait prendre plusieurs mois. Selon un règlement datant de 1957, il doit être un Copte d'Egypte, célibataire et âgé d'au moins 40 ans. Il doit aussi avoir passé au moins 15 ans dans un monastère. Un conseil de 1.500 personnes sera impliqué dans la sélection.
En attendant, la direction de l'église a été confiée provisoirement pour deux mois à l'évêque Pachomius de la province de Beheira, dans le delta du Nil.
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