jeudi 8 janvier 2015

Israël/Palestine : Après la guerre, les Gazaouis affrontent la tempête avec de pauvres moyens

Dans la bande de Gaza, les dizaines de milliers de Palestiniens déplacés par la guerre affrontent la tempête et le froid extrême qui frappent la région en s'éclairant à la bougie, cuisinant au feu de bois et colmatant leurs abris pour empêcher l'eau d'entrer.
Depuis qu'un bombardement israélien a rasé leur maison l'été dernier, Waël al-Cheikh, 37 ans, et ses deux fils luttent contre le froid dans une tente sans électricité.
La tempête hivernale Houda et la rude vague de froid qui l'accompagne sur le Proche-Orient ont encore endurci les conditions. Des vents violents ont balayé l'enclave côtière à plus de 80 km/h. Par crainte qu'ils n'emportent la toile qu'ils avaient installée sur les décombres de leur maison, les Cheikh se sont réfugiés chez des proches.
Imad Moutlaq, lui, a encore une partie de sa maison debout. Mais dans son habitation du sud de la bande de Gaza où le vent s'engouffre, il raconte une première nuit "difficile, sans électricité ni chauffage".
Mohammed Zyad, 30 ans et père de quatre jumeaux encore bébés, avoue s'être préparé à l'avance après que le rez-de-chaussée de son immeuble eut été totalement inondé l'hiver précédent. "Nous avons fait des stocks de lait et de couches de peur de nous retrouver bloqués à la maison", dit-il.
Même quand ils ont un toit en dur au-dessus de leur tête, tous font face au même problème: la crise chronique de l'électricité dans la bande de Gaza. L'unique centrale, endommagée durant la guerre, ne fournit plus que six heures d'électricité par jour au 1,8 million de Gazaouis. Le fuel manque et son prix augmente.
Dans les maisons, on s'éclaire désormais à la bougie et c'est au feu de bois qu'on fait la cuisine. Les moyens du bord se sont révélés dangereux à plusieurs reprises. Un enfant a encore été grièvement blessé dans un incendie causé par une bougie mercredi.
Quatre jours auparavant, deux frères de trois et quatre ans sont morts dans le feu de leur maison du camp de réfugiés de Chati. Le drame a causé une crise politique dans la bande de Gaza où, pour la première fois, plusieurs forces politiques s'en sont pris au Hamas, jusque dans son propre camp islamiste.
Le mouvement qui tient encore les rênes du pouvoir a été pris à partie par le Jihad islamique. Ce dernier, avec la gauche, a fait porter la responsabilité de ces morts au Hamas et à l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, qui peinent à s'accorder pour que le gouvernement d'union gère la crise humanitaire.
Depuis la Cisjordanie (l'autre territoire palestinien séparé de Gaza par Israël) et Ramallah où est basée l'Autorité, l'état d'urgence a été déclaré pour l'ensemble des Territoires. La Cisjordanie occupée, à l'intérieur des terres et à plusieurs centaines de mètres d'altitude, a été en grande partie recouverte de neige. Gaza, bordée au sud par le désert du Sinaï égyptien et à l'ouest par la Méditerranée, ne connaît pas la neige. Mais elle a essuyé de violentes averses de grêle.
Raëd al-Dahchane, en charge de la protection civile à Gaza, affirme que ses hommes sont confrontés à "une situation difficile rendue encore plus compliquée en raison du manque d'infrastructures" dans le petit territoire, ravagé par 50 jours d'un conflit meurtrier en juillet-août 2014 et soumis à un sévère blocus, non seulement de la part d'Israël mais aussi de l'Egypte.
La reconstruction promise se fait toujours attendre. Selon l'ONU, 17.000 Gazaouis vivent encore installés dans des écoles, en attente d'une solution de relogement. Dans la petite enclave durement frappée par la pauvreté et le chômage, les agriculteurs attendent à présent le gel, inquiets pour leurs récoltes, et les pêcheurs ne sortent plus, par la faute d'une mer houleuse et dangereuse.

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